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Réforme profonde de l’école élémentaire, le « plus de maîtres que de classes » doit apporter une réponse aux difficultés des élèves et à l’échec dans lequel s’enfonce une partie d’entre eux. Mais si tout le monde semble d’accord sur le principe, est-ce le cas quand il s’agit d’instituer le maître surnuméraire sur le terrain ? Le 6 février l’Observatoire des zones prioritaires a sollicité les trois premiers syndicats du primaire pour en discuter…

Pour une fois pas de désaccord. Le « plus de maîtres que de classes » est une vieille revendication des syndicats du premier degré et aussi bien le Snuipp, représenté par Pierre Garnier, le Se Unsa, avec Gilles Laurent, que le Sgen Cfdt, avec Michèle Zorman, en revendiquent la paternité. Le ministre l’a transformé en mesure. Sur les 60 000 postes supplémentaires programmés durant le quinquennat, 7 000 seraient destiné sà ces enseignants surnuméraires. Il s’agit donc de ne pas se tromper…

Or les expériences passées ne sont pas forcément concluantes. Une expérimentation en 2004 de CP dédoublés n’a pas laissé un très bon souvenir. Evaluée par la Depp, cette expérience très temporaire montre des enfants plus confiants mais leur niveau ne semble pas avoir progressé. Dans leur rapport sur les dispositifs d’aide, en 2010, les inspectrices générales V Bouysse et G Desbuissons évaluent positivement le dispositif PARE qui existe depuis 2005 dans les Bouches du Rhône. 49 enseignants sont mis à disposition dans des ecoles pour aider à résoudre les difficultés des élèves en maths et français. Le maitre PARE prend en charge des élèves à l’intérieur de la classe avec des exercices particuliers ou en soutien sur un travail fait par tout le monde. Son intervention est très cadrée et se situe dans le cadre des PPRE. Mais PARE a une dimension modeste et n’a pas vraiment été évalué.

Tout le monde est-il déjà d’accord sur les objectifs du maître surnuméraire ? Si cette mesure est une vieille revendication syndicale c’est aussi parce qu’elle a un intérêt strictement catégoriel. C’est affirmé clairement par P Garnier (Snuipp). Le maitre surnuméraire est aussi un confort pour l’enseignant et quand le maître va mieux cela rejaillit sur le bien être des élèves. Cette dimension est pour beaucoup dans le succès de la mesure. Même si l’intervention d’un autre enseignant dans sa classe peut aussi être source de stress. Pour le Sgen ou le Se Unsa , le plus de maîtres que de classes semble porter davantage que la réussite de tous les élèves ou le confort. C’est une révolution de la façon de travailler, le garant de la mise en place effective du travail en équipe. Le maitre surnuméraire est l’ouvrier du changement du métier.

Comment l’instituer ? Les questions du « où », du « qui », du « comment » opposent les syndicats. Le maître surnuméraire doit-il être réservé aux écoles prioritaires ? Dans un premier temps tout le monde est d’accord mais pour le Snuipp la mesure a vocation à toucher toutes les écoles. Pour les autres elle est porteuse de transformation du métier. Pour quelle classe ? L’expérience des CP dédoublés fait que l’on pense à eux. Mais PARE se situe en cycle 2.

Comment institutionnaliser le maitre surnuméraire ? Faut-il cadrer ou non ce nouveau maitre ? Les avis divergent. « On ne peut pas tout piloter depuis Paris » pense le Se Unsa qui insiste pour que l’équipe soit respectée. Le Snuipp est pour un cadrage national. Le Sgen pense qu’une lettre de mission est une protection contre les tentations éventuelles des Dasen d’utiliser les maitres surnuméraires en bouches trous. L’argument fait réflechir tout le monde… Mais cela renvoie aussi au métier de maître surnuméraire. Doit-il être le superman des écoles ? Ou doit-il être un maître parmi les autres , choisi par l’équipe de façon plus ou moins tournante ? Poser cette question c’est aussi poser celle de sa professionnalité, de sa formation et de son accompagnement. Dans le dispositif PARE, l’accompagnement et la formation sont importants. L’éducation nationale est-elle capable d’accompagner ainsi des milliers d’enseignants ? Il y a un large doute…

Botter en touche. L’OZP souhaitait tirer parti de cette réunion pour faire passer ses idées. L’association souhaite un vrai cadrage de la fonction, avec un cahier des charges précis, une lettre de mission. Son expérience lui montre que c’est la condition de la pérennité et de l’efficacité. Mais c’est finalement le Centre Savary (IFé), avec Patrick Picard, qui clot la réunion en poussant une nouvelle vision du maître surnuméraire.

Un maître pas comme les autres. Le maitre surnuméraire n’est pas un enseignants comme les autres tout en étant un enseignant. Il doit savoir diagnostiquer les difficultés des élèves pour ses interventions ciblées. Ce modèle du maitre presque comme les autres ressemble au statut de directeur. Et c’est la proposition de P Picard. Pourquoi ne pas donner aux directeurs cette capacité qui le s ferait intervenir dans le cadre de leur école ? C’est aussi poser la question du statut de directeur. Un sujet encore en débat rue de Grenelle…

Francois Jarraud

La circulaire

Le dispositif PARE

PARE document Se Unsa