Print Friendly, PDF & Email

Malgré les effets d’annonce, malgré une certaine baisse de niveau, le recrutement des enseignants en mathématiques continue à être difficile. Le « revirement » annoncé semble plus statistique que réel. Les filières de formation en université peinent à trouver des candidats sérieux aux métiers de l’enseignement.

On se rappelle la situation de 2012. Avec 3 197 inscrits et 1176 admissibles au capes de maths, seulement 652 candidats ont été reçus pour 950 postes disponibles. Comme une partie d’entre eux a été reçue également à l’agrégation, seulement 577 nouveaux professeurs ont été recrutés pour 950 postes à pourvoir. Pour 2013, la situation ne s’annonce pas réellement meilleure. Il y a certes 1326 admissibles, ce qui montre une hausse sensible par rapport à 2012. Mais le nombre de postes à pourvoir est de 1210. Le rapport entre admissibles et postes s’est encore dégradé.

Certes le ministère annonce des progressions importantes du nombre de candidats pour les concours 2014. Il y aurait presque 5 000 candidats ce qui est nettement supérieur à 2013. D’où l’idée qu’il y aurait un « revirement » par rapport au déclin de ces dernières années. C’est sans doute exacte dans plusieurs disciplines. Mais l’expérience des années précédentes invite à rester prudent en maths. « Il y a beaucoup d’inscrits qui ne viennent même pas passer le concours », nous a confié Jean-Pierre Borel, vice-président de la Société mathématique de France. « Une grande majorité des inscrits ne sont pas dans les préparations en master de maths. Cette proportion baisse quand on regarde les présents. Elle diminue encore quand on regarde uniquement les reçus ». Il faut aussi ajouter que les étudiants de M2 déjà inscrits aux concours 2013 se sont très souvent aussi inscrits par précaution aux concours 2014. Une partie ne se présentera donc pas en 2014. Impossible d’estimer combien il y aura de présents aux concours 2014. Peut-être 2000 au lieu de 1500 ? Ce serait déjà une forte progression mais sans doute insuffisante pour fournir un nombre d’admis suffisant.

Maintenant si l’on ne s’intéresse qu’aux candidats les mieux formés aux concours dans les masters de mathématiques, il a plutôt reculé cette année. Sur 9 préparations universitaires en M2, on compte 179 candidats au concours 2013 et 165 au concours 2014. IL n’y a donc pas d’attirance subite des candidats dans cette filière de formation.

Au ministère de l’éducation nationale on ne nie pas la difficulté de cette filière. « Le chiffre n’est pas bon », nous a confié Charles Torossian, inspecteur général de mathématiques. « Les mathématiques sont un domaine très concurrentiel. Quelqu’un qui a fait 5 ans d’études en mathématiques a un champ très important d’opportunités. Pour l’éducation nationale c’est un double défi. Autour de la discipline : avoir plus de jeunes qui aient le goût des maths et donc réformer la pédagogie. Il y a le défi du métier. On travaille sur les deux tableaux notamment en installant les ESPE et avec les emplois d’avenir professeurs ».

François Jarraud