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« Passionnant ». Pour Najat Vallaud-Belkacem, le premier « Café des parents » organisé au ministère le 15 septembre a donné lieu à des échanges « formidables ». Mais la ministre a du consulter ses notes pour se rappeler si des problèmes concrets ont été abordés. Elle n’avait pas grand chose à dire aux parents des élèves redoublants qui restent sans place à l’Ecole. Cependant, pour elle, « si on veut reconnaitre aux parents une place à l’Ecole il faut commencer par les accueillir au ministère »…

De 18h à 19h30 le 15 septembre, 11 parents d’élèves, principalement des mères de famille, ont été reçus au ministère de l’éducation nationale par la ministre, accompagnée de Florence Robine, directrice de l’enseignement scolaire, pour le premier « Café des parents ». Les heureux élus n’ont pas tous été choisis par l’administration. Trois élus des parents d’élèves avaient arraché à Najat Vallaud-Belkacem une invitation lors de son passage à Gennevilliers le 3 septembre. Les autres parents venaient de l’école Pajol à Paris 18ème, de deux écoles du 15ème arrondissement parisien, et d’une école de Pantin. Enfin deux personnes ont leur enfant scolarisé dans un collège du 93. Tous sont ravis de cette rencontre. Une mère d’élève qui avait conquis à Gennevilliers son ticket d’entrée rue de Grenelle, explique qu’elle a « appris Gennevilliers » à la ministre. Elle souligne la qualité de l’accueil par la ministre. Elle est certaine qu’après cette rencontre les problèmes de remplacements de professeurs seront réglés.

« On voit à quoi ça ressemble d’être parent en 2014 », explique la ministre à la fin de la réunion. « Ils souhaitent que leur enfant apprenne l’ambition, l’autonomie, le goût de l’effort. Ils veulent que leur enfant s’épanouisse » et sont moins intéressés par la question du diplôme. Selon la ministre, ces parents « ont un discours très constructif sur l’école ». Il ont « beaucoup à dire sur l’évaluation notamment qu’elle soit comprise des parents… Parfois quand on lit les enquêtes, on a l’impression que les enseignants ont le sentiment que les parents ne font pas confiance aux enseignants. Tous les parents ont dit le respect qu’ils ont pour eux, à quel point ils leur font confiance « . La ministre insiste : « il faut arrêter de vivre sur des malentendus. L’immense majorité des parents fait confiance aux enseignants ».

Publié le 10 juillet, le rapport de la Mission d ‘information sur les relations entre l’Ecole et les parents relève aussi que 67% des parents font confiance à l’école. 79% jugent positivement l’école maternelle et 68% l’école élémentaire. Il n’empêche la défiance est installée, juge le rapport, entre les deux parties. Et le rapport liste les « irritants », les facteurs qui alimentent cette défiance : les problèmes de carte scolaire (un tiers des réclamations des parents chez la médiatrice), l’accueil des jeunes handicapés, les devoirs à la maison, les sanctions et la discipline, les pratiques pédagogiques. Georges Fotinos révèle que 3 personnels de direction sur quatre et un directeur sur deux a eu des différends avec des parents dans l’année. 32% des premiers et 23% des seconds ont été insultés au moins une fois. Jean-Yves Rochex explique aussi la dimension pédagogique du fossé entre l’Ecole et les parents. « La pédagogie mise en oeuvre à l’école repose, depuis plusieurs années, sur le questionnement, l’argumentation et une certaine forme d’auto-apprentissage : « L’acquisition des savoirs importe moins que l’appropriation par les élèves, dans un contexte d’apprentissage autonome, des moyens de construire le savoir ». Les méthodes en vigueur présupposent donc que l’enfant qui débute sa scolarité est d’ores et déjà « préparé » à cet environnement », ce qui n’est le cas que des enfants des classes moyennes. Le rapport de la Mission recommande « une explicitation plus grande des attendus de l’Ecole » et une meilleure formation des enseignants aux contacts avec les parents.

Revenant sur son premier Café des parents, interrogée sur les problèmes concrets comme celui des remplacements à l’école Diderot de Gennevilliers, la ministre répond que « les choses sont perfectibles même si ce gouvernement fait beaucoup d’efforts de création de postes ». Interrogée sur les redoublants de terminale des Hauts-de-Seine aiguillés vers un dispositif pour décrocheurs par le Dasen, la ministre parle « d’académie » moins attractive que celle de Neuilly. Puis elle promet que « chacune de ces situations va se résoudre. Aucun de ces élèves ne restera sans solution ». La formule est assez vague. C’est ça l’ennui avec les Cafés des parents tard le soir. Ca empêche de lire ses dossiers.

François Jarraud

A Gennevilliers

Le grand fossé école parents

Le rapport de la Mission