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« C’est un jour très important car notre pays a besoin d ‘évaluations indépendantes ». Vincent Peillon a installé le 28 janvier le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) en présence de sa présidente, Nathalie Mons, et des membres du conseil. N. Mons a insisté sur l’originalité d’une évaluation participative et tournée vers les besoins des acteurs de l’Ecole.

Inscrit dans la loi d’orientation, le Cnesco « est chargé d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire ». La loi prévoit qu’il réalise des évaluations  » à la demande du ministre chargé de l’éducation nationale, du ministre chargé de l’enseignement agricole, d’autres ministres disposant de compétences en matière d’éducation, du ministre chargé de la ville ou des commissions permanentes compétentes en matière d’éducation de l’Assemblée nationale et du Sénat »; qu’il se prononce sur la qualité des évaluations internes du ministère et « qu’il formule toute recommandation utile » sur l’évaluation de l’Ecole. Il publie chaque année un rapport qui est obligatoirement rendu public. Il est composé de 14 membres. Six représentent l’Assemblée nationale, le Sénat et le Cese. Les parlementaires de la majorité et de l’opposition y sont à égalité. Huit membres ont été nommés pour 6 ans par le ministre de l’éducation nationale et les ministre de l’agriculture, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur. Il s’agit de N. Mons; professeur de sociologie à Cergy-Pontoise, Pascal Bressoux, Université Pierre Mendes France en sciences de l’éducation, Marc Gurgand, CNRS, Claude Lessard, sociologue québécois, Dominique Goux, sociologue au CREST, Patrice Caro, géographe, Marie Christine Toczek-Capelle, professeur en sciences de l’éducation à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand et Anne West, professeur à la London School of Economics.

« Il faut qu’il y ait un débat de qualité sur l’école en France« , a déclaré V. Peillon qui s’est plaint de la « médiocrité  » du débat. « Il faut être raisonnable, il faut s’instruire ». Pour lui cela passe par un conseil « indépendant du pouvoir politique ». « L’évaluation ne peut pas être faite par des prescripteurs », a ajouté V Peillon, faisant allusion aux services du ministère.

« C’est la première fois que l’on ose donner à une mission indépendante un périmètre aussi large« , a souligné N. Mons. Elle a signalé 4 « ruptures » avec la création de ce conseil : il réunit des chercheurs et des parlementaires indépendants du ministre, il a une dimension internationale, il travaillera en réseau avec la communauté éducative et il se ra complété d’un conseil consultatif ouvert aux acteurs de l’école.

Mais c’est surtout sa méthode que N. Mons a mis en avant. « L’évaluation ne sert que si s’établit un dialogue avec la communauté éducative », a-t-elle déclaré. « Les chantiers prioritaires vont être définis par le conseil lui-même ». Mais elle a précisé quelques thèmes probables : la destinée scolaire des enfants des milieux défavorisés, le décrochage, l’enseignement professionnel, les inégalités scolaires et territoriales. Le Cnesco veut influer sur les pratiques des enseignants et donc diffuser ses travaux auprès d’eux. Mais comment faire ?

« Pour que nos travaux touchent les enseignants il faut se préoccuper de leurs besoins« , nous a dit N Mons. « Jusque là on a eu une politique d’offre. On va inverser la posture. On va s’intéresser aux besoins des enseignants, des académies, du ministre. On verra quelles questions ils s eposent et on étudiera ce qui peut alimenter le sujet. » Faire passer l’évaluation du sommet au terrain, voilà en effet une rupture.

François Jarraud

Entretien avec N Mons

Nathalie Mons est invitée par Louise Tourret sur Rue des écoles, France Culture à 15h le 29 janvier.