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Professeur d ‘histoire-géo et président du groupe socialiste au Conseil régional d’Ile-de-France, Guillaume Balas publie une nouvelle brochure sur le décrochage. Mais interroger le décrochage c’est aussi porter un regard critique sur le système éducatif.

En 2012, G Balas avait déjà publié une note sur le décrochage où il appelait à un pilotage régional de la lutte contre ce fléau aux origines multiples. Dans cette seconde étude, G Balas maintient le pilotage régional. Parce que  » ce que nous devons construire, c’est le lien entre toutes les dimensions d’un élève : école, lieu de vie, famille, activités extrascolaires. L’école ne peut à elle seule en assumer la charge. Il est nécessaire de créer des relations entre ceux qui agissent dans l’école et ceux qui oeuvrent à l’extérieur ». Mais il élargit singulièrement sa vision du décrochage. Pour lui ce phénomène interroge vraiment les fondements du système scolaire.

 » Ma conviction profonde est que l’importance accordée au diplôme et au parcours est incompatible avec l’idée même de République », écrit-il. « Il me semble que cela pose un problème fondamental de respiration démocratique, comme si le corps social n’avait qu’un seul poumon. C’est cela qui produit une dramatique fossilisation de la société et des élites. L’école de la République est pensée comme unique vecteur de transmission d’un savoir dominant, forcément légitime. Or pour apprendre, il y a d’autres lieux que l’institution scolaire ».

En s’appuyant sur l’expérience de smicro-lycées, qui voient arriver des jeunes déjà « trop vieux » pour être admis dans un lycée, G. Balas remet en question le temps scolaire.  » Notre école gagnerait à prendre en compte le droit de ne pas savoir, le droit d’avoir un peu de temps. On accorde aux jeunes qui ont le bac de commencer une année d’études, puis de changer pour essayer autre chose parce que le premier choix ne paraissait pas sûr. On leur accorde la possibilité de se chercher – c’est l’âge, rien de plus normal. C’est un droit qu’on refuse aux enfants de quatorze ans orientés en fin de troisième vers les filières professionnelles et qui, eux, doivent avoir déjà les clefs de leur avenir, tout en se débattant avec leur adolescence ».

 » Tout cela interroge la notion d’élite et ce qu’elle recouvre », poursuit G Balas. « Je pense que toute société a besoin d’une élite. Mais une élite est l’inverse d’une aristocratie. Or aujourd’hui, c’est bien une aristocratie que nous produisons. Je suis sensible à la notion d’éducation élitaire qui invite à penser que de tous les milieux, de tous les parcours, de toutes les expériences, peuvent naître des élites. A l’opposé, le terme élitisme induit que les personnes les mieux placées dans l’échelle sociale trustent les meilleures places dans tous les domaines. Cette question de la fossilisation des élites, du monopole des places, est un véritable désastre pour le pays. J’ai rencontré des jeunes, dans les quartiers, qui ont lancé des projets, créé des entreprises et qui veulent partir à l’étranger parce que leur parcours n’est pas reconnu ni valorisé du fait qu’ils l’ont construit sans diplôme ».

L’étude

Première étude

On ne peut pas faire peser sur l’école toute la responsabilité du décrochage scolaire