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A une semaine de la reprise des négociations sur le métier d’enseignant avec le ministère, le Snes fixe des exigences salariales et dénonce la « déception » des enseignants devant les mesures de Vincent Peillon. Pour le syndicat, le gouvernement doit recruter davantage d’enseignants et rendre le métier financièrement plus attractif. Une position qui semble peu réaliste dans la situation budgétaire actuelle.

Tout en évoquant la « forte déception » des enseignants, Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, premier syndicat de l’enseignement secondaire, trouve quelques excuses pour le ministre. Vincent Peillon a la malchance de faire face à une forte croissance du nombre des élèves. Ainsi au lieu de 9 000 élèves attendus à la rentrée ce sont 34 000 jeunes supplémentaires qui entreront au collège ou au lycée. Comme la nouvelle formation des enseignants absorbe une grande partie des moyens, ce sont seulement 990 nouveaux postes d’enseignants qui seront créés dans le secondaire. Clairement ils suffiront tout juste à absorber la croissance démographique. Les conditions de travail des enseignants ne changeront donc pas.

Pour F Rolet, il y a « une grande lassitude » au collège, résultat de la difficulté du métier devant le maintien de conditions de travail difficiles. Elle souligne  » l’impatience  » des enseignants qui attendent de nouveaux postes. Au lycée, la réforme a aggravé les conditions de travail. Dans l’éducation prioritaire, elle observe de « l’incompréhension » devant le retrait de moyens dans des établissements prioritaires comme dans le 92. Au total c’est la « déception » qui serait le sentiment dominant chez les enseignants.

S’ajoutent des crises particulières. Roland Hubert, co-secrétaire général, évoque la situation des langues vivantes à propos des nouvelles épreuves du bac et des tentatives de certains recteurs de supprimer des enseignements comme à Toulouse. La situation des co-psys est jugée aussi inquiétante certains CIO disparaissant.

Pour sortir de l’ornière, selon le Snes, il suffit « d’économiser moins de 50 milliards » comme le dit Daniel Robin, co-secrétaire général, en faisant allusion au discours de F Hollande. Pour le Snes le gouvernement doit relancer le recrutement des enseignants qui est en panne. Pour cela il doit revaloriser les enseignants. Le Snes demande le doublement de l’ISOE (environ 1300 euros par an).

Alors que les négociations sur le métier vont reprendre le 12 février, le Snes entend aussi cadrer les questions statutaires. Le syndicat souhaite que le temps de service des enseignants soit défini uniquement par rapport à leur temps d’enseignement devant élèves. C’est pour le Snes « une question identitaire ». L’autonomie des établissement doit également être limitée. Par exemple, ils ne devraient pas pouvoir définir des missions particulières rémunérées, celles-ci devraient faire l’objet d’une liste nationale. Que reste-il alors à négocier le 12 février ? Le Snes sait que l’enveloppe à redistribuer est très limitée (environ 30 millions). Bien en deçà des demandes du syndicat.

François Jarraud