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La question du voile va-t-elle définitivement occulter le débat nécessaire sur la discrimination dans l’institution scolaire ? On pourrait la croire. La campagne lancée par quelques médias, suite à la publication du rapport Dhume, sur le thème du voile a complètement fait passer au second plan le sujet même du rapport : lutter contre les phénomènes discriminatoires dans l’Ecole. Un message qu’un autre rapport, plus difficile à écarter, a tenté aussi de faire passer. Il s’agissait de Pisa.

Le rapport Dhume a une histoire. C’est celle d’un premier rapport sur l’orientation scolaire , réalisé sous Chatel, par l’Acsé et la Halde, avant que Sarkozy lui torde le cou. Cette première étude, à laquelle F Dhume a participé, analysait la littérature sociologique sur cette question. Elle montrait que « la discrimination si elle existe n’est pas automatique. Elle se combine avec d’autres catégories de sexe et de classe sociale… La question ethnico-raciale n’est pas autonome d’autres questions, comme le genre par exemple ou les classes sociales ». L’étude pouvait s’appuyer sur les travaux de G Felouzis qui, dès le début de ce siècle, a mis en évidence la discrimination à l’oeuvre au sein des collèges de Gironde.

Il y a quelques semaines seulement, Pisa 2012 est venu nous rappeler que l’Ecole française est particulièrement injuste. Pisa montre aussi qu’en France les résultats scolaires sont liés à l’origine ethnique. Et pas seulement au niveau social, comme on l’a souvent dit jusque là. A condition sociale égale, on observe un fort écart (environ une année d’école) entre les résultats scolaires d’un jeune autochtone et d’un allochtone. Cela même pour la seconde génération. Pisa montre aussi que ce n’est pas le cas pour tous les pays.

Réduire le rapport Dhume à une seule de ses propositions est un moyen commode de s’asseoir sur cette question. Or cela ne semble plus possible. D’abord parce que la loi d’orientation a fait le choix de l’école inclusive. Ensuite parce que les dégats causés par ces mécanismes discriminatoires ont atteint un tel niveau qu’ils mettent en péril le modèle collectif. Dans quelques jours V Peillon va mettre en avant la lutte contre le décrochage. Mais comment sérieusement combattre ce fléau sans remettre en question l’apartheid scolaire ? Il faudra bien lever le voile..

François Jarraud