Print Friendly, PDF & Email

« L’engagement a été tenu ». Inquiets de voir le budget de l’Education nationale amputé comme celui des autres ministères par la politique de rigueur, le Se-Unsa et le Snuipp accueillent avec soulagement le budget 2015. Mais il sen soulignent aussi les insuffisances. Pour le Snuipp, le budget 2015 est « un budget en trompe l’oeil ».

« L’engagement a été tenu », nous dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. « Dans le contexte économique actuel on prend acte d’un budget en hausse de 2,4% et de la création d’environ 2500 postes au primaire et autant au secondaire. On a eu des craintes mais l’engagement de F Hollande est tenu contre vent et marée ». Il ajoute : « Ceci étant le budget ne permettra pas de répondre aux attentes des enseignants pour une revalorisation générale. L’enveloppe des mesures catégorielles va être divisée par deux. Certes les mesures prises dans les groupes de travail métier sont financées. Mais le dossier de la revalorisation ne pourra pas être ouvert. or il doit l’être pour faire face aux besoins de recrutement. Les rémunérations sont bien un élément de la crise du recrutement. Le budget ne permettra pas d’atteindre les objectifs fixés par la loi d’orientation. On voit mal comment il pourrait accompagner la réforme du collège et les ambitions de la refondation ».

« C’est un budget en trompe l’oeil », nous dit Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. « Certes il ne connaît pas la diète des autres ministères. Mais il n’a pas l’ampleur nécessaire. Avec la création de 2500 postes au primaire on ne pourra pas faire face à la fois à la pression démographique et aux nouvelles politiques comme la scolarisation des moins de 3 ans, l’éducation prioritaire ou le plus de maîtres que de classes (PDM) ». Pour lui la formation continue sera touchée, le budget ne permettant pas de la développer. « La ministre a déclaré à l’Assemblée nationale qu’elle visait à aligner l’ISAE (nouvelle prime du primaire de 400 euros annuels) sur l’ISOE (prime du secondaire de 1200 euros). Mais les mesures catégorielles plafonnées ne le permettront pas ». « La condition salariale des enseignants se dégrade », poursuit-il. « Au primaire on a la conjugaison d’une situation d’inégalité salariale, comme l’a relevé l’OCDE, et de conditions d’exercice du métier d’enseignant difficiles. Si l’école primaire est une priorité le budget n’a pas l’ampleur nécessaire pour appliquer la loi d’orientation et répondre au retard important en matière d’encadrement des élèves. Dans trois académies le ministère a déjà du mal à recruter. Le budget ne permettra pas de faire face à cette crise. »

Propos recueillis par François Jarraud