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La réforme pédagogique engagée par V. Peillon ne va pas suffire au SNPDEN. Le principal syndicat de personnels de direction réclame des réformes de structure sur la carte scolaire, la gouvernance et le statut des enseignants. En l’absence de décisions en ces domaines, le SNPDEN jette un regard ironique sur la refondation. « En un an il ne s’est rien passé ». Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden, le premier syndicat des personnels de direction, a beau avoir voté en faveur des textes de la refondation. Il ne la porte pas aux nues et estime que le ministre fait du sur place. Les personnels de direction veulent des changements structurels qui pourraient changer en profondeur l’Education nationale.

Appliquer réellement les cycles

« La relative lenteur avec laquelle se fait la refondation a un effet démobilisateur », estime P Tournier. Elle « manque de lisibilité ». Pire, l’absence de décision sur la carte scolaire, le maintien des inégalités entre établissements « corrode le système éducatif » et entraîne une « perte de confiance » des usagers. Il dénonce « des phénomènes de polarisation communautaire et ethnique » dans les établissements « qui ne sont pas traités ». Pour lui, Affelnet, le système d’affectation automatique des élèves uniformise les établissements et nuit à la mixité scolaire. Le Snpden a beau jeu de dénoncer un système hypocrite où la devise liberté – égalité – fraternité camoufle mal des inégalités scolaires criantes. Il demande une nouvelle politique de carte scolaire dans laquelle le privé serait contraint d’entrer.

Autre réforme structurelle, le Snpden veut une véritable application des cycles et pour cela de nouvelles appellations des classes qui permettrait d’en finir avec le tropisme du lycée. Pour P Tournier, il faut là aussi réconcilier la vérité et la structure. Puisque la classe de 3ème est une classe de tri, il faut que le socle s’arrête à la fin de la 4ème sinon elle « pollue » le socle. Quant au brevet, il ne sert à rien si on valide vraiment le socle. Mais cela implique de rendre lisible le livret de compétences, assimilé à un sabotage dans sa forme actuelle.Il souhaite aussi une vraie prise en compte du bac -3 – bac +3. Le bac doit devenir un examen, d’entrée dans l’enseignement supérieur.

En finir avec les décrets de 1950

Mais c’est sur les missions et la gouvernance que le Snpden peut le plus déranger le ministère. Alors que la réforme du métier enseignant est à l’ordre du jour, le Snpden veut en finir avec les décrets « pétrifiés  » de 1950. Pour lui il s’agit, là aussi de réconcilier la réalité et le règlement. Il réclame l’annualisation des services des enseignants. « On ne peut pas continuer dans le système actuel ». Il veut na création d’un corps unique de cadres de l’éducation nationale ouvrant des perspectives vers l’inspection et les emplois de Dasen aux personnels de direction. Le syndicat demande aussi une réforme d ela gouvernance avec une reconnaissance du rôle des collectivités locales, la situation actuelle organisant l’opposition entre Etat et collectivités territoriales et la paralysie du système.

Il n’est jusqu’aux créations de postes à cette rentrée qui n’inquiètent les chefs d’établissement. A quelques jours de la rentrée, ils attendent encore de savoir si les reçus aux concours 2013-2 prendront ou non des heures d’enseignement pour boucler les emplois du temps. « Dans certaines académies et certaines disciplines, le déficit d’enseignants est structurel », rappelle P Tournier. Là aussi le syndicat aimerait tourner la page. La masterisation, voulue par un autre syndicat et un autre corps, lui semble nuisible. Les chefs d’établissement semblent ne pas voir d’avenir pour le système éducatif actuel.

François Jarraud