Print Friendly, PDF & Email

« Que l’on soit né à Noisy, à Neuilly ou à Evry, on a droit à la même chance. Chacun doit pouvoir accéder à une formation de haut niveau ». En inaugurant le 5 septembre, le collège international de Noisy-le-Grand, le premier ministre a fixé comme objectif la lutte contre les inégalités à l’Ecole. Un bel objectif que son gouvernement aura bien du mal à atteindre.

« Pendant longtemps l’Ecole a été délaissée et déconsidérée« , a expliqué Manuel Valls le 5 septembre lors de l’inauguration du collège international de Noisy-le-Grand. Doté d’un internat, ce collège est un des 12 établissements inaugurés à cette rentrée par le Conseil général de Seine Saint-Denis totalement mobilisé pour la réussite des collégiens. « Il faut donner une même chance à tous les enfants de France », poursuit M Valls. « On doit tout faire pour que l’Ecole soit une chance pour tous les enfants . Il faut mener une lutte acharnée contre les inégalités… Tous les chantiers pédagogiques doivent y participer. Ce sera le cas de la réforme du collège ». Ainsi le premier ministre donne à N Vallaud-Belkacem la même feuille de route qu’à Benoit Hamon.

Depuis PISA 2012, on sait que le système éducatif français est parmi les plus inégalitaires. C’est celui où l’origine sociale compte le plus pour la réussite scolaire. Une étude Insee récente montre que l’on a deux fois plus de chances de redoubler quand on vient d’un milieu populaire que d’un milieu favorisé. Quand on est étranger le risque est multiplié par trois. C’est celui où les inégalités sont fortes entre les enseignants eux-mêmes, par exemple entre primaire et secondaire. Ou encore entre enseignants des grands centre villes et enseignants des banlieues. Non seulement l’ancienneté n’est pas la même mais le pourcentage de professeurs contractuels est beaucoup plus fort en banlieue. C’est aussi celui où l’effort financier est inversement proportionnel aux difficultés sociales. Certes, le plan pour l’éducation prioritaire accorde des moyens nouveaux aux Rep+. C’est aussi un système éducatif où on dépense deux fois plus pour un jeune de CPGE, très majoritairement issu d’une famille favorisée, que pour un collégien.

Autrement dit les inégalités structurent l’ensemble du système éducatif. Elles sont étroitement associées aux valeurs du système qui font que plus on se rapproche de l’élite plus on dispose de moyens. Des notions tellement bien intégrées qu’elles sont acceptées dans le corps enseignant où on accepte des écarts de rémunération sensibles au détriment des enseignants exerçant dans les situations les plus difficiles.

Lutter contre les inégalités ce serait donc inverser aussi l’ordre des valeurs, faire bouger les représentations que l’Ecole a d’elle même. Vincent Peillon, qui disposait d’une situation politique bien meilleure, avait tenté de le faire en s’attaquant aux inégalités les plus criantes. Mal lui en a pris.

François Jarraud

Comment réduire les inégalités