Par Jeanne-Claire Fumet
L’épreuve de philosophie n’a pas très bonne réputation : difficile et imprévisible, elle reposerait surtout sur la chance et l’inspiration. Mauvaise nouvelle : ne comptez pas trop dessus pour vous sortir d’embarras lors de l’épreuve. Mais pas de panique : la philosophie se prépare comme toutes les autres épreuves et sa réussite doit beaucoup à la qualité du travail et de la concentration pendant les 4h qui lui sont imparties. Même s’il vaut mieux, évidemment, s’en être préoccupé un peu avant le dernier moment…
Que faire en attendant le jour J ?
Revoir le programme.
« La philo, ça ne se révise pas… ». Erreur : le programme est composé d’un ensemble de notions, différent selon les sections et présenté explicitement au début de tous les manuels. Il comporte aussi un ensemble de repères (26 pour les séries générales, 14 en séries technologiques) qu’il faut impérativement connaître (voir ci-dessous textes officiels).
Pas d’échappatoire : la définition élémentaire des notions et les oppositions ou distinctions de repères constituent une base minimale pour affronter l’épreuve. On les trouvera rappelés à chaque début de chapitre pour les notions et généralement à la fin du manuel pour les repères.
Quant aux auteurs, s’il est impossible de se familiariser en détail avec chacun d’entre eux, mieux vaut savoir situer dans le temps au moins les grandes figures historiques (Platon, Aristote, Descartes, Kant, Hegel, Marx, Nietzsche…)
Bien entendu, la relecture attentive du cours donné par le professeur tout au long de l’année reste la meilleure ressource : elle permet d’intégrer la démarche de raisonnement et de s’approprier des problématiques construites.
Construire sa copie.
«C’est une question d’opinions… » Encore une idée reçue qu’il vaut mieux oublier. Le contenu de la copie doit manifester une capacité à raisonner de manière rigoureuse et progressive. L’opinion du candidat (ou celle du correcteur) n’ont strictement aucun intérêt : partir des idées communes pour en dépasser les contradictions implicites, analyser leurs présupposée et éclairer leurs implications, dépasser les constats ordinaires pour élaborer des hypothèses à examiner en toute rigueur, c’est cet effort intellectuel qui est attendu, pas une quelconque bienséance consensuelle.
Un propos agréable, même bien écrit, mais déroulé au fil de la plume sans aucune nécessité interne n’aura en ce sens que fort peu de valeur.
Choisir son sujet.
« On n’a pas fait tout le programme… » L’étendue du champ ouvert par le programme de notions en rend l’étude exhaustive irréalisable en une année scolaire. Mais la répartition des 3 sujets proposés couvre en principe des domaines assez différents pour permettre à chaque candidat de s’y retrouver. Parmi les deux sujets de dissertation, l’un est généralement plus « technique » (renvoyant à une question classique déterminée), l’autre plus ouvert et souvent plus attractif – mais à traiter avec d’autant plus de rigueur qu’il incite à faire preuve de créativité.
Il faut garder à l’esprit que la difficulté de l’épreuve consiste à élaborer des concepts, c’est-à-dire des idées explicatives solides, nécessitées par la question et dont on ne disposait pas au départ.
Répondre à la question n’est pas le préalable, mais le dénouement de la démarche : dégager les soubassements problématiques de la question est la première condition pour ne pas achopper sur une évidence pauvre au bout de quelques phrases.
Éviter les impasses.
« De toute façon, moi je prendrai le texte… » La peur de manquer d’idées pour la dissertation incite à préférer le sujet d’explication de texte, quel qu’il soit, et parfois redoutable. Le critère du choix doit rester le contenu du sujet, la connaissance préalable du thème en question et la capacité à mobiliser des savoirs acquis pendant l’année. On n’invente pas de toutes pièces les idées et les arguments d’un problème (pas plus qu’on ne réinvente toutes les démonstrations en maths), mais on convoque des éléments de culture acquise sous une forme personnelle.
A noter cependant : aucune réponse toute faite ne peut convenir : apprendre par cœur des développements standards sur les notions majeures ou les principaux auteurs est inutile et dangereux. Dans chaque cas, la réflexion doit se nourrir de la question ou du texte proposés dans leur singularité propre. La maîtrise minimale des définitions élémentaires fournit le matériau de départ, mais l’effort de réflexion engagé joue un rôle essentiel dans la composition. De même, l’évocation de références et de citations, signes d’une culture philosophique bienvenue, n’a d’intérêt que si elle s’intègre avec à propos dans le raisonnement.
La meilleure préparation reste l’étude fréquente et régulière du cours et des textes philosophiques proposés en classe tout au long de l’année.
Les textes de référence pour l’épreuve écrite.
Bac général :
http://www.education.gouv.fr/botexte/bo010830/MEN[…]
Bac technologique :
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/23/MENE0601210N.htm
Programmes de l’enseignement de philosophie :
Séries générales :
http://www.education.gouv.fr/bo/2003/25/MENE0301199A.htm
Séries technologiques :
http://www.education.gouv.fr/bo/2005/hs7/MENE0501664A.htm
L’épreuve orale du second groupe :
L’épreuve orale de « rattrapage » permet de remplacer une note faible obtenue à l’écrit. Elle est souvent profitable aux candidats, puisqu’elle supprime l’obstacle de l’expression écrite. L’interrogation porte sur des textes ou une œuvre complète étudiée pendant l’année.
Séries générales : Le candidat présente à l’examinateur la liste des œuvres philosophiques dont l’étude est obligatoire (une en S et ES, deux en L), signée par le professeur, visée par le chef d’établissement et annexée au livret scolaire.
Séries technologiques : Le candidat présente à l’examinateur la liste des textes étudiés, empruntés ou non à une même œuvre, parmi les œuvres des auteurs inscrits au programme, signée par le professeur, visée par le chef d’établissement et annexée au livret scolaire. Le candidat se présente à l’épreuve avec un exemplaire des textes de sa liste.
Dans toutes les séries, l’interrogation dure vingt minutes environ (vingt minutes environ de préparation).
Les ressources en ligne sont pléthoriques, ne vous dispersez pas !
Le plus complet : le site du CNED.
Le CNED offre en accès gratuit l’ensemble des cours de l’année de terminale. Il présente 3 études d’œuvres complètes (Descartes, Rousseau, Bergson) particulièrement utiles pour des références précises sur de nombreux sujets. On trouvera d’autres approches des notions au programme sur tous les sites académiques cités dans les points suivants.
http://www.academie-en-ligne.fr/Lycee/Ressources[…]
Pour les sciences, le site de Nantes.
Le site académique de Nantes propose, entre autres ressources multimédia, une série de films d’animation sur les questions d’épistémologie parfois délicates à saisir (mathématiques et réalité, paradigme, causalité, etc.). Une approche ludique et éclairante.
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1302938077739/[…]
Conseils de méthode sur le site de Grenoble.
Pour quelques rappels de méthode brefs et concis, le site de Grenoble propose une page efficace.
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.p[…]
Exercices sur les repères : le site d’Amiens.
Une batterie d’exercices de toutes sortes, dont quelques QCM pour vérifier qu’on maîtrise bien les distinctions conceptuelles et les repères du programme, proposée par des professeurs de l’Académie d’Amiens.
http://philosophie.ac-amiens.fr/spip.php?rubrique51
Découvrir les sujets des années passées sur le site de Nice
Une base de données permettant d’accéder à tous les sujets du bac depuis 1996, par séries, année, auteur (pour les textes), etc.
http://www.ac-nice.fr/philo/inf2000/index3.php
Pour le plaisir, et seulement si vous êtes prêt :
Mieux voir et de mieux comprendre les images, le site d’Alain Pourriol, auteur du Studio philo : un atelier de commentaire et d’analyse philosophique du cinéma au MK2 Bibliothèque (Paris).
