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Un ministre de l’éducation nationale peut-il tenir un discours nouveau sur le bac ? C’est ce qu’a fait Vincent Peillon le 6 juin. Visitant le lycée Evariste Galois de Noisy-le-Grand (93), le ministre a tenu des propos nouveaux sur la fraude au bac et a évoqué la réforme de cet examen. Il a aussi dialogué avec les enseignants sur la réforme du lycée, précisant pour la première fois sa pensée.

Dans la banlieue est de Paris, le lycée Evariste Galois compte près de 1200 élèves répartis entre le général, le technologique (des filières STMG et STI2D) et du professionnel tertiaire et industriel. « C’est ce brassage qui crée de la dynamique », défend le proviseur Sylvain Ricci. « Ici on travaille en équipe, on peut tout se dire » assure le proviseur. On verra que Vincent Peillon fera les frais de cette liberté de parole. Parmi les particularités du lycée, un conseil de la vie lycéenne dynamique qui a négocié avec le proviseur la répartition du lycée en zone rouge et verte : en zone verte le portable est totalement autorisé. L’architecture toute nouvelle du lycée favorise ce zonage qui faut que les élèves se sentent un peu chez eux.

La réforme du lycée

C’est la liberté de parole des enseignants qui amène Vincent Peillon à parler de la réforme du lycée. Après avoir visité une terminale S où une quinzaine d’élèves révisait le bac, le ministre s’est entretenu avec une dizaine d’enseignants. Mme Quinchon en bac pro, M. Kettou en STI2D ont montré comment s’organisait l’accompagnement personnalisé pour amener tous les élèves de seconde jusqu’au bac, un point fort de l’établissement (+8 points de plus value académique). Une professeure d’histoire-géographie, Mme Zaidi, signale au ministre la lourdeur des programmes en 1ère et terminale générales. Joël Dolbeault, professeur de philosophie, se fait le porte parole des professeurs de langues vivantes qui critiquent la nouvelle évaluation au bac. Ils se plaignent à la fois d’avoir peu d’heures pour préparer les élèves à l’oral et de faire passer eux -mêmes les élèves du lycée, voire leurs élèves, ce qui remet en question l’anonymat de l’examen. Pour J. Dolbeault cela influe sur les résultats et crée des inégalités.

Vincent Peillon répond que le système français est déjà très inégalitaire. Il défend l’idée de la mixité et du tronc commun dans la réforme du lycée. « La réunion des filières doit être un axe important de la réforme future du lycée ». Dans tous les cas le ministre veut garder des langues vivantes dans toutes les filières et une épreuve orale.

La réforme du bac en (longue) perspective

« Le bac est un rituel de passage pas une sanction », déclare Vincent Peillon. Pour les 644 000 candidats , « ça va bien se passer » affirme-t-il. « Le bac 2013 n’est pas plus difficile que les autres années ». Le ministre veut rassurer les candidats et même les enseignants inquiets devant des épreuves nouvelles. Sur l’évolution du bac, Vincent Peillon avait prudemment sollicité l’avis du proviseur avant de s’exprimer. « On aura à faire évoluer le bac. Il n’est pas gravé dans le marbre », dit-il. Le ministre évoque son allègement et la passage de certaines épreuves au contrôle continu. « Le bac mobilise beaucoup d’énergie et joue contre le temps scolaire. I faudra bien se donner les moyens de la reconquête du mois de juin. Les discussions vont commencer au ministère ». Interroger par le Café sur l’hypothèse d’une réduction du nombre d’épreuves, V Peillon répond qu’il « y en a beaucoup et de plus en plus. Il faut une concertation avec les uns et les autres » pour avancer sur ce terrain.

La fraude un vrai ou un faux problème ?

Le ministère fait de cette journée celle du lancement d’une campagne contre la fraude au bac. Mais là aussi le ministre se distingue. « Pour 700 000 candidats au bac il y a quelques centaines de cas de fraude », souligne -t-il. « Il est naturel de parler de la fraude. Mais il ne faut pas que le marginal l’emporte sur l’essentiel. C’est un faux regard porté sur les jeunes ». Les services du ministère recensent 419 cas de fraudes suspectées en 2012 et 298 cas avérés ce qui est effectivement très faible par rapport au nombre de candidats. Le ministre a présenté la généralisation des détecteurs de téléphones , « un dispositif qui a fait ses preuves », a dit V Peillon, « mais qui est préventif ». Le ministère lance une campagne de bannières sur les sites Internet destinés aux jeunes . Et le 7 juin le Journal officiel publie un décret qui facilite le fonctionnement des commissions de discipline et permet une procédure après la délivrance du bac quand la fraude est découverte tardivement. Si V Peillon tient un discours de confiance envers la jeunesse, le ministre renforce la répression de la fraude.

François Jarraud

PS : Les abonnés au fil tweeter du Café pédagogique ont pu suivre en direct la visite de V Peillon dans ce lycée

Page ministérielle : Bien se préparer au bac

Le dossier bac du café

Décret fraude