Print Friendly, PDF & Email

« C’est aussi une histoire de dignité que de donner à ces jeunes des quartiers populaires un bel établissement ». Le nouveau lycée du Bourget répond bien à cette demande d’Henriette Zoughebi, vice présidente du conseil régional d’Ile-de-France en charge des lycées. On voit de loin sa silhouette de brique rouge surmontée d’éoliennes. Pour les enseignants, le lycée pourrait aussi devenir exemplaire par sa façon d’accueillir et d’accompagner les élèves.

Ni Marie, ni Carine, ni Mohamed n’ont choisi le lycée. Recrutés sur secteur dans le respect de la carte scolaire, ils appréhendaient d’être les premiers dans un établissement où il n’y aurait que des secondes. Mais finalement ils trouvent qu’au nouveau lycée du Bourget « les professeurs sont posés ». Entendez qu’on peut parler avec eux.

Vendredi 5 septembre, ils participent à l’inauguration du nouveau lycée par Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional, en présence d’Henriette Zoughebi, Béatrice Gille, rectrice de Créteil, Stéphane Troussel, président du Conseil général de Seine Saint-Denis et Yannick Trigance, secrétaire national PS à l’éducation.

Installé dans les anciens locaux années 30 de l’IUFM, le nouveau lycée accueillera à terme 650 élèves du secteur. A cette rentrée, 7 classes de seconde ont ouvert. S’y ajoutent une cinquantaine d’élèves du micro-lycée de La Courneuve, installé dans les batiments du Bourget. « Le micro-lycée va irriguer le lycée », estime Jean-Paul Huchon. En effet, les professeurs du microlycée enseignent aussi au lycée. Surtout leur projet influe sur le fonctionnement des autres enseignants du lycée, nommés selon les règles normales.

Du micro lycée, le lycée du Bourget a repris la préoccupation de lutter contre le décrochage, le tutorat, l’interdisciplinarité, la concertation entre enseignants. A coté des enseignements traditionnels, les élèves ont 2h15 d’enseignement interdisciplinaire par semaine avec deux enseignants. Ces heures conçus sur le modèle des TPE sont installées sur l’horaire des enseignements d’exploration. Les heures d’accompagnement personnalisé deviennent des heures en groupe de suivi où chaque enseignant travaille avec un groupe d’une dizaine d’élèves. Deux heures d’étude encadrée sont aussi à l’emploi du temps des élèves qui font un total de 29 heures hebdomadaires. Les professeurs ont aussi 1,5 heure (payée 1 heure) de concertation hebdomadaire à leur service. Pour l’équipe rédactrice du projet il s’agit « d’offrir à l’équipe éducative une professionnalité plurielle », dans l’esprit du nouveau métier défini l’an dernier. Pour Solenn Pédurant, professeure d’anglais, « la grosse différence au Bourget c’est l’esprit d’équipe entre nous. Les élèves l’ont senti ». « On est néo titulaires, on n’a pas été associées au projet mais on se sent en accord », affirme Coline Charpentier, une jeune professeure d’histoire-géographie. « On a adhéré à la façon dont on pense l’évaluation, à l’envie de bien faire les choses ». Justement sur l’évaluation, « on s’est mis d’accord sur les compétences à valider mais l’évaluation non chiffrée dépendra de chaque professeur ».

L’architecture du lycée répond aussi à ces objectifs pédagogiques. Les élèves disposent d’un foyer ouvert sur le CDI et sur le hall d’entrée. Le CDI comprend une dizaine de petites salles où les élèves peuvent travailler en groupe sans déranger les voisins. Un amphithéâtre permet de regrouper des classes pour accueillir des intervenants. Tout le bâtiment est d’une grande qualité phonique. Avec sa tour éclairée et ses éoliennes, il ne passe pas inaperçu. « Que le lycée soit un point de repère dans le paysage urbain c’est important » , estime Henriette Zoughebi. « Ca donne de l’énergie aux jeunes ». Le lycée représente un investissement de 29 millions pour la région auxquels s’ajoutent 500 000 euros de matériel pédagogique, essentiellement numérique. « Il répond aux besoins démographiques du secteur », rappelle H Zoughébi. « Mais aussi à l’effort particulier que fait la région pour les quartiers populaires ». En Seine Saint-Denis, 2015 devrait voir le chantier d’un nouveau lycée dans la Plaine Saint-Denis. En 2016, c’est un nouveau lycée international qui ouvrira à Noisy-le-Grand.

François Jarraud