Print Friendly, PDF & Email

« Quoi de plus facile a priori que de gérer l’absentéisme des élèves ? Un élève est là ou il n’est pas là… mais tout n’est pas si simple ! » Au lendemain de l’abolition de la loi Ciotti, Sophie Divay se penche pour le Céreq avec réalisme sur la réalité de l’absentéisme et de sa gestion dans une vingtaine de lycées professionnels.

« Tous les interlocuteurs rencontrés, soulignent le fort absentéisme des élèves. Des illustrations concrètes permettent de mieux appréhender le phénomène : « une conseillère d’éducation dresse ce constat : sur 1000 élèves, c’est 700 courriers qui partent en fin de semaine, pour ce proviseur « c’est tellement énorme que certains élèves sont à 30 demi-journées après 5 ou 6 semaines de cours, soit un tiers d’absence au 15 octobre… ». Tous les acteurs affirment qu’il leur est impossible d’effectuer des signalements à partir de quatre demi-journées « Si on signalait les absentéistes à quatre demi-journées, on signalerait 90% de nos élèves ! « . Voilà pour le réalisme de l’ex loi Ciotti !

Tous les services de la Vie Scolaire sont dotés de logiciels spécialisés dans la gestion des absences, mais qui diffèrent d’un établissement à l’autre, Gratuits, payants ou fait maison, ces outils de gestion sont le plus souvent source de confusion. Leurs usages et l’interprétation des critères de classement varient au quotidien. Le plus problématique est sans doute le comptage des retards. Un élève en retard n’est pas un élève absent. Et comment enregistrer les absents de l’intérieur ? Dans tous les établissements, il y a des cas d’élèves pour lesquels le lycée offre un lieu de rencontre avec des copains mais aussi la possibilité de manger à midi en semaine. Absent, présent ? Absent en cours certes, mais présent au lycée. Après le comptage, reste le recueil des justifications d’absence. D’après les professionnels, peu d’élèves ont le reflexe de justifier leur absence.

« La gestion de l’absentéisme dans les lycées professionnels se heurte à un problème de règles. Règle de présence obligatoire que les élèves ne suivent pas. Règles officielles que les professionnels ne peuvent ou ne savent pas appliquer. Mais aussi, inexistence d’un partage de règles entre professionnels qui travaillent souvent de façon cloisonnée. Les Groupes d’aide à l’insertion, que l’expérimentation sociale tente d’instituer, pourraient fournir un lieu de mise en commun non seulement d’informations sur les élèves, mais également d’un ensemble de règles co-construites et constituant une « jurisprudence » à même d’homogénéiser leur application. La bonne volonté des professionnels ne saurait cependant suffire car elle est jusqu’à présent fondée sur une forte implication bénévole ou rémunérée forfaitairement selon les décisions locales prises par les chefs d’établissement. Une véritable reconnaissance symbolique et financière est donc nécessaire. »

Les Brefs du Céreq