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Mieux vaut s’appeler Aïcha qu’Ahmed… On le sait grâce à Pisa : en France les résultats scolaires des jeunes issus de l’immigration sont nettement plus faibles que ceux des jeunes autochtones. Une nouvelle étude de l’OCDE, publiée le 3 décembre, sur l’intégration des immigrés dans les pays membres de l’Organisation, souligne l’importance du genre dans l’échec scolaire des jeunes issus de l’immigration en France.

Selon l’OCDE, la France se signale par une position originale pour l’immigration La France est le 15ème pays (sur 34) pour la part d’immigrés dans sa population et sa population immigrée est installée depuis plus longtemps que dans la plupart des pays membres. La France fait partie des pays où l’intégration politique marche bien : les naturalisations y sont au dessus de la moyenne alors que l’accès à l’emploi y est beaucoup plus rare qu’ailleurs.


Cette situation est liée au niveau éducatif de la population immigrée. On sait depuis PISA que l’écart de niveau entre les jeunes issus de l’immigration et les autochtones est plus important en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE. On voit même qu’en France non seulement l’écart entre autochtones et immigrés est très important, équivalent à une année d’étude, mais aussi il se maintient même pour la génération issue de l’immigration mais née en France dont les résultats sont à peine supérieurs à la première génération née à l’étranger.

Cela tient à la situation sociale des familles immigrées, nettement plus pauvres que la moyenne. Cela a à voir aussi avec la forte différenciation sociale des quartiers. Ce phénomène est aggravé par une ségrégation scolaire plus forte encore que la ségrégation urbaine. Concrètement, comme le dit PISA, « le fait de fréquenter un établissement défavorisé a souvent un impact nettement plus important que le milieu familial. Dans certains pays de l’OCDE, dont la France, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, les PaysBas, la Slovénie et la Suisse, et dans certains pays du G20, dont l’Argentine, le Brésil et Shanghai (Chine), l’impact associé au fait de fréquenter un établissement défavorisé représente même l’équivalent de plus de une année d’études… Ces constats montrent que la politique de l’éducation et la politique sociale se conjuguent pour limiter les possibilités de réussite scolaire qui s’offrent aux élèves issus de l’immigration ».


Ce que montre la nouvelle étude de l’OCDE c’est que la réussite scolaire des immigrés varie aussi selon le genre. L’écart entre les genres est presque le double pour les immigrés que celui que l’on observe dans la société française. Alors que les garçons immigrés réussissent nettement moins bien que les garçons autochtones, les filles issues de l’immigration ont des résultats scolaires assez proches des autochtones. On a là une réalité qui interroge la façon dont l’Ecole traite les genres et pas seulement la ghettoïsation sociale de nos banlieues.

François Jarraud

Etude OCDE