Print Friendly, PDF & Email

Un chiffre émerge des résultats du bac 2014 publiés par la Depp (direction des études du ministère) : cette année 77% d’une génération a obtenu le baccalauréat. On s’approche du mythique « 80% au bac ». On retrouve ainsi le taux exceptionnel de 2012. Cet effort de démocratisation est porté par le bac professionnel qui apporte cette année 30 000 bacheliers supplémentaires. La démocratisation du bac s’accommode très bien des inégalités sociales et régionales.

Une réussite portée par le bac pro

Avec 88% d’admis , le taux de réussite au bac en 2014 est en hausse de 1,1% par rapport à 2013. Cette nouvelle progression est le fruit des bacs technologiques et professionnels. Le bac général compte 91% de reçus ce qui est inférieur à 2013. C’est la série ES qui recule le plus avec 2% de reçus en moins. Cette année voyait la première édition d’un nouveau programme très contesté par les enseignants. Elle n’est pas très concluante. En série L le taux de réussite recule de 1% avec 90% de reçus. Mais on observe surtout le recul du nombre de candidats présents (-4%). La série S a un taux de réussite en baisse de 1% également à 92% mais voit progresser le nombre de ses bacheliers compte tenu de la poussée vers cette filière. L’épreuve de maths si contestée n’aura pas radicalement changé la donne.

En série technologique, les nouvelles épreuves en ST2S et STMG ont nettement amélioré le taux de réussite. Il y a 6% de reçus en plus dans ces deux séries et 4% pour la filière technologique. En série professionnelle, on compte 82% de reçus soit 3% de plus qu’en 2013. Cela représente 31 000 bacheliers supplémentaires.

C’est véritablement le bac professionnel qui porte la démocratisation du bac. Depuis 1990 la bac général n’a réussi à passer que de 28% d’une génération à 38%. Le bac technologique représentait 13% des candidats en 1990 contre 16% en 2014 ce qui est moins qu’en 2000 (18%). Par contre le bac professionnel n’a cessé de progresser et de porter cet élargissement du bac. En 2000, le bac pro représentait 11% des bacheliers. En 2010 c’était 14%. La réforme du bac en trois ans a porté ce taux à 24%.

Le Tiers-Etat des bacheliers

En même temps cette démocratisation est très relative. L’étude de la Depp se garde bien d’aller voir qui sont ces bacheliers. En 2013, les enfants de cadres représentaient 35% des bacheliers généraux , 15% des bacheliers technologiques et 7% seulement des bacheliers professionnels. C’est juste l’inverse des enfants d’ouvriers : 11% des bacheliers généraux, 20% des technologiques et 25% des professionnels. On assiste en fait plutôt à une quasi fermeture sociale d’un bac général qui se hiérarchise lui -même davantage entre la filière S et les autres. L’évolution pédagogique et sociale du bac technologique le rapproche du bac général. Face à ce bloc le bac professionnel finit par réunir un tiers des bacheliers mais un tiers socialement trié, le Tiers Etat des bacheliers.

La Depp s’intéresse davantage aux inégalités régionales. On a davantage le bac dans la France de la nouvelle économie (le croissant de la Normandie aux Alpes) que dans l’ancienne France industrielle. On notera que c’est dans les académies qui scolarisent le plus d’enfants de milieu populaire que le taux de réussite est le plus élevé (Bretagne, Grenoble).

François Jarraud

Etude Depp