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Encore un plan numérique ? Celui-là a la particularité de se situer dans un programme gouvernemental global, « les 34 plans de la nouvelle France industrielle », et, parait-il, d’avoir le soutien de l’Elysée. Le gouvernement veut équiper 70% des écoliers et collégiens d’ici 2020 et lancer le marché de l’édition numérique éducative. Mais comment faire dans le contexte budgétaire actuel ? Comment intégrer le numérique dans les programmes scolaires ? Et pour quoi faire ?

« Je veux que la jeunesse soit toujours la priorité… Nous allons lancer un grand plan pour le numérique à l’école…Je veux que la France soit exemplaire sur le numérique à l’école. Je veux qu’on soit les meilleurs si c’est possible ». Devant les caméras, le 14 juillet, François Hollande a annoncé le lancement d’un « grand plan » pour le numérique éducatif. Encore un. Parce que l’éducation nationale en a connu une quinzaine depuis le début du siècle qui, à l’exception du plan Ecole numérique rurale, n’ont pas abouti à grand chose. Mais si Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, puis Benoît Hamon se sont exprimés sur le même sujet, pour ce plan ci c’est bien l’Elysée qui garde la main sur le projet. Autant de raisons de faire le point avec l’équipe ministérielle sur ce que sera ce plan.

A l’origine, un constat fait par Benoît Hamon le 2 juillet devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale : « 97% des enseignants jugent que le numérique est un atout pour les élèves mais seulement 5% l’exploite en classe ». Des chiffres qui ont pu étonner mais qui sont sortis de l’étude Profetic publiée par l’Education nationale en 2012. Neuf enseignants sur dix jugent utile l’utilisation des TIC à l’école mais seulement 5% les utilisent quotidiennement en classe. L’enquête montre aussi que les seuls usages du numérique qui progressent sont les applications administratives (les notes, le cahier de textes) et les échanges avec les parents. Utiliser les TIC pour « individualiser l’apprentissage et faire travailler les élèves en autonomie » est même en baisse. Il y a à cela des raisons, que B. Hamon n’a pas mentionnées : la taille des groupes classes arrive en premier devant les insuffisances du matériel. Qu’importe ! Le ministre a retenu la nécessité d’équiper massivement les écoles, encore trop peu dotées, et les collèges.

L’Education nationale peut d’autant mieux se lancer dans ce plan numérique qu’elle ne puise pas sur son budget. Le programme s’insère dans les « 34 plans de la nouvelle France industrielle » pilotés par Bercy. Un vaste projet doté d’une vingtaine de milliards d’euros dont on attend la création de 500 000 emplois. Parmi les 34 plans, « e-Education » est crédité par Arnaud Montebourg le 10 juillet de 700 millions d’euros. Au ministère on préfère dire que le plan se situera entre 700 et 800 millions, tous les arbitrages n’ont pas été faits.

Ce qui est décidé c’est un vaste effort d’équipement. Le plan e-education se fixe comme objectif 70% des collégiens et lycéens dotés d’une tablette PC d’ici 2020. Second objectif : 60% des crédits pour ressources pédagogiques dirigé vers le numérique. « On veut créer un marché du numérique éducatif », dit-on dans l’entourage du ministre. Le budget total serait donc divisé en deux entre ces deux objectifs. 350 millions environ alimenteront un fonds d’amorçage pour l’équipement en tablettes. Autrement dit l’effort principal sera porté par les collectivités territoriales : communes pour les écoles et départements pour les collèges. Sur les 3 milliards environ que couterait ce plan d’équipement, seulement 10% sera porté par l’Etat et 90% par les collectivités territoriales. L’idée du fonds d’amorçage rappelle la réforme des rythmes scolaires. Mais, au ministère, on ne craint pas une nouvelle grogne des maires et des conseils généraux. « La plupart investisse déjà dans du matériel numérique », entend-on rue de Grenelle. « On va les aider à continuer et veiller à l’égalité entre elles ». Dans les points qui restent à trancher il y a les destinataires du fonds d’amorçage. Sera-t-il destiné à toutes les communes, comme pour les rythmes ? Ou ciblera-t-il les communes pauvres ? En tous cas, le ministère attend de cet effort qu’il permette d’assurer une coordination entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Environ 300 millions seront consacrés à l’achat de ressources numériques. La volonté de l’éducation nationale s’appuie sur un rapport de l’Inspection générale qui avait travaillé en 2013 sur le marché du numérique. L’idée c’est bien de créer un marché. Mais c’aussi d’assurer le contrôle étatique sur le numérique éducatif, comme le recommandait ce rapport. Si 60% des crédits de ressources pédagogiques devront être dirigés d’ici 2020 vers le numérique, l’accès aux ressources devra passer par des plateformes labellisées par l’Etat. On se défend au ministère de toucher à la liberté éditoriale. On avance l’argument de la protection devant la collecte d’informations sur les usages des élèves, la lutte contre le « data mining » que les entreprises pourraient faire et même le souci d’interopérabilité avec les ENT. Mais le plan permettrait aussi d’aboutir à ce que le ministère n’a jamais réussi avec les manuels papiers : orienter les choix des enseignants vers des ressources conformes aux souhaits de l’institution.

Et puis il y a l’enseignement du code. Benoît Hamon a annoncé le 13 juillet  » une initiation au code informatique, de manière facultative et sur le temps périscolaire » au primaire. Un appel d’offres vers les associations a été lancé et elles devraient suivre une formation dans l’année scolaire. Ce n’est donc pas à la rentrée 2014 mais à celle de 2015 que les écoliers seront exposés à cet apprentissage. Et l’Education nationale ? Le Conseil supérieur des programmes souhaite intégrer l’enseignement du code à l’école et au collège. Le ministre chargera dans les prochains jours un inspecteur général d’une mission de propositions sur l’intégration de cet enseignement dans l’école obligatoire. A vrai dire, au ministère, on associe enseignement du code et initiation au numérique. Apprendre à envoyer un mail et comprendre qu’il passe par des serveurs fait partie des apprentissages souhaités. Cet enseignement sera-t-il spécifique ou interdisciplinaire ? La question n’est pas tranchée rue de Grenelle.

A quel calendrier les enseignants doivent-ils se préparer ? Contrairement à ce qui a été annoncé, l’enseignement du code débuterait à la rentrée 2015 dans le périscolaire au primaire. A l’école et au collège, il faudra attendre la rentrée 2016 pour que l’enseignement du code prenne forme dans les enseignements. Les dotations matérielles et l’achat de ressources seront étalés d’ici 2020. François Hollande réunira les ministres concernés fin juillet et probablement préciser le calendrier. Mais dès maintenant on espère régler avec ce programme d’équipement la question de la maintenance du matériel informatique. Depuis 2012, l’Etat promet de trouver un accord avec les collectivités territoriales sur ce point. On n’en parle plus mais on espère, avec le renouvellement du matériel que la maintenance sera assurée par les distributeurs.

Mais bien des questions demeurent. A commencer par les objectifs poursuivis par l’enseignement du code et la dotation en équipement. Pour B. Hamon,  » l’école ne peut ignorer l’importance du numérique… Il s’agit de donner à tous les clés pour agir dans un monde toujours plus « connecté ». Il ne s’agit pas de faire de tous les collégiens des développeurs mais de détecter des talents, de susciter des vocations pour un secteur stratégique dans la compétition mondiale ».

Autrement dit, le plan se nourrit d’objectifs contradictoires qui s’appuient sur des lobbys différents. Il y a un programme économique qui inclut la formation d’ingénieurs informatique dont le pays a besoin mais dont la sélection devrait être opérée au plus tard au lycée. C’est l’idée de créer une nouvelle série S élitiste qui sélectionnerait de très bons élèves et les dirigerait vers ces métiers. Mais il y aussi l’idée de raccrocher des décrocheurs en leur proposant une formation nouvelle plus en accord avec leur culture. Le choix entre un enseignement à part et un enseignement interdisciplinaire illustre aussi ces hésitations. L’enseignement à part pourrait conduire au renforcement de l’élitisme. L’interdisciplinaire serait difficile à mettre en place. L’idée d’intégrer dans les disciplines semble peu avancée mais il est vrai qu’elle heurterait des lobbys disciplinaires. Du coup le flou gagne la formation des enseignants et seule celle des cadres est envisagée dans la circulaire de rentrée. Le plan e-education bénéficie enfin d’une volonté politique forte. Mais pour quels objectifs ?

François Jarraud

Les 34 plans

http://www.economie.gouv.fr/nouvelle-france-industrielle

Hamon dans le JDD

http://www.lejdd.fr/Societe/Hamon-Le-code-informatiqu-a-l-ecole-des-s[…]

L’enquête profetic

http://eduscol.education.fr/cid60867/l-enquete-profetic.html

Numérique : Un bilan d’année en demi-teinte

« Finalement, tout le monde trouve un intérêt à cette demi-teinte, à cette absence de décision qui se confirme chaque jour à propos du numérique en éducation ». Bruno Devauchelle fait un bilan de l’année scolaire.  » Ce qui manque, essentiellement, c’est une vision plus globale, non pas du numérique mais d’une société qui évolue dans un cadre numérique… On va continuer d’installer des matériels, développer des environnements logiciels, parler de pédagogie sans jamais en faire, mais surtout ne pas toucher à l’école et à tout ce qui la rend de plus en plus imperméable au numérique. »

Les sujets récurrents, marronniers pour les spécialistes, nous avaient attirés vers les vacances numériques. Mais un petit coup d’œil dans le rétroviseur nous a ramené à des réalités plus simples mais aussi plus cruelles. Un autre marronnier a émergé, celui du bilan de fin d’année, sorte d’examen de passage : vais-je avoir le droit de revenir l’année prochaine dans la classe supérieure ? Fort heureusement nous n’avons pas cédé à la traditionnelle remise des prix et autre cérémonies commémoratives et évocatrice d’un rite de passage. Finalement c’est entre les deux que nous allons essayer d’avancer pour ce dernier billet de l’année scolaire 2013 – 2014.

Premier point : le changement de ministre. Bof ! Le développement des Moocs, oui mais Bof ! Les classes inversées, bon mais Bof ! Les tablettes, alors là carrément Bof ! Quant aux TBI et autres VNI, ENT, CTN et tous les acronymes qui ont succédé aux précédents, Bof ! Deuxième point : Les changements en pédagogie. Bof ! L’évolution de l’organisation de la scolarité, Bof ! Le B2i, Le C2i2e, Bof !

On pourrait continuer à citer toutes ces « demi teintes » qui peuplent l’univers scolaire face au numérique. En fait il semble bien que les masques soient en voie de tomber : sauter sur toutes les nouveautés technologiques pour faire croire aux nouveautés pédagogiques ne marche pas ou plus. Penser que le numérique suffira pour « révolutionner » l’enseignement est une belle illusion. Penser qu’il suffira d’introduire l’enseignement du code pour résoudre tous les problèmes posés par la généralisation du numérique dans la vie quotidienne est bien évidemment un leurre. Penser aussi que cela va sauver l’industrie du secteur en est un autre.

Et il y a cette sourde résistance, ô combien efficace et redoutable, des acteurs du quotidien : de l’enseignant au personnel de direction; de l’inspecteur à sa hiérarchie; du parent à l’élève; du constructeur au commerçant : finalement, tout le monde trouve un intérêt à cette demi-teinte, à cette absence de décision qui se confirme chaque jour à propos du numérique en éducation. Et cet intérêt, c’est de maintenir une sorte de non décision permanente, un flou politique et stratégique qui finalement permet au numérique de continuer à se déployer avec les logiques propres de ses concepteurs et promoteurs, empêchant toute parole forte qui viserait à mettre ces acteurs sous contrôles d’une vraie vision de l’humain dans un monde numérique.

Car ce qui manque, essentiellement, c’est une vision plus globale, non pas du numérique mais d’une société qui évolue dans un cadre numérique. Et dans cette société il y aurait des lieux qui permettraient à chacun, jeunes et moins jeunes d’accéder aux savoirs, de pouvoir se les approprier et d’en faire « bon usage ». Enfermées que nos sociétés sont dans une histoire scolaire issue des penseurs du XXVIIIe siècle, elles ont du mal à entrer dans celle que le numérique, paradoxalement met à jour, celle de l’incertain et de l’incomplétude. Car le numérique, qui présente le summum du rationnel avec ses simples zéro et un, ses algorithmes que l’on croit implacables, de ces réseaux que l’on pense parfaits, de ces langages qui finalement ne parviennent pas à répondre réellement aux besoins de nos sociétés, le numérique révèle surtout l’incertain, le presque, l’incomplet, certain diraient aussi l’humain.

A croire que le numérique va faire changer la pédagogie et résoudre les problèmes de l’école, on a oublié de regarder ce qui se passe réellement. Le numérique a tellement amplifié la différence individuelle, tellement incité à la prise en compte de chacun, au nom d’un duo libéral libertaire, qu’il met en relief ce qui est un élément fondamental de la socialisation par la scolarisation : le passage de l’individuel au collectif. Certes le numérique n’est pas seul, il accompagne, encourage amplifie ces mutations fondamentales de la famille (berceau de la transmission), du travail (berceau du partage d’activité), de l’urbanisation, déruralisation (berceau du bien commun). Mais il est là, en renfort, en soutien, en étayage, proposant aujourd’hui, grâce aux réseaux d’aller voir ailleurs. L’espace a changé de dimension en trente ou quarante ans.

Cette impression de demi-teinte est donc là. Des actions nombreuses et médiatisées, mais pas d’analyse globale. L’école est là et bien là. Qu’elle ne bouge pas. Chacun de nous est d’ailleurs complice de cette immobilité, élèves, parents, enseignants, institution, incapables, voire paralysés face aux enjeux pourtant perçus, mais pas travaillés. Alors on va continuer d’installer des matériels, développer des environnements logiciels, parler de pédagogie sans jamais en faire, mais surtout ne pas toucher à l’école et à tout ce qui la rend de plus en plus imperméable au numérique. Il faut espérer que l’on va pouvoir engager sur une durée suffisamment longue des états généraux, sans complaisance, de l’institution scolaire. Même le socle commun, pourtant voté par tous, n’a pas réussi à faire bouger les lignes. Peut-être un électrochoc lié au numérique peut-il amener les pouvoirs publics, à tous les niveaux, mais aussi les citoyens à, enfin, réfléchir au sens de leur école dans un monde numérisé.

Alors arrivent les vacances. Les élèves vont se dépêcher d’oublier ce qu’ils ont appris, car cela ne servira plus à grand-chose. Les enseignants vos déjà préparer l’année à venir et oublier celle-ci pour mieux la reproduire. Les innovateurs de toutes sortes vont aller à la pèche aux innovations en espérant pouvoir poursuivre leur quête du graal de la reconnaissance. Les personnels de direction et les cadres vont s’empresser de remettre de l’ordre dans la machine. Quant à leur hiérarchie elle va se contenter, qu’une année de plus, le numérique n’ait pas mis l’institution « cul par-dessus tête » et que même parfois elle ait servi les desseins du statu quo, de la moyennisation scolaire.

Bonnes vacances à tous

Bruno Devauchelle

Toutes les chroniques de B Devauchelle

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2012_BDevauchelle.aspx

Une étude montre les enjeux des usages des tablettes à l’école

Alors que le gouvernement a décidé d’équiper tous les écoliers et collégiens de tablettes PC d’ici 2020, baptisée ExTaTe, l’étude dirigée par François Villemonteix ne prétend pas démontrer que les tablettes vont régler les problèmes de l’école ou les aggraver. Elle suit leur scolarisation dans quelques écoles et observe ce qui se passe. L’étude montre surtout la nécessité d’accompagner les équipes enseignantes dans les usages.

« Les points de vue sont ponctuels et circonstanciels, ils ne peuvent constituer à eux seuls la base d’un discours général sur l’utilisation des tablettes à l’école primaire ». Nous voilà prévenus. L’étude de François Villemonteix concerne un nombre réduit d’écoles utilisatrices de tablettes Ipad et Android. Elle ne prétend pas répondre à « la » questions de l’efficacité pédagogique des tablettes mais observe avec finesse les questions adressées aux enseignants et à l’encadrement (IEN) quand les tablettes paraissent.

« L’un des changements concerne la gestion par les élèves de leur activité », note l’étude. « La tablette, par son absence de latence et par sa présence sur la zone de travail de l’élève, la rend mobilisable à tout instant par ce dernier et contribue à rationaliser son activité. Les phases préliminaires à la réalisation d’une tâche sont rapidement franchies au profit de la tâche elle-même. Cette contraction du temps se ressent aussi dans la tâche elle-même où l’élève peut mobiliser une ressource d’appui au profit d’une tâche. « Il n’y a plus de rupture dans la chaîne, dans le plaisir de lire, parce que le gamin qui ne connaît pas un mot, il clique dessus, la définition tout de suite ». Un enseignant y voit également un intérêt du point de vue de la gestion d’élèves ayant plus de difficulté à se concentrer sur des tâches d’une durée importante », note F Villemonteix.

L’étude comprend des analyses précises des usages en maths et en français. Ainsi, en français « comment transforme-t-elle l’organisation de l’activité d’écriture dans une dynamique de démarches innovantes ? », interroge F Villemonteix. « Alors que les séances avec les exerciseurs n’ont pas une véritable spécificité, hormis la structure classe qu’elles induisent, les séances articulant oral/écrit ou texte/image en ont une, car elles sont susceptibles de modifier le rapport à l’écriture scolaire. Cela peut éventuellement aider les enseignants à proposer des situations d’écriture innovantes, en rupture avec les différents jets traditionnels et l’application de modèles, s’ouvrant à une littératie plus conforme aux utilisations de l’information écrite de la vie quotidienne en vue d’atteindre des buts personnels ou d’étendre ses connaissances hors la classe L’étude met à jour des cas d’usages pertinents, à valeur ajoutée pour les élèves et qui s’accompagnent d’une réflexion approfondie de la part des enseignants, autant sur des considérations didactiques et pédagogiques que sur d’autres plus techniques ou relevant de l’ergonomie des applicatifs mobilisés, dans un système d’instruments plus large ».

L’étude conclut en montrant l’importance de la formation et de l’accompagnement des enseignants. Elle invite les collectivités à mettre en place les infrastructures nécessaires.

L’étude

http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Primaire/40/6/Extate_rapp[…]

Tablettes : Des effets positifs au primaire selon une étude suisse

« Quels sont les usages pédagogiques réalisés par les enseignantes et les élèves dans le cadre d’activités médiatisées par la tablette tactile ? Quelles sont les manifestations positives et négatives perçues et observables liées à l’usage des tablettes tactiles ? » Loïc Boujol rend compte de ses observations des usages de tablettes dans des écoles primaires du canton de Genève dans un mémoire de master.

Pour lui, « la motivation chez les élèves semble être l’élément visible le plus incontestable lors de l’usage de tablettes tactiles… Les élèves ont fait preuve d’un engagement dans la tâche qui n’avait jusque-là jamais été observé par les enseignantes… De plus, plusieurs activités médiatisées par les tablettes ont démontré des manifestations accrues d’opérations cognitives complexes chez les élèves, notamment en français, géométrie et géographie. Il semblerait que la motivation ressentie par les élèves augmente celle des enseignantes par effet de « contagion » et favoriserait la réflexion et la créativité autour des futurs usages de la tablette chez les enseignantes ».

L’étude souligne aussi la collaboration accrue entre les élèves et le développement de leurs compétences numériques (au rebours des affirmations de Prensky sur les Digital Natives). Il conclue comme Karsenty et Fievez:  » ce ne sont ni les technologies ni les tablettes tactiles qui favoriseront la motivation ou la réussite des jeunes, mais bien les usages qui en seront faits, tant par les enseignants que par les élèves. »

L’étude

http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article301

L’étude Extate publiée fin juillet

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/07/29072014Article6[…]

Ludovia 2014

Le rideau est tombé ce mercredi soir sur Ludovia11. Regroupés sous une des tentes disposées autour du Casino d’Ax les Thermes, autour d’Eric Fourcaud, Aurélie Julien, la communauté des blogueurs, twitteros et autres passionnés de Ludovia autant que du numérique dans l’éducation, ainsi que quelques chercheurs ont célébrés symboliquement la fin de cette session par une remise des prix fort conviviale (voir sur le site de Ludovia). La proximité des bains de la célèbre station thermale était bien attirante sous un chaud soleil de fin d’été, et la soirée dite de Gala était aussi la bienvenue. Si Foire il y avait, il se devait qu’il y ait une forme de célébration, comme au moyen âge, à la fin des grandes foires, ce fut la remise des prix et le repas de fin d’Université.

Si nous faisons allusion ici aux grandes foires du Moyen Âge, c’est parce que la forme de Ludovia est assez proche par certains aspects de ce que furent jadis c’est moments importants de la vie sociale, culturelle, économique, technique et intellectuelle. C’est bien ce qui caractérise les quatre (et non trois) évènements qui sont rassemblés sous le même toit (oui presque) trois jours durant : le colloque scientifique, qui apporte la thématique générale; l’université d’été qui ouvre cette thématique aux personnes intéressées et qui s’appuie sur les acteurs impliqués; les évènement associés ou périphériques (selon les années) comme le séminaire des collectivités territoriales; un espace d’échange exposition dans lequel des « vendeurs » viennent à la rencontre des participants. Chaque évènement à ses propres logiques, fonctionnements et sous évènements – comme les barcamps, explorcamps et autres ateliers.

Si les croisements entre ces quatre univers ne sont pas organisés, on peut penser qu’ils n’existent pas, ce que certains n’ont pas hésité à penser. Il est vrai qu’il est difficile d’être dans plusieurs lieux à la fois, nous en avons subi les conséquences à plusieurs reprises. Toutefois, étrangement, des échanges latéraux se font et amènent à de belles rencontrent pouvant parfois même se traduire par de belles opportunités. Les foires du Moyen âge étaient aussi ce genre de lieu. A l’époque d’ailleurs nombre de colporteurs et commerçants apportaient les informations, les techniques, les savoirs venus d’ailleurs ce qui est aussi le cas sur Ludovia.

Si nous reprenons quelques éléments de la dernière journée, entre une table ronde sur la culture numérique, une autre sur la mobilité et les ENT, nous avons pu constater des similarités importantes : même type d’intervenants, institutionnel, enseignant, professionnel. Cette configuration produit les effets escomptés entre témoignages qui permettent de comprendre ce que font les acteurs de terrain, questionnements des uns vis à vis des autres, présentation commerciale ou militante d’une activité et enfin propos institutionnels venus de personnels du ministère qui tentent d’expliquer les logiques souterraines ou peu lisibles de leur action. Ainsi M. Pinkovski nous a montré comment en EPS une tablette peut être utilisée, alors qu’à sa suite la représentante du ministère évoquait le schéma directeur des ENT pour voir comment y intégrer la mobilité tout autant que la pédagogie. Dans une autre table ronde, chacun tentait de parler de culture numérique, oubliant toutefois de définir et culture et numérique, ce qui pouvait laisser penser à des dialogues de gens parlant des langues différentes, Babel était encore un mythe. Ce qui est remarquable, c’est la bonne volonté de chacun, public compris, pour tenter d’apporter des éclairages sur des sujets qui parfois ne sont pas ceux annoncés. Mais tout ceci s’effectue dans une ambiance bon enfant et peu d’incidents sont à déplorer.

C’est dans les explorcamps et les ateliers que le fourmillement des participants est impressionnant. Les présentations autour des tables d’une dizaine de personnes sont une véritable occasion de « voir de près » ce qui se fait : témoignage, expérimentation, démonstration. Carte mentale, boitiers bibliothèque numérique d’établissement, tablettes, logiciels de réalité augmenté ou encore utilisation des lego pour réfléchir sur les espaces scolaires et leur évolution etc. : des thèmes variés et pas toujours complémentaires. Tout cela alors que pendant le même temps les universitaires et autres étudiants en thèses venaient, parfois de loin, présenter leurs travaux de recherche qui avaient été retenus par le comité scientifique (animé par Michel Lavigne). Autour des évènements divers, un bruit continu accompagnait celui, bien discret, des torrents locaux, celui de l’équipe des blogueurs et twitteros qui sur chaque évènement tentaient, en direct, de fournir les informations et de faire les compte rendus (comme on peut le voir sur le site)

Si pendant ces trois jours les brassages ont été nombreux, c’est autour des moments de convivialité, en particulier le déjeuner et le diner que des compléments d’échanges permettaient d’aller plus loin, parfois même sur des sujets éloignés du thème de l’université, mais c’est aussi cela une foire du Moyen âge. C’est d’ailleurs le paradoxe sympathique que d’organiser en 2014 un évènement de cette nature qui ressemble tant à des périodes qui n’ont pas connu le numérique. Saluons aussi l’initiative des organisateurs de remettre en question les modèles antérieurs pour tenter, parfois de manière audacieuse, des modalités nouvelles pour éviter de sombrer dans la routine et l’ennui. Ce fut le cas de la grande soirée inaugurale de lundi qui, commencée sur une tonalité bien traditionnelle (une table ronde autour de huit intervenants bien difficile à animer pour le maître de cérémonie, en l’occurrence Serge Pouts Lajus) a pris son envol après le diner par une « mise en scène » de la question centrale de l’université d’été, « entre consommation et création », commencée par l’annonce de la mise en ligne des contenus français de la Khan Academy suivi d’échanges très riches (voir les minutes de ce moment sur le site de Ludovia), les participants, dans la salle comme sur scène ayant du mal à quitter les lieux après 23 heures, et une heure quarante d’échanges riches entre les intervenants (Dominique Cardon et Jean François Cerisier, enseignants chercheur, Jean Marc Merriaux directeur général de CANOPE, Jérémy Lachal, président de Bibliothèque Sans Frontière).

Pour terminer ce bilan en forme de kaléidoscope quelques remarques glanées ici ou là qui peuvent inviter les organisateurs à faire évoluer la formule :

1 – Dommage que le monde des sciences et des techniques soient aussi peu présents et concernés par les échanges.

2 – La formation des adultes et des jeunes entre de plus en plus en résonnance, pourquoi se limiter au seul monde scolaire

3 – Quid dans les thématiques de l’alternance, de l’agricole

4 – Davantage d’occasions de confrontations entre les types d’acteurs est souhaité et en particulier les enseignants et les chercheurs, le colloque n’est-il pas devenu un autre entre soi, comme semblent parfois l’être les groupes d’enseignants passionnés

5 – Poursuivre dans le sens de l’animation de la soirée de lundi pour donner plus de vie à certaines rencontres et tables rondes qui n’ont de rond que le nom…

6 – Augmenter la visibilité locale et distante du travail des blogueurs et twitteros

7 – Améliorer l’information visuelle en temps réel sur place : à quelle heure, quel évènement dans chacun des lieux par un système d’affichage dynamique. On pourrait poursuivre plus longtemps ces propositions, d’ailleurs les lecteurs intéressés peuvent aussi laisser leurs contributions en commentaire de cet article.

On attend maintenant la mise en ligne des vidéos des moments qui ont été enregistrés, afin que chacun puisse en profiter et réutiliser ces temps forts qui sont autant de documents qui peuvent enrichir cours et formations des enseignants, étudiants, élèves qui n’ont pas pu avoir la chance d’être à Ax les Thermes les 25 26 et 27 aout 2014.

Les foires du Moyen âge avaient une régularité proche de celle de Ludovia, souhaitons-lui la même longévité et le même écho dans la société

Bruno Devauchelle

Ludovia démarre

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/26082014Article6[…]

Ludovia J2

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/27082014Article6[…]

Les explorcamps

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/27082014Article6[…]

Des élèves conférenciers

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/28082014Article635[…]

Histoire geo et tablettes

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/28082014Article63[…]

Cyber-Langues 2014

De nombreux enseignants, formateurs, chercheurs, producteurs d’outils multimédia passionnés de TICE se sont retrouvés à Rennes du 25 au 27 août pour échanger et partager autour de leurs pratiques concrètes. Organisée par l’association ‘Cyber-Langues’ sous le thème : « Mobilité et numérique/ l’éducation 2.0?», la 14ème édition a un programme alléchant, combinant des conférences, des retours d’expérience, mais également des ateliers pratiques.

Parmi les thèmes abordés cette année, les tablettes ont la part belle. Laurent Carlier invite à en découvrir le potentiel pour l’enseignement du FLE. Mélanie Auriel partage son expérience de responsable territoriale du déploiement de tablettes dans les collèges du Morbihan. Jürgen Wagner montre comment faire du Storytelling en cours d’allemand avec des applications telles Tellagami. Bruno Peyron (université Sophia de Tokyo) présente une méthode d’apprentissage des langues associant son, image et toucher. D’autres interventions parlent des réseaux sociaux et des Moocs pour l’apprentissage des langues. Découvrez le reportage de Christian Jaeglin.

Le dossier spécial

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Cyber-Langues2014/default.aspx