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L’architecte dessine pour la maison qu’il imagine des puits de lumière, des baies ouvertes sur le Sud, des attrape soleil ou des cache-chaleurs, toutes choses subtiles ou massives qui rendront meilleur dedans le climat de l’extérieur. Dans un système que l’on refonde se soucie-t-on assez des conditions climatiques d’un univers social qui ne tourne rond que si les êtres vivants qui le peuplent captent des rais de lumière, les enjolivent et les renvoient à leur tour.

A l’école, comme ailleurs, et peut-être plus qu’ailleurs, le climat est une variable influente. On apprend bien là où on se sent bien, là où les sourires sont monnaie courante et où chacun trouve sa place, une place évolutive loin des sentences, des étiquettes et des poncifs. On travaille volontiers, sas trembler, sans maux de ventre, de dos ou de tête, sans défaillance et sans vertige là où son métier prend du sens où la pression s’échappe en douceur dans une relation aux autres, petits et grands chefs, collègues, parents, élèves, secrétaires et techniciens, apaisée. On apprend et on enseigne bien dans la confiance, chacun l’admet sans pour autant que le bien être et la bienveillance soient des états partagés.

Améliorer le climat scolaire ne s’impose pas, ni par le bas, ni par le haut. L’objectif se vit, se transforme en construction mue par une volonté collective, celle d’un établissement tout entier. Dans la série de ses portraits d’enseignants innovants, le Café vous présente aujourd’hui une initiative primée lors du forum des enseignants innovants de Lyon en 2011 : la médiation par les pairs. Le projet fait le pari d’un climat scolaire amélioré par une régulation des conflits effectuée par des élèves volontaires, formés sous l’œil bienveillant d’adultes accompagnateurs. En impliquant des parents, des personnels de toute catégorie de l’établissement, il donne corps à la notion de communauté éducative, notion bien souvent équivalente à une expression sans vie dans une note de service ou un projet d’établissement. Le projet est supervisé par l’Arovén, une association d’éducation populaire.

Les effets de la méditation par pairs dans les établissements de plus en plus nombreux qui ont adopté la méthode ne cessent de surprendre Corinne Nonin, directrice de l’Aroéven. L’effet attendu est l’amélioration du climat scolaire, ensuite viennent de multiples incidences positives sur la vie de l’établissement. Des parents qui n’en franchissaient pas le seuil entrent dans l’école, des enseignants appliquent la médiation aux conflits latents dans la salle des profs, des élèves améliorent sensiblement leurs résultats scolaires et leur comportement… Implication de la direction et des équipes, confiance dans les élèves, accompagnement des médiateurs par des adultes, accompagnement du dispositif par une psychologue appartenant à un organisme extérieur et reconnu, la méthode de la médiation par les pairs mise avant tout sur les relations humaines, un jeu des acteurs axé sur la prévention et la prévenance dans une école inclusive et ouverte.

Refonder le système prend aussi du sens dans la faculté qu’aura l’institution à repérer, faciliter ce type de projets, des projets qui améliorent la vie au quotidien à l’école. Les 5 et 6 avril, nous retrouverons au Forum des Enseignants Innovants de Nantes, des initiatives nées dans les établissements de la nécessité de faire évoluer climat, méthodes et pratiques. Nous les donnerons à voir et à partager, persuadés déjà de découvrir de nouvelles pépites.

Monique Royer

Article sur C Nonnin