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Peut-on éduquer à l’innovation dans le système éducatif français ? La question a été au coeur des ateliers du 7ème Forum des enseignants innovants. Ils ont apporté quelques réponses.

Bien sur la démarche d’innovation des enseignants tient pour beaucoup à la fois aux conditions d’enseignement et à la personnalité des enseignants. On sait , par exemple, comment sa situation personnelle a amené Freinet à revoir ses pratiques pédagogiques et son enseignement. On voit aussi que nombre d’enseignants innovants sont dans des situations pédagogiques difficiles qui les pousse à innover.

Mais s’il y a dans l’innovation du personnel et du contextuel, on ne peut décharger le système éducatif de ses responsabilités de gouvernance. On le peut d’autant moins qu’il y a un intérêt puissant et une réelle demande politique pour changer l’Ecole. Inutile de rappeler ses résultats médiocres. Il faut aussi aller au-delà. L’évolution économique implique que les futurs salariés soient formés différemment que leurs parents de l’époque taylorienne. Elle demande des adultes ayant de nouvelles qualités. C’est à l’Ecole qu’il revient de les développer.

Eduquer à l’innovation c’est déjà encourager la créativité des élèves. On sait que les jeunes Français ont surpris par de bons résultats en résolution de problèmes dans Pisa alors que ces compétences ne sont pas enseignées en France. Complexifier els apprentissages, demander aux élèves de résoudre les situations problèmes qui leurs ont proposées est une façon efficace de développer la créativité.

L’autre compétence clé c’est le travail collaboratif. L’Ecole française fonctionne encore majoritairement sur le modèle du cours dialogué, une organisation centrée sur l’enseignant. L’évaluation elle aussi se limite à estimer des travaux personnels. Et en ce domaine le travail à plusieurs n’est pas bien vu ! Pourtant le travail dans la vie professionnelle a cessé d’être solitaire et la capacité à travailler avec les autres, sans réserve d’origine ou de sexe, est une condition nécessaire à l’embauche. On connait le poids de ces compétences sociales dans le chomage de certains quartiers.

Travailler en équipe, avoir la capacité à créer sont des compétences qui sont évaluées et encouragées dans plusieurs systèmes éducatifs. Elles sont souvent regroupées sous le nom « compétences du 21ème siècle » aussi parce que les TICE sont un puisant soutien à leur mise en place.

En France elles auraient du devenir une colonne vertébrale du système à travers les IDD, les TPE et les PPCP. On sait ce que sont devenus ces dispositifs, démantelés et rognés dès le ministère Fillon. Le premier pas vers l’éducation à l’innovation pourrait être le renouveau de ces dispositifs, plus à même de porter l’esprit des réformes du collège et du lycée que les enseignements complexes et ratés des récentes réformes.

François Jarraud