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Comment aider les enfants atteints de « dys » (dyslexie, dysphasie, dyscalculie etc.) à réussir leur scolarité ? Le Think tank Terra Nova propose de confier aux collectivités locales le soin de constituer de nouveaux réseaux d’aide s’appuyant sur les spécialistes médicaux libéraux. Un projet mal accueillis par les enseignants spécialisés des Rased…

Selon Terra Nova les élèves à besoins éducatifs particuliers représentent environ 11% des jeunes. Près de 50 000 enfants dyslexiques entrent en CP chaque année . Or ces dernières années le réseau des centres médicaux psycho-pédagogiques (CMPP) et ceux des Rased ont été mis à mal par les restrictions budgétaires. Un tiers des Rased ont disparu. Il faut donc reconstruire des réseaux capables d’apporter des soins aux enfants. Terra Nova recommande de créer  » un réseau d’acteurs, de professionnels des secteurs médical, social, éducatif afin de construire et de garantir pour chaque enfant, chaque famille concernée, et en particulier les plus démunies, une réponse coordonnée, prise en charge par la puissance publique ». Du coup on « redéfinirait les missions des Rased ». Interrogé par le Café, l’auteur de l’étude estime qu’il faut garder les maitres psychologues pour faire les diagnostics des élèves et transformer les autres Rased, « qui ont un réel problème de compétences » en « orthopédagogues », des orthophonistes au service des enfants dys.

Cette vision de la difficulté scolaire est rejetée par les enseignants des Rased qui dénoncent une « médicalisation » de la difficulté scolaire. Il est vrai que pour l’auteur de l’étude, celle-ci résulte « principalement » de facteurs médicaux. L’aspect social et la dimension scolaire passent au second plan. Ainsi pour la Fnaren, une association de maîtres des Rased interrogée par le Café,  » même si elle se retrouve sur un certain nombre de propositions avancées dans ce texte, elle s’interroge fortement sur la prévalence de certains termes employés : « troubles », « dépister » « corriger » « expertiser » et s’inquiète sur la place que les approches qu’ils recouvrent vont prendre dans l’aide à la grande difficulté scolaire. En effet, le seul modèle de réponse cité en exemple est celui que mettent en œuvre nos voisins d’Outre- Atlantique dans le cadre de « programmes » adaptés bâtis sur les apports de la psychologie cognitivo-comportementale ». Pour la Fnaren, « la rééducation, fruit d’une réflexion menée depuis plus de soixante ans par des professionnels et des spécialistes des sciences humaines, puise aux sources de la pédagogie, de différents courants de la psychologie, de la sociologie, de la psychanalyse et de la philosophie : elle inscrit sa filiation dans la culture humaniste ».

La Fnaren est d’autant plus réactive que c’est en ce moment que se joue l’avenir des 10 000 enseignants des Rased. Un rapport commandé à l’Inspection générale est attendue en juin et un pré rapport ce mois-ci.

François Jarraud

Rapport Terra Nova