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Sous les flocons, l’innovation. Réunis en séminaire les 18 et 19 janvier à Paris, une centaine de membres de la Fespi (Fédération des établissements scolaires publics innovants) ont posé les bases d’un réseau de formateurs. Avec un objectif : trouver place dans les futures écoles de formation des enseignants (ESPE) pour diffuser l’innovation pédagogique. Et pour cela, essaimer les établissements innovants (ESPI) dans chaque académie…

Des Espi en incubation

La Fédération des établissements scolaires publics innovants regroupe aujourd’hui une dizaine d’établissements officiellement reconnus comme « innovants » par l’institution. Dans cette vitrine de la rue de Grenelle, quelques perles : le collège Clisthène de Bordeaux, le PIL parisien, le CLEPT grenoblois, le Collège Lycée Expérimental d’Hérouville Saint Clair. Pas d’école primaire, à l’exception de l’école collège Decroly de Saint-Mandé (94) et de l’école parisienne Vitruve.

Un mouvement pédagogique ?

Alors la Fespi c’est du Decroly ? « Nous ne sommes pas un mouvement pédagogique », affirme Audrey Maurin, déléguée générale de la Fespi. Pour elle, la Fespi emprunte à Freinet, à la pédagogie institutionnelle et à beaucoup d’autres. « On se reconnait dans une posture éducative qui repose sur quelques principes : une attitude bienveillante envers les jeunes, une approche globale des élèves, l’importance du « faire équipe » pour les enseignants, le partage des fonctions dans l’établissement et le décloisonnement des disciplines ». Des convictions simples qui reposent sur une conception très humaine de la fonction enseignante. Mais aussi très perturbatrice pour une institution où les rôles ont été ossifiés pour que la grande machine éducatrice fonctionne.

Point fort : lutter contre le décrochage

C’est ainsi que fonctionnent les Espi, qu’ils réussissent à ramener à l’école de nombreux décrocheurs et à éviter les départs. Car les Espi sont aussi la minuscule vitrine de l’éducation nationale dans la lutte contre le décrochage. C’est eux qu’elle présente le 4 décembre au séminaire national contre le décrochage. Ces structures de taille très modeste sont capables de s’adapter à la variété des décrocheurs et de retisser les liens qui les ramènent à l’école. Pour A. Maurin, « on a fait croire aux jeunes qu’on les amènerait tous au bac, ce qui est un objectif que nous partageons. Mais on n’a pas mener de véritable réflexion sur ce qu’il fallait changer dans les pratiques pédagogique de tous les enseignants, pour atteindre cet objectif « .

Former les nouveaux enseignants

Ce savoir-faire, la Fespi veut en faire bénéficier les enseignants. Et d’abord les nouveaux professeurs issus des Espe, les écoles de formation d’enseignants qui ouvriront en septembre prochain. Le séminaire des 18 et 19 janvier a été consacré à ces questions de formation avec des interventions de chercheurs et formateurs. La Fespi, qui reçoit déjà de nombreuses demandes de formation continue, souhaite porter l’innovation dans la formation initiale. Elle veut aussi accompagner, avec des chercheurs, des équipes d’enseignants.

Un Espi par académie

Pour être présente dans chaque ESPE, la Fespi attend du ministère qu’il accepte le développement de nouveaux établissements innovants. « On voudrait qu’il y ait un Espi par académie », nous a dit Audrey Maurin. Avec le retour de la gauche au pouvoir, la Fespi reconnait « des relations renforcées » avec le ministère et salue les messages lancés par George Pau-Langevin, ministre de la réussite éducative. Résultat, des projets de nouveaux établissements apparaissent dans plusieurs académies. Il y a le collège-lycée Freinet de Nantes, un établissement à Aurillac, un autre à Aubervilliers, pour ne parler que des plus avancés. Tous les projets devraient être présentés à Paris le 23 février. Le seul frein est dans l’institution. « Au final, ce sont les académies qui décident »…

François Jarraud

La Fespi

Décrochage : le séminaire du 4 décembre

Décrochage : Avec P Goémé