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L’architecture scolaire a-t-elle une influence sur la réussite scolaire ? Commande-t-elle la pédagogie ? Peut-on définir ce que seront les espaces scolaires de demain ?

Pour ceux qui douteraient de l’importance de l’architecture scolaire, il suffit de regarder l’actualité. La question des locaux tient une place essentielle dans le débat sur les rythmes scolaires. Là où leur mise en place se passe bien ce sont les écoles qui disposent de locaux assez vastes pour que les salles de classe soient préservées du périscolaire. La salle de classe reste un lieu intime pour les enseignants. Ce n’est pas simplement par tradition ou par facilité. La salle de classe est un lieu où l’enseignant travaille après les cours. C’est aussi un espace d’éducation où l’espace est aménagé par l’enseignant en fonction de ses pratiques pédagogiques et où les règles sociales sont objectivées. Pour n’avoir pas compris cela, ou n’avoir trouvé de solution de rechange, bien des maires sont dans les difficultés…

L’architecture scolaire a son histoire. Il y a un siècle elle s’inspirait de l’architecture industrielle pour son éclairage, la gestion du temps, les proportions, et de celle des couvents et des prisons, pour l’obsession de la surveillance. C’est dire que l’école dépendait du maître. C’est ce modèle que casse cette nouvelle architecture scolaire. A une école qui a mis le professeur au centre et organisé les élèves sous sa surveillance, il substitue une école centrée sur l’élève et son travail. Le modèle des nouvelles constructions ce n’est plus l’usine. C’est « l’open space » des bureaux des grandes multinationales qui conjuguent aussi espaces modulables, coins sympas de détente, construction de groupes.

Une architecture peut-elle imposer des pratiques pédagogiques ? On l’a cru en France dans l’immédiat après-guerre quand on a créé les écoles primaires ouvertes sur le plein air et la nature. Mais le modèle n’a jamais pris. Si les espaces pèsent sur la pédagogie, ils ne la dictent pas. Même si le modèle de la salle de classe de 60 m² pour 35 élèves apporte évidemment ses contraintes.

Quand on visite les établissements on constate des rapports très variés à l’espace scolaire. Dans certains lycées récents, magnifiques, le personnel se plaint et ne se sent pas à l’aise. Inversement dans des locaux de fortune on trouve des équipes qui s’estiment bien installées. La différence tient dans le projet pédagogique. Dans tel microlycée installé dans un bâtiment industriel désaffecté, les enseignants ont un modèle pédagogique et la faible qualité de l’espace architectural leur donne plus de liberté pour l’adapter à leurs besoins. Dans l’autre lycée, moderne et esthétique, les enseignants n’ont pas de modèle. Ou plutôt les modèles sont multiples et l’architecture ne peut pas contenter des pédagogie si différentes. Si l’architecture contraint dans une certaine mesure la pédagogie, la pédagogie est bien à poser en premier. S’il y a un « bon » espace scolaire c’est qu’il y a un modèle pédagogique reconnu comme « bon » par l’équipe éducative.

En architecture aussi tout est question de valeurs. La crise de l’architecture scolaire a évidemment une dimension économique et institutionnelle. Mais en architecture comme pour le reste, la bonne école est celle qui se construit réellement autour de ses valeurs, en les assumant pleinement. Ce qui implique de penser l’école en partant de son centre. Un exercice que peu réussissent à faire.

François Jarraud

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