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Si les enseignants français ont des salaires inférieurs à la moyenne de l’OCDE, l’octroi de primes et d’avantages pour les enseignants des lycées creuse l’écart avec les salaires des professeurs du primaire. C’est un des principaux enseignements de Regards sur l’Education avec l’inadaptation de la formation des enseignants.

Les heures sup’ creusent l’écart..

« En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le salaire statutaire (c’est-à-dire primes et paiement des heures supplémentaires non inclus) des enseignants ayant au moins 15 ans d’exercice à leur actif s’établissait en 2012 à 37 350 USD (contre 33 994 USD en France) dans l’enseignement préprimaire, à 39 024 USD (contre 33 994 USD en France) dans l’enseignement primaire, à 40 570 USD (contre 37 065 USD en France) dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, et à 42 861 USD (contre 37 355 USD en France) dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire ». Seul le salaire des enseignants à l’échelon maximum est supérieur à la moyenne de l’OCDE mais pour y accéder il faut au minimum 29 années d’ancienneté contre 24 en moyenne dans l’OCDE.

Voilà pour le salaire statutaire. Car pour le salaire réel , selon l’OCDE, la situation est différente. « En France », poursuit Regards sur l’Education, l’écart de salaire effectif moyen entre les enseignants de l’enseignement préprimaire et ceux du deuxième cycle de l’enseignement secondaire s’établit à près de 30 %, tandis que l’écart de salaire statutaire entre les enseignants (ayant 15 ans d’exercice à leur actif) de ces deux niveaux n’est, par exemple, que de 10 %. Ces différences s’expliquent en partie par la diversité des politiques d’octroi de primes entre le premier et le second degré, mais aussi par l’âge des enseignants du préprimaire, plus jeunes en moyenne que ceux du secondaire ».

Monter pour avoir un salaire normal

Ce qu’il faut retenir c’est qu’en France, plus on enseigne à un niveau élevé d’enseignement plus le salaire réel est proche de celui des actifs diplômés de l’enseignement supérieur dans le privé. « Ainsi, le salaire des enseignants en poste dans l’enseignement primaire représente, en France, 72 % du salaire d’autres actifs occupés diplômés de l’enseignement tertiaire âgés de 25 à 64 ans et travaillant à temps plein toute l’année (contre 85 % en moyenne OCDE). Ce pourcentage du revenu de référence représente en France 86 % dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (contre 88 % en moyenne OCDE) et 95 % dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (contre 92 % en moyenne OCDE) », note l’OCDE. Le système éducatif décourage donc les enseignants d’exercer là où leur savoir faire est le plus utile : sur l’enseignement obligatoire, à l’école et au collège. Pour trouver un niveau de rémunération normal ils doivent viser plus haut. Cette situation a à voir avec la crise du recrutement. Les diplômés ne sont pas incités à enseigner à l’école ou au collège.

L’inégalité existe aussi dans les temps de service. « Il n’y a qu’en France, en Grèce, en Indonésie, en Israël, en République tchèque et en Turquie que les enseignants donnent au moins 30 % d’heures de cours de plus par an dans l’enseignement primaire que dans le premier cycle de l’enseignement secondaire. Ainsi, en France, les enseignants du primaire sont, en moyenne et par an, 924 heures devant les élèves, soit 142 heures de plus que la moyenne de l’OCDE, qui s’établit à 782 heures ». L’OCDE relève aussi qu’en France les élèves ont plus d’heures de cours qu’ailleurs.

Une formation inadaptée

Pour l’OCDE, le niveau de formation des enseignants français est parmi les plus élevés de l’OCDE, particulièrement au primaire. « Un master n’est requis pour enseigner dans l’enseignement préprimaire qu’en Angleterre, en France, en Islande et en Italie », note l’OCDE. « Ce niveau de formation est également requis pour enseigner dans l’enseignement primaire dans 11 des 35 pays dont les données sont disponibles, et dans la filière générale du premier cycle de l’enseignement secondaire dans 17 pays et du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans 22 pays ».

Mais c’est surtout la qualité de la formation qui est interrogée. « En France, 90 % des enseignants s’estiment bien ou très bien préparés quant au contenu de la matière qu’ils enseignent (contre 93 % en moyenne TALIS). À contrario, près de 40% des enseignants se sentent insuffisamment préparés au volet pédagogique de leur métier, soit la proportion la plus élevée des 34 pays participant à l’enquête TALIS ». Les enseignants français sont donc ceux qui se sentent les moins préparés à exercer réellement le métier. Et la formation continue, dont on connait l’indigence, ne vient pas compenser ce déficit.

Une bonne note relative pour la mobilité

Regards sur l’education salue les efforts effectués sur 40 ans pour élever le niveau d’éducation de la population. Il est particulièrement fort en France. Mais l’ascenseur n’a pas fonctionné pour les moins diplomés. Et on sait qu’en France cela a à voir avec l’origine sociale et ethnique.

François Jarraud