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Je poursuis mon voyage sur la planète Terre et me voici depuis quelques mois en France où je ne me lasse pas de contempler la propension à débattre de ses habitants. Là où ne verrions qu’une idée à mettre en pratique, les français trouvent un sujet, le contournent, le retournent, le détournent et à la fin on ne sait plus si l’évidence de départ a bel et bien existé. Au début, presque tout le monde est d’accord puis lorsqu’il s’agit de passer à l’action, là les objections pleuvent comme des astéroïdes.

Un des grands sujets du moment concerne l’école, l’endroit où les enfants français apprennent avec des professeurs ce qui doit leur servir pour devenir des adultes bien dans leur univers. L’utilité de l’école est admise par tous, c’est son efficacité qui semble nourrir le débat. Tous les elèves qui passent par l’école n’ont pas à la fin tous les savoirs qui leur sont nécessaires pour bien vivre dans la société. Ici, l’économie tourne au ralenti, les plus faibles en sont les premières victimes, et parmi ces plus faibles se trouvent les plus faiblement nantis de savoirs.

Là aussi, tout le monde semble d’accord : la France ne peut plus tolérer que des enfants deviennent des exclus parce qu’ils n’ont pas pu apprendre ou pas suffisamment. La réflexion a commencé, les débats, les échanges étaient beaux à regarder. Tout un pays se penchait sur le même problème, préoccupés ensemble à le résoudre. Il était étonnant dans cette contrée de débats d’entendre peu d’éclats de voix. Et puis arriva le temps de l’été, une saison où les rayons du soleil place la vie courante en suspend.

A l’arrivée de l’automne, les habitants ont retrouvé les questions de l’école en chantier. Tout le monde était toujours d’accord pour la changer mais chacun avait son idée sur les moyens de le faire. Mises bout à bout, les réflexions ont mené à un autre constat : pour que le changement opère, il faudrait rebâtir la maison et attribuer à ses acteurs des rôles nouveaux. Une révolution en douceur devait avoir lieu et là les choses se sont compliquées.

Chers amis de Vénus, j’aurais du mal à vous expliquer en quelques lignes la complexité de l’organisation de l’Ecole en France mais vous comprendrez aisément que l’éducation des enfants concerne le pays entier. Que les avis divergent n’est donc pas étonnant, que le changement de modèle ne soit pas facile non plus. Il est question de repenser les temps de travail à l’école pour les élèves et pour les enseignants. Tout le monde s’accorde sur ce point mais lorsqu’il s’agit de le traduire par des faits les divergences apparaissent et les blocages se créent.

On peut être étonnés, et je le suis, par cette difficulté à trouver un accord, à prendre le large par rapport à ce qui parait au premier abord le plus intéressant pour soi et à regarder plus loin vers ce qui semblerait être l’intérêt de tous. Que tous les enfants puissent avoir la même chance de réussir, que l’école qui les accueille pour les accompagner sereinement vers l’âge adulte soit démocratique, pour un regard exotique, l’objectif parait clair.

Au début de l’hiver, la menace supposée d’une fin du monde s’est propagée. Tous les habitants n’y ont pas cru bien sûr. J’ai parlé à mes hôtes de notre coutume de rêver en commun lorsqu’une menace apparait. Ces temps nous sont bénéfiques pour construire ensemble une société en phase avec l’avenir que nous nous souhaitons. Mes hôtes ont ri. Comme le dit notre philosophe Hervé Flanquin « Rêver ensemble c’est oublier chacun nos propres pesanteurs ». Loin de moi l’idée de donner la leçon à nos amis français, je leur dédie simplement cette pensée.

A bientôt chers amis.

Monique Royer