Print Friendly, PDF & Email

C’est devenu une antienne chantonnée sur tous les tons par les ministres de l’éducation : il faut renforcer les fondamentaux et spécialement au primaire. L’air venu de Fillion est passé à Darcos. Mais Vincent Peillon lui même s’y adonne. Est-ce justifié ?

Quel est le poids réel des fondamentaux ?

Les enseignements fondamentaux renvoient au fameux triptyque lire – écrire – compter. Ce sont les savoirs de base sans lesquels tout le reste ne saurait se mettre en place. C’est évalué par les compétences en maths et en expression écrite dans les études OCDE.

Ce que montrent les données OCDE c’est que la France se caractérise par un fort temps éducatif donné aux fondamentaux. L’horaire d’expression écrite occupe 37% du temps scolaire au primaire, celui de maths 21% . Au total c’est près des deux tiers du temps de classe (58%) qui est consacré aux fondamentaux. Ce taux est très supérieur à celui de la moyenne de l’OCDE (26 et 17%). Et cela dans un pays où le temps d’enseignement est particulièrement important. La France fait partie des pays où on consacre le plus de temps au français et en maths, contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là.

Et tout ça pour quoi ?

On peut comparer cet acharnement français avec les pays les mieux classés dans les évaluations internationales. La Finlande accorde au total 40% du temps de classe à la langue nationale et aux maths (24 -16%). La Corée du Sud 23 et 14 soit 37%. Or on le sait bien, les résultats aux évaluations PIRLS de ces pays sont nettement en défaveur de la France.

Le lien n’est pas établi entre la durée de l’enseignement et son efficacité. Par contre bien d’autres points interviennent . Il y a le nombre d’élèves par classe au primaire où la France n’est pas bien située. Il y a sans doute les pédagogies utilisées, la difficulté à différencier. Mais il ne faudrait pas oublier les fortes inégalités sociales et la ségrégation qui caractérise le système éducatif français.

On retiendra deux leçons. Les systèmes qui consacrent du temps à des enseignements non obligatoires et d’épanouissement ont de meilleurs résultats. La question de l’efficacité scolaire en France c’est d’abord celle de l’enseignement prioritaire.

François Jarraud