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Le ministère a publié le 15 janvier une circulaire sur les dispositifs « plus de maîtres que de classes ». La promesse présidentielle faite à l’issue de la concertation, le 9 octobre 2012, est tenue. Il reste à la mettre en oeuvre. Et ce ne sera pas simple. « Ce dispositif nouveau repose sur l’affectation dans une école d’un maître supplémentaire » explique la circulaire. Mais le « plus que de maîtres que de classes » c’est plus que cela : « cette dotation doit permettre la mise en place de nouvelles organisations pédagogiques, en priorité au sein même de la classe ». Et c’est là la difficulté.

Le dispositif reprend une revendication syndicale et des expérimentations qui ont eu lieu du temps de Luc Ferry. Il s’agit de nommer dans une école un maître surnuméraire capable d’intervenir dans les classes. Ce dispositif vise à  » mieux répondre aux difficultés rencontrées par les élèves » et « l’action sera prioritairement centrée sur l’acquisition des instruments fondamentaux de la connaissance (expression orale et écrite, mathématiques) et de la méthodologie du travail scolaire ».

Le dispositif s’adresse aux écoles de l’éducation prioritaire  » mais aussi des écoles repérées localement comme relevant de besoins similaires », ce qui laisse la porte ouvert à des écoles rurales par exemple. C’est le DASEN qui attribue les moyens.

Un outil pour une équipe et un projet. Le dispositif « plus de maîtres que de classes » doit s’intégrer dans un projet  » rédigé par l’équipe pédagogique sous l’autorité du directeur d’école » et validé par l’IEN. « La détermination des modalités d’intervention est à définir en équipe, selon des contextes que les maîtres connaissent précisément, en fonction des besoins des élèves ». Le maitre supplémentaire ne peut coordonner lui-même ses activités. « Diverses formes d’interventions pédagogiques peuvent être choisies dont la co-intervention dans la classe avec le maître titulaire ou la prise en charge de groupes d’élèves en fonction de leurs besoins », dit la circulaire. « L’organisation d’ une école avec « plus de maîtres que de classes » peut également favoriser la mise en œuvre de modes d’organisation pédagogique en équipes qui diffèrent de l’organisation en classes, en cohérence avec l’esprit des cycles, et en veillant à assurer aux élèves un cadre d’apprentissage solide et sécurisant ».

Un soutien. « Les équipes de circonscription et les maîtres formateurs sont mobilisés pour aider les équipes enseignantes ainsi constituées à concevoir les projets et les accompagner dans la durée grâce à un dispositif de formation continue associant la circonscription, le département et l’académie », promet la circulaire. « La direction générale de l’enseignement scolaire, en liaison avec le réseau du Scérén-CNDP, mettra à disposition des enseignants et des formateurs des ressources (modules de formation, documents pédagogiques, outils méthodologiques) prenant en compte la recherche et l’innovation. »

Cela est-il suffisant ? « Ce peut être un levier efficace », nous dit Bruno Suchaut. « Mais si on ne pilote pas ça risque de ne pas marcher. Il faut que ce maître en plus soit un enseignant à part entière dans l’équipe. S’il n’y a pas de réflexion commune cela n’aura pas d’effets positifs. Ces enseignants vont permettre de dédoubler les classes et d’améliorer les conditions de travail des enseignants et donc des élèves. Le maître supplémentaire ne doit surtout pas être considéré comme un maitre en supplément mais bien comme un membre de l’équipe dans un projet commun. A cette condition il peut être efficace par exemple pour l’apprentissage de la lecture en petit groupe ».

Bien accueillie par les syndicats, la mesure est pourtant risquée. Les tentatives précédentes en France sous Luc Ferry n’avaient pas fait la preuve de leur efficacité en ce qui concerne le niveau des élèves. Son accompagnement, la capacité du ministère à diffuser de la formation et à animer un réseau d’enseignants vont être déterminants. Accompagner un changement n’a pas jusque là été le point fort du ministère. Le dispositif matérialise la priorité donnée au primaire par François Hollande. Pour cette raison là aussi il y a une obligation de réussir.

François Jarraud

La circulaire

Le 9 octobre