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Au collège Les rives du lac, à Evian, trois professeurs d’anglais, Sylvie Santagostino, Rafika Selmi et Laurence Gilmant, réfléchissent ensemble à leurs pratiques pédagogiques. Laurence Gilmant utilise maintenant la réalité augmentée en classe. Une technologie encore peu connue et qui peut s’appliquer à toutes les disciplines.

Vous incluez de la réalité augmentée dans des documents iconographiques. Mais c’est quoi la réalité augmentée ?

La réalité augmentée est la possibilité de visualiser des données sur un smartphone ou une tablette que l’on passe devant un document « déclencheur » . L’apparition des données est instantanée, ne nécessite aucune intervention et l’image disparait lorsque le mobile s’éloigne du document. Le « déclencheur » peut être un document papier, numérique ou encore un objet. La réalité augmentée permet d’apporter un supplément de contenu pour expliciter, commenter, apporter une aide ou permettre une ouverture culturelle.

Cela suppose quel matériel pour les élèves ? Leur smartphone suffit ?

Les élèves ont juste besoin d’un smartphone par groupe et de l’application gratuite Aurasma.

Comment le professeur doit il s’y prendre ?

Pour créer un « Aura » ( couple image cible/ image superposée) ,le professeur « photographie » le document ou l’objet qui sera porteur de réalité augmentée (ou le télécharge s’il s’agit d’un document numérique ). Sur le site Aurasma Studio il lie l’image cible au contenu qui apparaitra à l’écran du smartphone. Il peut s’agir d’un document iconographique, d’un texte ( transformé en .jpeg à partir d’une capture d’écran), d’une vidéo ou d’un document audio. Il est également possible de rediriger vers une page web. Les « Auras » sont placés dans des dossiers/ chaînes. Les élèves n’ont plus qu’à rentrer sur leur smartphone le code aurasma de la chaîne fourni par l’enseignant.

Quel intérêt pédagogique pour la maitrise de la langue ?

La réalité augmentée permet un gain en efficacité. Elle peut remplacer les fiches d’aide papier. C’est un peu comme passer de la carte routière au GPS. Elle permet de fournir des aides différenciées à partir d’un même document ( il suffit de se connecter sur une chaine Aurasma différente). Elle donne accès direct à des documents audio ou vidéo en travail autonome sans avoir a télécharger quoi que ce soit. Il est possible d’effectuer des captures d’écran de ce qu’on voit sur smartphone pour les partager ou les stocker afin de les réutiliser.

Elle trouve totalement sa place dans la pédagogie 3.0 ou les classes inversées si on colle sur le mur au fond de la classe un patchwork de posters permettant d’accéder en « libre service » à des capsules de points grammaticaux ou culturels.

Vous présentez une séquence sur le Titanic sur un site académique. Voyez vous d’autres sujets qui puissent être traités comme cela ?

Tout est envisageable et on peut y avoir recours dès lors qu’on a besoin de superposer des données. Internet a fait découvrir le lien hypertexte pour cliquer sur du contenu numérique afin d’obtenir un autre contenu numérique . La réalité augmentée c’est ce lien hypertexte poussé à l’extrême. Il suffit juste de diriger le smartphone et on lie instantanément du contenu numérique à du réel et cela sans cliquer ni passer obligatoirement par un navigateur.

Exemples d’usage. Après un voyage scolaire à Londres les 4èmes ont réalisé des cartes postales virtuelles à partir de leurs photos et grâce a la réalité augmentée ces cartes dévoilent un lien google street view qui permet de s’immerger dans Londres, de visiter ce lieu et voir des images supplémentaires du quartier. Je compte augmenter certaines rubriques des manuels scolaires, joindre des extraits audios, des exemples de productions, des capsules culturelles ou linguistiques. J’ai également commencé un poster de capsules grammaticales.

Propos recueillis par François Jarraud

Un exemple : le travail sur le Titanic