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Le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des enseignants est apparu comme une mis en cause directe de la politique gouvernementale. Proche du PS, le thinktank Terra Nova propose, sous la plume de Jean-Louis Auduc, une réponse qui propose une autre gestion des enseignants permettant de répondre aux exigences de la refondation.

 » Le rapport de la Cour des comptes est intéressant par ses analyses et ses propositions », affirme Jean-Louis Auduc, auteur de l’étude de Terra Nova sur la gestion des enseignants. « Mais son approche, trop exclusivement gestionnaire, néglige le lien avec les domaines pédagogique et éducatif ». L’étude de JL Auduc reprend les principaux points du rapport pour intervenir surtout sur trois points : le métier d’enseignant, sa revalorisation, la gestion des affectations.

Redéfinir le métier d’enseignant

 » La Cour des comptes a raison dans son rapport de démarrer sur la nécessaire redéfinition du métier enseignant en lien avec les enjeux du 21e siècle et sur l’impérative nécessité « d’accorder les obligations de service aux missions définies par la loi » », écrit JL Auduc.  » La mission des enseignants ne s’arrête pas seulement à ce qui se passe dans la classe (bien que la transmission de savoirs soit le coeur de métier, car c’est dessus que l’enseignant appuie sa légitimité) mais plus largement à l’ensemble des dimensions de la relation éducative. Pour cela, l’enseignant doit se voir reconnaître son implication dans des projets pédagogiques, et être responsable de projets liés à la dynamique de l’établissement. Il faut également donner, reconnaître et bloquer des heures pour le travail collectif, les relations avec les familles, le suivi personnalisé des élèves (tutorat), le travail d’orientation, l’aide au devoir… » Il propose par exemple d’intégrer l’ISOE, liée à l’orientation des élèves, dans le salaire.

Revaloriser le métier

Le rapport relève l’écart de niveau des salaires des enseignants français par rapport à leurs collègues européens (-15 à -20%).  » Les salaires et la carrière enseignante ne sont plus aujourd’hui à la hauteur des qualifications requises. Intégrer dans le salaire de base de tout enseignant les primes et indemnités correspondant aux tâches effectuées dans l’établissement scolaire par tout enseignant dans le cadre du suivi des élèves pourrait être une piste », estime JL Auduc. Peut-être plus intéressant, JLAuduc demande aussi une revalorisation morale des enseignants.  » Pourquoi ne pas proposer des responsabilités différenciées aux enseignants dans l’établissement (accueil des stagiaires, coordination disciplinaire pédagogique, coordination de niveaux, liaison avec les écoles, avec l’université…) ? Ceux-ci pourraient ainsi se sentir pleinement acteurs de leur établissement et pas seulement sujets. Ces délégations de pouvoir accordées à des enseignants pourraient être définies en conseil pédagogique et validées par le conseil d’administration ».

Affecter en zone prioritaire

On touche là un baton de dynamite capable de faire sauter le système. La Cour a relevé le fait que les enseignants débutants alimentaient systématiquement les établissements prioritaires au détriment de ces élèves. « Toutes les propositions faites depuis 30 ans ont échoué » estime JL Auduc, écartant ainsi l’idée d’une prime.  » Pourquoi ne pas essayer pour combattre cette situation de favoriser des services partagés en éducation prioritaire. L’enseignant affecté en établissement « jugé difficile » serait prioritaire pour des services partagés à mi-temps à l’université, en ESPE, en collège, en lycée de centre-ville, voire en classes post-bac, sur des postes à profil hors barème. Cette situation permettrait sans doute de retenir des enseignants reconnus compétents dans ces établissements, alors qu’aujourd’hui, pour accéder à une « carrière », il faut « fuir » les établissements d’éducation prioritaire ». JL Auduc souhaite aussi encourager la présence de PLP bivalents dans les collèges.

Ces propositions peuvent aider le gouvernement à apporter une réponse aux questions posées par le rapport de la Cour des comptes.

François Jarraud

Etude Terra Nova