Print Friendly, PDF & Email

Publié au Journal officiel du 7 août, un arrêté modifie le B2i lycée à compter de la rentrée 2013. Le J.O. annonce une circulaire d’application début septembre. Avec cette nouvelle définition du B2i, le ministère semble vouloir faire entrer dans les pratiques une évaluation des compétences numériques largement restée à la porte des établissements.

Le nouvel arrêté remplace le texte précédent de 2006 et entre en application en 2013-2014. Il établit que  » l’évaluation des compétences du brevet informatique et internet lycée fait l’objet d’un travail régulier tout au long des trois années du lycée » et que « tous les enseignants sont susceptibles de contribuer à la validation de ces compétences ». Mais il précise aussi que  » l’attestation est délivrée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal ». Certes, c’est « après consultation de l’équipe pédagogique de la classe lorsque sont validés 80 % des items constitutifs du B2i et au moins la moitié des items de chacun des domaines ».

Une importante mise à jour…

L’arrêté définit aussi les compétences évaluées. Le ministère a fait un important nettoyage du texte de 2006. On retrouve les 5 domaines de 2006 mais dans une rédaction plus précise. A l’intérieur de chaque domaine, le référentiel ne sépare plus connaissances et compétences. Il ne traite que des compétences et elles sont plus ambitieuses ou plus en accord avec les pratiques réelles des jeunes.

Ainsi, pour le domaine 5, on n’a plus les « connaissances principales (« Il existe des outils de communication permettant des échanges en mode direct ou en mode différé ») » et des « capacités » de l’autre ( » produire et diffuser un message ou un commentaire en choisissant le mode de communication, privé ou public en mode direct ou différé, selon l’information à diffuser ; recevoir un message y compris avec pièces jointes ou un commentaire) ». A la place, le nouveau texte identifie des compétences.  » Connaître et prendre en compte les critères d’accessibilité. Choisir des types de présentation adaptés au mode de communication. Publier un document en s’appuyant sur des ressources dont l’élève n’est pas l’auteur dans le respect des règles (droit de citation, respect des licences, etc.). Participer à une production numérique collective (site collaboratif, wiki, etc.) dans un esprit de mutualisation, de recherche ; choisir des stratégies collaboratives adaptées aux besoins. S’exprimer via les réseaux en identifiant la qualité de l’espace de publication (publique, privée, professionnelle, personnelle). Participer à un débat en ligne dans le respect des interlocuteurs (Nétiquette). »

Qui se heurte à la question des compétences…

Ces compétences correspondent d’assez près à celles attendues des élèves par les enseignants. Elles sont souvent mises en action pour les TPE en lycée général. Et les enseignants y font appel quand ils utilisent les TICE avec les élèves. Le texte répond aussi aux exigences de la société qui attend des jeunes un bagage minimum en matière numérique. Et le nouvel arrêté n’innove pas en annonçant « une feuille de position élève » publiée avec la circulaire de mise en œuvre attendue début septembre.

Mais combien de lycéens ont obtenu le B2i en 2012-2013 ? Mystère ! Probablement fort peu. Pourtant une circulaire de 2005 annonçait son intégration prochaine au baccalauréat. Dès 2007, des documents pédagogiques étaient publiés par l’institution pour montrer aux enseignants des lycées comment intégrer la validation du B2i dans les enseignements. Or, depuis 2006, il ne s’est pas passé grand chose. Et l’ambition d’étendre au lycée l’expérience du B2i collège semblait oubliée. Avec de bonnes raisons ! C’est qu’au collège, bien que le B2i soit exigé pour obtenir le brevet, son déploiement est tout sauf facile. Si tous les élèves ou presque décrochent la certification, les chefs d’établissement y mettent souvent la main et les élèves détenteurs du B2i sans même le savoir ne sont pas rares. C’est que le B2i participe à la mise en place de l’approche par compétences dans le secondaire. Or celle-ci a du mal à trouver sa place dans un système éducatif construit sur une autre logique.

Il sera intéressant de voir si la circulaire d’application réitère l’annonce d’ une intégration au bac. D’observer également l’effort de formation du ministère. A défaut, le nouveau texte pourrait connaître un succès équivalent à l’arrêté de 2006.

François Jarraud

Liens :

L’arrêté

Si le B2i était conté aux enseignants

Dossier de 2004

Dossier de 2001

La réforme de 2006

La mise en place au lycée en 2007

Documents pédagogiques d’accompagnement du B2i Lycée