Par François Jarraud
A quelques jours d’une manifestation nationale des professeurs de SES, Erwan Le Nader, co-secrétaire général de l’Apses, l’association qui réunit les professeurs de SES, en éclaire les raisons.
Mercredi 28 novembre vous appelez à la grève et à manifester. Qu’est ce qui vous pousse à organiser la première grève contre le nouveau ministre ?
On ne défile pas contre Vincent Peillon. Mais on juge nécessaire de défendre nos idées. On veut obtenir des allègements d’urgence contre le programme de terminale que l’on juge impossible à faire. On veut aussi que les programmes de première et de terminale soient réécrits. Et enfin que la place des SES en seconde soit revue (les SES sont un enseignement d’exploration). Vincent Peillon a récemment déclaré que les SES étaient une discipline très maltraitée par le précédent gouvernement.
Vous avez rencontré récemment le doyen de l’Inspection générale de SES, M. Marc Montoussé. Avec quel résultat ?
Nous avions l’espoir de faire bouger le ministère. Nous lui avons demandé l’allègement du programme de terminale, une mesure qui nous semble urgente compte tenu des difficultés rencontrées par les enseignants. M. Montoussé estime que ce n’est pas possible car le programme ne lui semble pas trop lourd et il serait déjà difficile de définir quel chapitre supprimer puisque les enseignants ont des progressions différentes. Enfin les sujets de bac sont déjà choisis. Ce dernier point ne nous a pas semblé rédhibitoire : il est facile de faire refaire des sujets. Sur la lourdeur du programme elle est établie par une majorité d’enseignants selon une consultation que nous avons faite. Enfin on ne demande pas la suppression de plusieurs chapitres mais simplement l’annonce que certains ne feraient pas l’objet d’épreuve au bac. Cela allégerait déjà le travail des élèves.
On sent que l’instauration d’un conseil national des programmes ouvre la porte à des allègements des programmes de 1ère et de terminale sans remettre en cause l’économie de ces programmes. Pour le programme de première on a le sentiment que l’Inspection ne ferme pas la porte à l’allègement.
Quel bilan faites-vous de l’enseignement de SES en seconde ?
Son statut actuel, celui d’un enseignement d’exploration, est difficile à exploiter pour les enseignants. Car contrairement aux autres enseignements d’exploration on a un programme précis. Et on n’a pas de bonnes conditions pédagogiques pour le mettre en oeuvre. On demande que les SES deviennent une discipline enseignée à tous les élèves de seconde avec un horaire décent (au lieu de l’heure et demi actuelle). IL faut aussi clarifier les choses en ce qui concerne la notation car dans la pratique les établissements font des choses très différentes.
La revue Challenges a publié récemment un article très sévère que l’enseignement de l’économie en France. Qu’en pensez-vous ?
L’article de Challenges fait appel à une argumentation erronée. Par exemple, quand ils affirment que 65% des auteurs cités dans les manuels sont marxistes, on se demande sur quoi cela repose. Les documents Insee sont marxistes ? Il y a une utilisation partisane de quelques extraits pour soutenir un discours idéologique.
On nous reproche de dénigrer les entreprises. Mais notre mission ce n’est pas de faire aimer les entreprises ! Mais de faire comprendre le monde économique et social. C’est justement une position contraire à l’endoctrinement.
Propos recueillis par François Jarraud
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