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Rencontre avec Anne-Marie Tréguier, chercheur au CNRS, nouvelle directrice de l’Institut Universitaire Européen de la Mer er responsable de l’université d’été Mer-Education. Quel bilan de cette édition 2014 ? Comment se prépare une telle semaine de formation ? Quels retours des projets pédagogiques mis en place l’année suivante ?

La seconde édition des universités d’été Mer-Education s’est clôturée le 28 août 2014. Quel est votre bilan à la fin du stage ?

Cette deuxième édition a été encore plus passionnante que la première! La diffusion de l’information a été meilleure et davantage d’enseignants se sont inscrits, certains venant de loin: du Bénin, et du Luxembourg. Le plaisir de ces rencontres entre enseignants et chercheurs, autour des sciences de la mer et du littoral, nous donne envie de continuer!

Le réchauffement climatique était abordé dans cette formation. Pourquoi ce choix cette année ?

Le réchauffement global et le changement climatique sont des bouleversements planétaires qui motivent beaucoup de recherches que nous menons: les océans absorbent de la chaleur et du dioxyde de Carbone, ils s’acidifient et s’appauvrissent en oxygène, la montée du niveau de la mer est un risque pour les zones côtières très peuplées, les écosystèmes marins évoluent rapidement… Le changement du climat, dû à l’activité humaine, est un problème grave pour le futur de nos sociétés et qui a donc une grande place dans les programmes d’enseignement des lycées et collèges. Enfin, l’année 2015 sera celle de la conférence Paris Climat, et à cette occasion les enseignants seront amenés à parler davantage du climat dans leurs classes.

Les enseignants assistent à des conférences et peuvent échanger entre-autre avec Valérie Masson-Delmotte, paléo climatologue bien connue et Jade Lindgaard, journaliste spécialisée sur le climat à Médiapart. Est-ce difficile de convier ces intervenants à Brest ? Comment avez-vous déterminé les chercheurs présents au cours de la semaine ?

Nous avons préparé l’université en collaboration avec l’Institut Paul-Simon Laplace (IPSL) à Paris, un haut lieu de la recherche sur le climat en France. L’IPSL a accueilli notre proposition avec enthousiasme. Nous sommes très heureux que Valérie Masson Delmotte, qui a par ailleurs beaucoup d’obligations en tant qu’auteur du rapport du GIEC et membre de nombreux conseils, aie accepté de venir passer la semaine avec nous à Brest en compagnie de deux autres chercheurs de l’IPSL et de Météo-France. Il y a toujours dans le public un déni de l’explication scientifique du réchauffement climatique en cours, nous ne pouvions donc pas éluder le dialogue avec les médias. Jane Lindgaard n’a pas été difficile à convaincre. Les chercheurs Brestois ont participé en fonction du thème et de leur disponibilité. Par exemple, dès qu’un chercheur a proposé un parcours sur la mousson Africaine, plusieurs collègues de l’IRD (Institut de recherches pour le développement) travaillant sur l’océan et le climat Africain se sont portés volontaires pour y participer.

L’université se veut pluridisciplinaire et en lien avec les programmes scolaires dans le but de créer des projets pédagogique à l’issue de la formation. Quelles ont été vos priorités dans la construction des parcours proposés ? Avez-vous des exemples de projets menés suite à la première édition de Mer-Education sur le risque côtier en 2013 ?

Pour construire les parcours nous cherchons à immerger les enseignants dans la science « en train de se faire » en proposant différents ateliers permettant de comprendre, de découvrir et d’expérimenter différentes activités des chercheurs tout en mettant en avant ce qui pourrait être transposable dans les classes au niveau des enseignements disciplinaires et dans le cadre de projets pédagogiques. Ce n’est pas facile, ce n’est pas parfait, mais il faut souligner l’implication formidable des chercheurs qui y contribuent ! Suite à la première édition en 2013, certains enseignants ont créé des nouveaux TP et des cours directement en lien avec ressources et activités de l’université d’été.

Une enseignante de biologie en collaboration avec un collègue de mathématiques a participé avec sa classe de 1ère S aux concours « C.Génial » et « Faites de la science » (projet qualifié pour la finale nationale à Montpellier). Le sujet choisi « Attention au bloom! … Recherche des causes éventuelles de blooms sur le littoral vendéen. Cultures expérimentales et modélisations mathématiques » était un réinvestissement interdisciplinaire du parcours risques phytoplanctons toxiques proposé par Annie Chapelle.

Bientôt 2015, avez-vous déjà des pistes sur les thèmes abordés l’an prochain ? Le format restera-t-il identique ?

Le format séduit, il restera donc identique. Une évaluation sera menée après les trois premières éditions pour voir s’il faut le modifier Nous avons plusieurs idées de thèmes, le choix pour l’édition 2015 sera fait dans le mois qui vient.

Quelques mots sur votre parcours et votre engagement dans la diffusion des connaissances. Quels souvenirs avez-vous de l’enseignement des Sciences de la Vie et de la Terre (ou sciences naturelles) lors de vos années collège et lycée ? Comment s’est construite cette vocation scientifique au cours de ces années ?

Ma vocation scientifique date de l’école primaire et des visites que j’ai eu l’occasion de faire au Palais de la découverte, aux journées portes ouvertes d’Ifremer ou à l’usine marémotrice de la Rance. Au lycée j’ai surtout aimé la physique, et l’enseignement des principes fondamentaux comme les lois de Newton. D’autres sciences, comme la géologie ou la biologie, me semblaient à l’époque présentées de manière plus descriptive.

Propos recueillis par Julien Cabioch