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Le rideau est tombé ce mercredi soir sur Ludovia11. Regroupés sous une des tentes disposées autour du Casino d’Ax les Thermes, autour d’Eric Fourcaud, Aurélie Julien, la communauté des blogueurs, twitteros et autres passionnés de Ludovia autant que du numérique dans l’éducation, ainsi que quelques chercheurs ont célébrés symboliquement la fin de cette session par une remise des prix fort conviviale (voir sur le site de Ludovia). La proximité des bains de la célèbre station thermale était bien attirante sous un chaud soleil de fin d’été, et la soirée dite de Gala était aussi la bienvenue. Si Foire il y avait, il se devait qu’il y ait une forme de célébration, comme au moyen âge, à la fin des grandes foires, ce fut la remise des prix et le repas de fin d’Université.

Si nous faisons allusion ici aux grandes foires du Moyen Âge, c’est parce que la forme de Ludovia est assez proche par certains aspects de ce que furent jadis c’est moments importants de la vie sociale, culturelle, économique, technique et intellectuelle. C’est bien ce qui caractérise les quatre (et non trois) évènements qui sont rassemblés sous le même toit (oui presque) trois jours durant : le colloque scientifique, qui apporte la thématique générale; l’université d’été qui ouvre cette thématique aux personnes intéressées et qui s’appuie sur les acteurs impliqués; les évènement associés ou périphériques (selon les années) comme le séminaire des collectivités territoriales; un espace d’échange exposition dans lequel des « vendeurs » viennent à la rencontre des participants. Chaque évènement à ses propres logiques, fonctionnements et sous évènements – comme les barcamps, explorcamps et autres ateliers.

Si les croisements entre ces quatre univers ne sont pas organisés, on peut penser qu’ils n’existent pas, ce que certains n’ont pas hésité à penser. Il est vrai qu’il est difficile d’être dans plusieurs lieux à la fois, nous en avons subi les conséquences à plusieurs reprises. Toutefois, étrangement, des échanges latéraux se font et amènent à de belles rencontrent pouvant parfois même se traduire par de belles opportunités. Les foires du Moyen âge étaient aussi ce genre de lieu. A l’époque d’ailleurs nombre de colporteurs et commerçants apportaient les informations, les techniques, les savoirs venus d’ailleurs ce qui est aussi le cas sur Ludovia.

Si nous reprenons quelques éléments de la dernière journée, entre une table ronde sur la culture numérique, une autre sur la mobilité et les ENT, nous avons pu constater des similarités importantes : même type d’intervenants, institutionnel, enseignant, professionnel. Cette configuration produit les effets escomptés entre témoignages qui permettent de comprendre ce que font les acteurs de terrain, questionnements des uns vis à vis des autres, présentation commerciale ou militante d’une activité et enfin propos institutionnels venus de personnels du ministère qui tentent d’expliquer les logiques souterraines ou peu lisibles de leur action. Ainsi M. Pinkovski nous a montré comment en EPS une tablette peut être utilisée, alors qu’à sa suite la représentante du ministère évoquait le schéma directeur des ENT pour voir comment y intégrer la mobilité tout autant que la pédagogie. Dans une autre table ronde, chacun tentait de parler de culture numérique, oubliant toutefois de définir et culture et numérique, ce qui pouvait laisser penser à des dialogues de gens parlant des langues différentes, Babel était encore un mythe. Ce qui est remarquable, c’est la bonne volonté de chacun, public compris, pour tenter d’apporter des éclairages sur des sujets qui parfois ne sont pas ceux annoncés. Mais tout ceci s’effectue dans une ambiance bon enfant et peu d’incidents sont à déplorer.

C’est dans les explorcamps et les ateliers que le fourmillement des participants est impressionnant. Les présentations autour des tables d’une dizaine de personnes sont une véritable occasion de « voir de près » ce qui se fait : témoignage, expérimentation, démonstration. Carte mentale, boitiers bibliothèque numérique d’établissement, tablettes, logiciels de réalité augmenté ou encore utilisation des lego pour réfléchir sur les espaces scolaires et leur évolution etc… des thèmes variés et pas toujours complémentaires. Tout cela alors que pendant le même temps les universitaires et autres étudiants en thèses venaient, parfois de loin, présenter leurs travaux de recherche qui avaient été retenus par le comité scientifique (animé par Michel Lavigne). Autour des évènements divers, un bruit continu accompagnait celui, bien discret des torrents locaux, celui de l’équipe des blogueurs et twitteros qui sur chaque évènement tentaient, en direct, de fournir les informations et de faire les compte rendus (comme on peut le voir sur le site)

Si pendant ces trois jours les brassages ont été nombreux, c’est autour des moments de convivialité, en particulier le déjeuner et le diner que des compléments d’échanges permettaient d’aller plus loin, parfois même sur des sujets éloignés du thème de l’université, mais c’est aussi cela une foire du Moyen âge. C’est d’ailleurs le paradoxe sympathique que d’organiser en 2014 un évènement de cette nature qui ressemble tant à des périodes qui n’ont pas connu le numérique. Saluons aussi l’initiative des organisateurs de remettre en question les modèles antérieurs pour tenter, parfois de manière audacieuse, des modalités nouvelles pour éviter de sombrer dans la routine et l’ennui. Ce fut le cas de la grande soirée inaugurale de lundi qui, commencée sur une tonalité bien traditionnelle (une table ronde autour de huit intervenants bien difficile à animer pour le maître de cérémonie, en l’occurrence Serge Pouts Lajus) a pris son envol après le diner par une « mise en scène » de la question centrale de l’université d’été, « entre consommation et création », commencée par l’annonce de la mise en ligne des contenus français de la Khan Academy suivi d’échanges très riches (voir les minutes de ce moment sur le site de Ludovia), les participants, dans la salle comme sur scène ayant du mal à quitter les lieux après 23 heures, et une heure quarante d’échanges riches entre les intervenants (Dominique Cardon et Jean François Cerisier, enseignants chercheur, Jean Marc Merriaux directeur général de CANOPE, Jérémy Lachal, président de Bibliothèque Sans Frontière).

Pour terminer ce bilan en forme de kaléidoscope quelques remarques glanées ici ou là qui peuvent inviter les organisateurs à faire évoluer la formule :

1 – Dommage que le monde des sciences et des techniques soient aussi peu présents et concernés par les échanges.

2 – La formation des adultes et des jeunes entre de plus en plus en résonnance, pourquoi se limiter au seul monde scolaire

3 – Quid dans les thématiques de l’alternance, de l’agricole

4 – Davantage d’occasions de confrontations entre les types d’acteurs est souhaité et en particulier les enseignants et les chercheurs, le colloque n’est-il pas devenu un autre entre soi, comme semblent parfois l’être les groupes d’enseignants passionnés

5 – Poursuivre dans le sens de l’animation de la soirée de lundi pour donner plus de vie à certaines rencontres et tables rondes qui n’ont de rond que le nom…

6 – Augmenter la visibilité locale et distante du travail des blogueurs et twitteros

7 – Améliorer l’information visuelle en temps réel sur place : à quelle heure, quel évènement dans chacun des lieux par un système d’affichage dynamique. On pourrait poursuivre plus longtemps ces propositions, d’ailleurs les lecteurs intéressés peuvent aussi laisser leurs contributions en commentaire de cet article.

On attend maintenant la mise en ligne des vidéos des moments qui ont été enregistrés, afin que chacun puisse en profiter et réutiliser ces temps forts qui sont autant de documents qui peuvent enrichir cours et formations des enseignants, étudiants, élèves qui n’ont pas pu avoir la chance d’être à Ax les Thermes les 25 26 et 27 aout 2014.

Les foires du Moyen âge avaient une régularité proche de celle de Ludovia, souhaitons-lui la même longévité et le même écho dans la société

Bruno Devauchelle

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