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Si Laurence Parisot, présidente du Medef (Mouvement des entreprises de France) ouvre le Forum Education – Entreprise, le 20 mars, c’est que l’organisation patronale n’abandonne pas l’ambition d’influer sur l’Ecole en refondation. Le Forum accueille les plus hauts dirigeants du système éducatif avant de demander à Michel Pébereau de conclure. Pour lui le numérique remet en cause l’évaluation des élèves dans le système éducatif français.

Quand le Medef organise un « forum éducation – entreprises », il se garde bien d’inviter des enseignants. Il invite des cadres du système éducatif, des personnalités nommées par N.Sarkozy et des chefs d’entreprise. C’est peut-être ces derniers qui ont le plus de choses à dire sur la façon dont le numérique fait évoluer les métiers. Déjà cela place le niveau d’exigence du Medef : les compétences numériques sont nécessaires à la vie économique y compris dans des filières qui semblent le plus à l’abri comme le bâtiment.

Pour accompagner cette exigence, le Medef invite les plus hauts responsables du système éducatif à clore le Forum. Pour l’Education nationale, Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire, rappelle le programme stratégique lancé par Vincent Peillon. Il vise non seulement à ancrer les compétences numériques des élèves mais aussi à développer une filière du numérique éducatif en France. Un troisième appel d’offre est en cours sur le numérique et les apprentissages fondamentaux. A la rentrée, le ministère devrait ouvrir un service d’accompagnement pour les collégiens de 6ème en difficulté et un service d’apprentissage des langues vivantes. Le ministère soutient également avec la Caisse des dépots le déploiement du très haut débit en zone rurale.

Pour le ministère de l’enseignement supérieur, Simone Bonnafous, directrice générale pour l’enseignement supérieur, attend du numérique « une révolution pédagogique ». Le numérique « doit changer la manière d’apprendre ». Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d’université, rappelle les efforts des universités. « Bousculées » par les MOOC, elles rappellent que former ce n’est pas que mettre en ligne des cours filmés. Il y a aussi tout l’accompagnement de l’élève, les évaluations etc. Les universités pour le moment développent le numérique d’abord pour la formation continue.

C’est Michel Pébereau, chef de file du Medef pour l’éducation, qui conclut la journée. Pour lui le numérique sera « plus important que l’environnement » pour l’avenir des entreprises françaises dans la compétitivité mondiale. Il rappelle que le socle défini en 2007 avait mis les compétences numériques en 4ème place après la maitrise du français, d’une langue étrangère et des maths. Pour lui le numérique dans le nouveau socle doit être au même niveau que ces compétences. « L’école doit tenir compte des compétences numériques alors qu’elle ne reconnait que les compétences du 20ème siècles ». Elle doit accepter les compétences « inductives » du numérique alors qu’elle classe les élèves sur leurs compétences déductives.

Il reprend ainsi les grandes lignes des propositions du Medef pour l’Ecole. Le Medef est pour le socle et l’élévation du niveau général d’éducation. Mais il veut aussi une école qui prenne en compte les attentes des entreprises. C’est à dire qui intègre les compétences attendues par les entreprises comme l’esprit d’entreprise ou l’autonomie. Et le numérique est aussi un levier pour faire bouger l’Ecole et revoir les compétences qu’elle évalue.

François Jarraud