Sac de plage 2013 : Philosophie

Réforme des programmes : pour… demain ?

La difficulté d’enseigner la philosophie en classe de terminale, sous une forme classique, pose de l’avis commun, des difficultés quasi insurmontables. Quant aux sections technologiques, s’y pose le problème récurrent du décalage ressenti par les élèves comme par les professeurs, entre la nature des exercices donnés à l’examen et le niveau scolaire général des candidats. Un projet de concertation a été mis en œuvre par l’Inspecteur Général Paul Matthias, pour les épreuves des séries techniques, mais il ne semble pas avoir encore trouvé d’aboutissement concret. Le souvenir des dernières tentatives de réforme, en particulier celle de 2003, qui a suscité un tollé dans la profession, peut faire hésiter l’institution. Mais la réalité du terrain semble devoir supplanter les réticences des représentants de l’enseignement philosophique scolaire.

Des pistes de changement évoquées :

Les difficultés semblent se focaliser principalement sur deux points :

– l’étendue d’un programme de notions dont le champ d’étude, très peu déterminé, rend difficile de couvrir tout le domaine de réflexion nécessaire en vue de préparer l’examen ;

– la forme des exercices, qui demande un effort rédactionnel soutenu, semble peu réalisable par nombre de candidats, en particulier en séries technologiques où la dissertation apparaît comme le vestige de pratiques littéraires abandonnées depuis longtemps.

Un programme lourd et indéterminé, des formes de rédaction trop complexes, le manque de contenus positifs qui pourraient être appris en vue d’une évaluation plus « objective », une partie des professeurs (soutenus par l’ACIREPh) voient dans les problèmes actuels les symptômes de blocages conjoncturels à dépasser par une redéfinition des programmes.

Parmi les préconisations, on trouve aussi l’idée d’un étalement de l’enseignement de la philosophie sur trois ans, à partir de la classe de seconde, avec une progressivité qui permettrait d’éviter le « mur » d’abstraction imposé aux élèves en seule classe terminale.

D’autres enseignants (parmi les représentants de l’APPEP, par exemple) estiment important de ne pas mettre en cause le principe de libre élaboration du cours par le professeur, ni celui d’un haut degré d’exigence dans la forme et le contenu des exercices d’évaluation lors de l’examen. La réflexion conceptuelle ne peut en effet se produire sans un effort de rigueur qui permet à l’élève de progresser vers la pensée abstraite.

On trouvera un écho de ces débats dans quelques-uns des articles publiés par le Café :

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/phi[…]

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/phil[…]

Ainsi que sur les sites des associations de professeurs :

L’APPEP (Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public), observe l’évolution des programmes et des statuts dans le souci du respect des exigences propres à la discipline : indépendance et liberté philosophique de l’enseignant, haut niveau de recrutement, formation spécifique, et prise en compte du principe de laïcité comme idéal émancipateur. Elle publie une revue trimestrielle, l’Enseignement philosophique.

http://www.appep.net/

L’ACIREPh (Association pour la Création des Instituts de Recherche pour l’Enseignement de la Philosophie) mène une réflexion de recherche et d’innovation sur les programmes de philosophie en terminale et les pratiques pédagogiques. Elle publie une revue , Côté philo, qui fait état des questions actuelles et des positions de l’association sur les problèmes posés par l’enseignement de la philosophie.

http://www.acireph.org/

Programme des concours

Concours externe :

Épreuves écrites :

* Composition de philosophie. La négation

* Épreuve d’histoire de la philosophie. Les atomistes de l’Antiquité Descartes

Épreuves orales :

* 1ère leçon : La politique

* Textes français ou traduits en français :

– Maine de Biran, Mémoire sur la décomposition de la pensée, Oeuvres, Tome III, Paris,Vrin, 1988, 1ère partie et 2ème partie, Sections 1 et 2 (p.17-231).

– Raymond Ruyer, Néo-finalisme, Paris, PUF, 2012.

Programme complet et autres textes de l’oral :

http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_externe[…]

Concours interne :

* Première épreuve – explication de texte : La société

* Deuxième épreuve : dissertation : La croyance

http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_interne[…]

Programmes des concours de recrutement 2014 :

http://www.education.gouv.fr/cid58356/programmes-des-concours-[…]

Bac 2013 : des sujets classiques mais difficiles.

L’épreuve de philosophie du bac 2013 s’est révélée assez difficile pour les élèves, avec des sujets construits pour donner à penser mais qui exigeaient une certaine aisance dans la maîtrise conceptuelle des notions. Le croisement de notions ne relevant pas des mêmes champs du programme a cependant fait grincer les dents : travail et conscience, langage et technique, certaines associations, très stimulantes pour la pensée, ont pu sembler à la marge des préconisations officielles.

Le langage comme outil, la science comme constat de faits, l’interprétation comme substitut du savoir, le travail comme mode de saisie de soi par soi, les sujets proposés aux élèves des séries générales invitaient à une certaine gymnastique intellectuelle. Si on ne peut pas reprocher à ces sujets de s’éloigner vraiment des sentiers battus – de telles thématiques ne sont pas rares dans les cours de terminale -, les questions contrevenaient cependant à la classification du programme des notions par colonnes, dont l’une, plus générale, est censée spécifier le domaine de l’autre. Ainsi le langage est référé à la culture, pas à la technique ; la conscience au sujet, pas à la culture, etc.

D’autres sujets ont effarouché les candidats : « Peut-on agir moralement sans s’intéresser à la politique ? », en série S, a trouvé peu d’adeptes, même si les candidats ont souvent évité le contresens qui a fait florès chez les commentateurs, de s’interroger sur la morale en politique. L’apparente simplicité de « Que devons-nous à l’État ? » n’a pas manqué, en revanche, d’entraîner des extrapolations plus ou moins heureuses en dehors du sujet.

Les textes ont révélé leurs difficultés à la lecture des copies : celui de Cantorbéry, proposé en ES, ne dissimulait pas ses difficultés de lecture ; mais celui de Bergson, en S, pouvait se révéler délicat en raison de l’implicite de la thèse de l’auteur, jamais formulée derrière la critique d’un préjugé de sens commun. Celui de Descartes, pour les L, pouvait désarçonner par son thème, moins étudié chez cet auteur que les questions de connaissance théorique.

En séries technologiques, les sujets renvoyaient à des thématiques classiquement étudiées : différence et complémentarité des cultures, liberté arbitraire ou de raison, aptitude à réfléchir par soi-même.

Rien qui laisse paraître, donc, une volonté de transformation en profondeur des épreuves, même s’il semble que la consultation des professeurs pour la réforme des évaluations en séries techniques se poursuive à l’heure actuelle.

L’analyse des sujets dans le Café :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/06/1806201[…]

Lectures

Quelques lectures pour préparer la rentrée :

Repères philosophiques, par J.M. Muglioni. Un manuel construit à partir du programme des repères.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/p[…]

Les 100 mots de la philosophie, Que sais-je ? PUF. Un recueil de définitions à plusieurs voix, pour raviver l’approche problématique des principales notions.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/ph[…]

Global Burn Out, de Pascal Chabot. Une analyse subtile et sensible de la tragédie contemporaine du travail.

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/0204201[…]

Cinéphilo, par Olivier Pourriol (Fayard). Un parcours sérieux et jubilatoire de la philosophie par les films, et inversement.

http://www.fayard.fr/cinephilo-9782213668772