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Combien coûte la crise du recrutement à l’Education nationale ? Les réponses apportées sont-elles à la hauteur ou accentuent-elles la crise ? Ces deux questions se posent après la publication par ECA Actualité, la revue de l’enseignement catholique, de nouvelles informations sur les primes perçues par les professeurs vacataires.

Ce qui motive ECA Actualité, c’est le fait que les vacataires du public touchent des primes auxquels n’ont pas droit les suppléants du privé. La situation pousse l’enseignement catholique à dévoiler des informations qui restent généralement dans la cuisine des rectorats.

« Selon le ministère de l’éducation nationale », écrit ECA Actualité, « le coût financier pour rémunérer de façon identique les suppléants du public et du privé s’élèverait à 90 millions ». Cette somme équivaudrait aux primes qui « auraient du » être versées aux suppléants du privé. La revue parle de primes « pouvant atteindre 600 euros par mois » accordées aux vacataires du public.

Comme le privé compte 23 195 professeurs suppléants, un bref calcul aboutit à 100 millions d’euros de primes versées aux 26 063 contractuels du public, soit une moyenne de 320 euros par mois.

Quel rapport avec la crise du recrutement ? C’est évidemment elle qui créé une tension telle dans certaines disciplines, que les rectorats mettent la main au portefeuille pour trouver des enseignants.

Mais le montant de ces primes doit aussi alimenter la crise. A cette rentrée, le Snpden, un syndicat de chefs d’établissement, a relevé qu’un poste laissé vacant sur cinq provient de l’absence d’un stagiaire. Le syndicat a donné en exemple des professeurs contractuels qui abandonnent le « bénéfice » d’un concours qui au final ne leur apporte rien, du moins pas avant 15 ou 20 ans. Avec ces primes, certains professeurs contractuels n’ont aucun avantage financier immédiat à accepter une titularisation à l’autre bout de la France.

Si ces chiffres étaient confirmés par le ministère (nous attendons toujours sa réponse…), cela donnerait un nouvel éclairage sur la crise du recrutement. Tellement grave qu’elle se nourrit aussi de ses effets.

François Jarraud