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Les travaux les plus récents de la recherche universitaire et pédagogique, les évaluations internationales montrent que l’école française creuse les écarts entre les élèves. Elle participe à transformer les inégalités sociales en inégalités scolaires. Tous les élèves, quel que soit leur milieu social d’origine sont capables d’apprendre, la responsabilité de leur réussite scolaire incombe à l’école. Les débats en cours sur la réforme des rythmes scolaires éludent cet objectif fondamental de démocratisation scolaire. C’est pourtant bien la seule question qui nécessite que soit mise en travail et en actes une réflexion sur les contenus d’apprentissage, les pratiques pédagogiques, la formation professionnelle des enseignant-es, la réduction des effectifs

Le ministère affirme que la réforme des rythmes vise prioritairement les élèves des milieux populaires. Qu’en est-il six semaines après la rentrée ? Le Snuipp-FSU Paris a mené une enquête auprès des enseignants. Le constat est massif d’une perte de repères de tous ordres pour les élèves qui rencontrent le plus de difficultés : emploi du temps qui varie selon les jours, changement de statut des personnels, (l’ATSEM, l’enseignant changent de fonction au cours de la journée) … La confusion règne entre le scolaire, le péri-scolaire et l’extra-scolaire. Or on le sait, le flou du cadre scolaire a de lourdes conséquences, toujours pour les mêmes.

Au regard de ce constat largement partagé nous dénonçons la dégradation des conditions de scolarisation et d’apprentissage des élèves depuis la mise en place de la réforme des rythmes, dégradation dont les élèves les plus en difficultés sont les premières victimes, car ce sont eux qui ont le plus besoin de l’école et qui n’ont souvent que l’école pour permettre leur réussite. La situation actuelle se révèle un obstacle supplémentaire pour ceux qui doivent construire le sens de l’école et des apprentissages

Par ailleurs pour lutter contre les inégalités scolaires, le Ministre met en avant les activités culturelles mises en place pendant le temps périscolaire devant apporter aux élèves issus des classes populaires un « plus » dont ils ne bénéficieraient pas actuellement. Si le contexte extra-scolaire a des incidences sur le devenir élève c’est la mission spécifique de l’école que de le mettre en œuvre, par du plus sans doute mais surtout par du mieux et par du autrement. Les activités péri-scolaires ne se substituent pas à cette mission première de l’école. Par ailleurs, un véritable projet culturel s’impose pour qu’elles jouent pleinement leur rôle, et pas seulement dans les intentions. Le contenu de ces activités, leur encadrement relèvent d’un projet d’éducation populaire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Un projet ambitieux de transformation de l’école doit viser la réussite de tous les élèves. Le combat que nous menons actuellement n’a pas pour but de maintenir un statu quo pas plus sur les rythmes scolaires que sur les contenus d’apprentissage, la formation des enseignant-es … Au contraire, notre combat a pour but d’imposer une réelle transformation de l’école et de la société. Il est de notre devoir de mener cette lutte, l’ensemble de la communauté scolaire doit s’en saisir. C’est pourquoi l’organisation d’Etats généraux de l’école à Paris nous semble nécessaire.

Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp-FSU

Christine Passerieux, militante du GFEN