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Quand Paris et Pékin travaillent ensemble sur le bien-être à l’école parlent-ils de la même chose ? Sans doute pas. Pourtant le colloque franco-chinois qui s’est tenu au CIEP de Sèvres les 14 et 15 novembre a dégagé du sens. Même si au thème du bien-être était accolé la question de l’évaluation des établissements. Les distances sont élastiques...

Près de 130 experts ont été invités par le CIEP à participer à ce colloque international sur le bien-être à l’école et l’évaluation des établissements. A coté des importantes délégations chinoise et française, 13 autres nationalités ont suivi les travaux qui ont alterné conférences et ateliers.

Le bien être vu de Pékin est-il le même vu de Paris ?

La question du bien être à l’école est assez récente en France. A l’origine elle a été prise sous l’angle de la santé des élèves. Selon Agnès Florin, animatrice d’un atelier, interrogée par le Café, cette question a pris de l’importance en Chine depuis une dizaine d’années du fait du développement de l’enfant unique. Les enseignants chinois doivent faire face à un changement de valeurs chez les élèves avec par exemple le développement de la contestation. En France, la question est plus récente et est axée sur les inégalités et la lutte contre le décrochage. « On se rend compte de l’importance de la dimension conative de l’éducation et pas seulement du cognitif ». Tout en reconnaissant que c’est une « question montante », Michel Quéré (DEPP, ministère) souligne l’absence de lien établi entre le bien être et les résultats scolaires.

Et l’évaluation ?

Le consensus était sans doute plus facile sur l’évaluation des établissements. Spécialistes français et chinois ont montré à peu près les mêmes préoccupations. « La force de l’évaluation n’est pas dans la qualité des données mais dans la réflexion qu’elle entraîne dans l’établissement sur sa situation », explique Mme Li Lin Yan (ministère chinois de l’éducation). « Les indicateurs ne doivent pas normaliser mais faire prendre conscience », poursuit M Quéré. «  »Ils doivent essayer d’embarquer tous les acteurs ». Coté chinois comme coté français on mise sur l’auto évaluation, sur la prise en compte des facteurs locaux. Si l’on est d’accord sur l’importance donnée à la fiabilité des données, c’est aussi pour dire que l’évaluation est relative au milieu qui l’accueille.

Paris Pékin ont quoi à se dire ?

Mais à quoi peut bien servir ce second colloque franco chinois tant les pays sont différents ? Pour Michel Quéré, le colloque permet  » de s’enrichir de nos préoccupations » sans souci « d’importer ou d’exporter des recettes ». Mais quand Paris et Pékin travaillent ensemble c’est couvent par rapport à un troisième larron. Ce qui rapproche Paris et Pékin dans cet amour de l’évaluation douce c’est peut-être leur opposition affichée au modèle anglo-saxon du pilotage par l’évaluation.

François Jarraud