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« Après 18 mois de troubles, je plaide pour la sérénité ». Pas de chance pour Sébastien Sihr ! Le secrétaire général du Snuipp, le premier syndicat du primaire, débute sa conférence de presse au moment où le gouvernement démissionne suite à une intervention du ministre de l’Education nationale… Revoilà l’Ecole dans la tourmente à quelques jours de la rentrée et le syndicat sans interlocuteur rue de Grenelle. Alors que la page de la réforme des rythmes se tourne, pour le Snuipp le moment est venu d’aller au bout de la refondation. Cela passe par des moyens que le syndicat entend obtenir.

Une mise en place des rythmes chaotique

« On sort de 18 mois de troubles », explique Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, le 25 août. « Cela a créé des tensions, de la nervosité… L’école a besoin de sérénité et d’apaisement. C’est déterminant : on ne peut pas changer l’école lorsque celle-ci fait l’objet d’annonces intempestives et est le théâtre de tensions multiples ». Après deux années de conflit sur les rythmes, la généralisation des nouveaux rythmes semble acquise à la rentrée. Mais il reste à de nombreux endroits des incertitudes. Dans de nombreuses communes les communes n’ont opté que début juillet pour l’organisation de la semaine et les parents et les enseignants découvrent les nouveaux rythmes à la rentrée. Certaines communes n’ont encore rien organisé, par exemple pour la question sensible des locaux. D’autres ont changé d’orientation politique et tout remis en question. D’autres encore, selon le Snuipp, suppriment des aides aux écoles (études dirigées , clases de découverte par exemple) pour faire face aux dépenses générées par le périscolaire. Après deux années difficiles, les enseignants trouvent encore de mauvaises surprises. Le Snuipp demande la réunion des CDEN pour étudier ce qui se met en place et la création de cellules d’aide pour assister els directeurs dans les questions d’emplois du temps crées par la réforme.

Déprime et énervement chez les enseignants

Or la nervosité des enseignants est confirmée par un sondage réalisé pour le Snuipp auprès de 3000 professeurs des écoles. A cette rentrée, les enseignants du primaire se déclarent stressés (à 79%), impuissants (77%), déçus (72%), en colère (70%), motivés (69%), découragés (57%) et fiers de leur métier pour 73% d’entre eux. Un drole de cocktail d’une profession passablement bousculée. Deux enseignants sur trois sont insatisfaits de leur situation professionnelle personnelle, deux sur trois aussi envisagent leur avenir dans un autre emploi dont 20% hors éducation nationale. En tête des revendications : le salaire.

Les revendications du Snuipp

Le syndicat veut obtenir des avancées dans 3 domaines : la revalorisation, l’encadrement et la formation. « L’écart entre les enseignants du primaire et du secondaire n’a pas disparu avec l’ISAE », explique S Sihr. L’écart moyen est de 360 € alors que le niveau de formation est le même. Il n’a pas de mal à montrer que les salaires des enseignants français sont en dessous des moyennes de l’OCDE. Le taux d’encadrement des élèves au primaire est aussi éloigné de la moyenne de l’OCDE avec 26 élèves par maitre en maternelle et 23 en élémentaire. Pour mettre le taux français à hauteur du taux allemand il faudrait créer 20 000 postes, 41 260 si l’on voulait mettre l’école française à égalité avec la Finlande. Or à la rentrée il n’y a que 2355 nouveaux postes au primaire hors ESPE et 35 000 élèves en plus. Du coup on est loin des objectifs de la loi d’orientation : il n’y aura que 1725 « plus de maitres que de classes » là où il en faudrait 7000. 142 postes seulement pour la scolarisation des moins de 3 ans. Le Snuipp demandera donc la plus grande part des 9100 emplois nouveaux annoncés au budget 2015. Il demande aussi un plan massif de formation en maternelle : en trois ans former tous les enseignants soit 340 000 journées par an. Le syndicat veut aussi la fin des APC : « ce sont des ovni sans rapport avec les programmes », souligne S Sihr.

Face au changement politique

Au début de la conférence de presse de S Sihr tombe l’annonce de la démission du gouvernement. « Cela ajoute aux tensions », estime S Sihr. Quel que soit le nouveau ministre, le Snuipp veut « un interlocuteur qui pilote ». Au primaire, la rentrée commence dans la revendication, la déception et l’inquiétude.

François Jarraud

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