Print Friendly, PDF & Email

Pour l’OCDE, qui publie un nouveau numéro de Education Indicatirs in Focus, l’affaire est entendue : la taille des classes n’est pas un facteur déterminant d’efficacité pour les systèmes éducatifs. Est-ce si sur ? Des études nou sinvitent à revisiter cette certitude alors que le gouvernement s’apprête à mettre en place le « plus de maitre que de classe » au primaire.

Mais où en est la France dans la taille des classes par rapport aux autres pays développés ? Les données de PISA, l’enquête régulière de l’OCDE, nous permet d’avoir une vision comparatuve tout à fait interessante. D’après elle, la France a un nombre d’élèves par classe supérieur à la moyenne OCDE aussi bien au primaire qu’au collège. Parmi les pays développés, seuls la Corée du Sud et le Japon a plus d’élèves par classe. Mais ces moyennes cachent deux particularités françaises. La FRance est un des rares pays où la taille des clases a augmenté entre 2000 et 2010 (+3,4%). A l’exception de l’Italie et des Pays-Bas, tous les autre spays développés ont diminué le nombre d’élève spar classe en moyenne de -7%. La France a aussi un des taux d’encadrement (nombre d’adulte spour 100 élèves) les plus bas. C’est vrai au collège. Encore plus vrai au primaire.


Pour l’OCDE la taille des clases n’a rien à voir avec la performance éducative.
Ainsi l’OCDE remarque que des pays à fortes classes , comme le Japon ou la Corée du Sud, réussissent très bien. Inversement des pays avec peu d’élèves par classe ont aussi des résultats excellents, comme la Finlande. La conclusion pour l’OCDE c’est qu’il faut miser sur la qualité des enseignants et non réduire la taille des classes.

Des études françaises semblent donner raison à l’OCDE. Ainsi l’évaluation des CP dédoublés en 2002-2003 a bien montré des gains dans les acquisitions des élèves mais ils ne sont pas durables. En 2001, une étude de D Meuret pour le Haut Conseil à l’évaluation de l’école avait conclu en insistant sur les limites de la réduction de la taille des classes et vivement critiqué les dédoublements.  » Les recherches ne justifient donc certainement pas une réduction de la taille des classes (RTC) “ au fil de l’eau ” qui procède du fait qu’il est difficile de retirer un poste ou de fermer une classe lorsque les effectifs baissent, ni une baisse générale de deux ou trois élèves par classe. C’est le résultat le plus clair des études menées en France », écrit-il. Dans ce cas pourquoi relancer les classes dédoublées au primaire ?

Pourtant des travaux récents viennent relancer le débat et remettre en question l’argumentation de l’OCDE. On remarquera d’abord que l’OCDE compare des sociétés très différentes. Le climat d’une classe à 35 en Corée du sud et en France n’ont probablement rien à voir. De la même façon cumuler gros effectifs et taux d’encadrement élevé ou taux faible aboutit à des résulats importants. Enfin les tableaux de l’OCDE montrent aussi qu’aucun état ayant un nombre d’élèves faible a des performances faibles… Là aussi des études françaises soutiennent la thèse de la baisse du nombre d’élèves. En 2006, la célèbre étude de Piketty a calculé l’effet qu’aurait une réduction du nombre d’élèves sur la réussite scolaire. Ce travail est repris et développé par Mathieu Valdenaire dans sa thèse soutenue en juin 2011. La grande force de ce travail c’est de s’appuyer sur une méthode incontestable. Elle joue sur les effets de seuil qui font que de façon aléatoire certaines classes sont éclatées en deux groupes classes. A l’école primaire, aujourd’hui, l’écart entre une école prioritaire et une non prioritaire est de deux élèves, 21 élèves par classe dans l’une, 23 dans l’autre. M Valdenaire a calculé l’effet de la suppression de la réduction en zep et d’une diminution de 5 élèves en zep.  » La diminution de 5 élèves des tailles de classes de ZEP conduirait, dans notre hypothèse basse, à une réduction des inégalités de 37% au primaire, 13% au collège et seulement 4% au lycée ». Si l’impact est faible au lycée, il est majeur à l’école.

Mais la taille des classes est aussi en train de devenir une question politique. D’abord parce que, contrairtement à L Chatel, c’est sur elle que mise V Peillon pour améliorer le niveau des écoliers grâce au « plus de maîtres que de classes ». A la différence de l’expérience des CP dédoublés, il est prévu de former les enseignants pour qu’ils tirent le meilleur parti du dédoublement. Ensuite parce que , indépendemment de ses effets scolaires, la taille des classes est un élément non négligeable de souffrance professionnelle. Ce n’est pas le même métier qu’enseigner en petit groupe et dans des classes supérieures à 30 élèves. La masse de travail est supérieure et la fatigue nerveuse sans commune mesure. Aussi voit-on ce thème très présent dans la grève lancé epar l’intersyndicale dans le Nord Pas de Calais. Dans la Belgique voisine, le nombre d’élèves par classe fait partie des sujets négociés chaque année entre l’Etat et les enseignants. Une piste à suivre ?

François Jarraud

Le numéro Education Indicatirs