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En apparence la procédure APB est une réussite plébiscitée par les lycéens eux-mêmes. Mais, publié en janvier dernier, le rapport des inspecteurs généraux Alain Henriet et Gilbert Pietryk montre une réalité fort différente. Orientation bâclée en première, tri des dossiers sur des critères tout sauf transparents, orientations par défaut des bacheliers technologiques et professionnels, l’étude dresse un constat peu acceptable de l’orientation dans les établissements scolaires. Un an plus tard a-t-on remédié à ces défauts ?

En apparence tout va bien. La procédure d’affectation après le bac APB est appréciée par les lycéens. « Les candidats estiment avoir accès de façon satisfaisante aux informations nécessaires », explique le rapport. En réalité , APB est loin de » concerner la totalité des futurs bacheliers. Seulement 63% du vivier élèves est admis dans le cadre d’APB explique le rapport ce qui réduit drastiquement le degré de satisfaction réel.

Des taux réels d’utilisation faibles. Chez les bacheliers généraux et technologiques, 10% des élèves ne s’inscrivent pas ou ne finalisent pas leurs voeux. 13% des élèves ayant suivi la procédure AP et ayant été reçus au bac ne donnent pas suite à la proposition d’APB. Le rapport est incapable de savoir ce que devient ce quart des bacheliers généraux et technologiques. La situation est pire pou rles bacheliers professionnels. La moitié seulement s’inscrit sur APB et le taux de satisfaction est faible. 22% des bacheliers professionnels ne donnent pas suite à leurs voeux. Sur 93 000 bacheliers professionnels, seulement 46 000 trouvent une solution d’orientation grâce à APB.

APB reste relativement opaque.  » Dans les formations sélectives ou à capacité limitée, les critères de classement retenus par l’établissement (en fait par la commission de sélection), ou le jury dans le cas d’un concours, ne sont généralement pas portés à la connaissance du candidat », note le rapport qui ajoute que c’est aussi le cas pour des formations moins demandées, par exemple quand elles donnent la priorité à des jeunes locaux. Le conseil donné « classer les voeux en fonction des souhaits sans autocensure » ne correspond pas au fonctionnement réel d’APB. Les règles sont sans cesse modifiées. Cela génère de la frustration, note le rapport et « atteint le principe d’équité ». Enfin le système APB impose beaucoup de saisie qui pourraient être faites par croisement de fichiers existants.

L’orientation reste l’enfant pauvre des établissements. L’engagement des établissements à accompagner les élèves dans APB est « de niveau très variable » dit le rapport.  » Les enseignants du second degré méconnaissent l’évolution de l’enseignement supérieur », affirment les inspecteurs. Ils connaissent mal les formations supérieures qui ont beaucoup changé depuis leurs études. La mission d’orientation n’apparait toujours pas comme légitime et d’ailleurs elle mériterait d’être formulée dans les missions des enseignants. L’orientation active « est balbutiante  » en première. Le conseil anticipé de première n’est pas mis en place. C’est seulement en terminale que l’orientation devient active.

Le résultat se lit dans l’orientation des bacheliers. Ainsi 29% des bacheliers généraux demandent des formations supérieures courtes alors que leur débouché devrait être le long. 28% des bacheliers technologiques demandent des L1 ce qui n’est pas un bon choix pour eux mais le splaces en BTS et IUT sont prise spar les bacheliers généraux.  » On observe depuis trois ans une très forte augmentation de la demande de poursuite d’études des élèves de terminale professionnelle », dit le rapport. 29% des élèves demandent une orientation en L1 alors qu’ils n’y sont pas du tout préparés.

Les recommandations de l’Inspection n’ont pas été entendues. Alors que le rapport reconnait que les enseignants sont « désarmés » face à l’orientation, la première recommandation était de modifier le statut des enseignants pour imposer l’orientation. Il demandait que l’utilisation d’APB démarre dès la première et de modifier en amont le curriculum des bacs pro pour mieux les adapter au supérieur. Tout cela reste grandement à faire.

François Jarraud

Le rapport