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Le ministère de l’éducation nationale a annoncé le 13 octobre la publication de 24 735 postes mis aux concours de l’enseignement, soit 29% de plus qu’en 2014. Un effort réel qui envoie un signal fort aux étudiants : il y a cette année encore des emplois à prendre à l’Education nationale. Pour les professionnels de l’éducation l’annonce est à décrypter : il n’y aura que 9 421 créations nettes de postes en 2015, les 15 314 autres postes correspondant au remplacement de départs en retraite. En 2014, le ministère a créé 8 804 postes. En 2015, le ministère ouvrira au final 7% de postes supplémentaires. Vous avez jusqu’au 21 octobre pour bénéficier de ces postes mis aux concours 2015.

Avec 24 735 postes mis aux concours en 2015, le ministère envoie un signal encourageant aux éventuels candidats. Il annonce 11 726 postes mis aux concours en 2015 dans le premier degré contre 8 342 en 2014. Le second degré bénéficiera de 13 009 postes contre 12 800 en 2013. Le nombre de postes est plus important dans le second degré compte tenu de départs en retraite plus importants qu’au primaire. Pour le ministère, « l’accroissement de plus de 29% du nombre de postes proposés par rapport à la session précédente est le signe d’un volontarisme qui s’appuie sur la réussite de la session 2014 et des recrutements qu’elle a permis ».

Dans le premier degré, on comptera 11 279 postes proposés aux concours externes et 447 au 3ème concours. C’était seulement 7 904 aux concours externe ordinaire 2014. Le ministère annonce 1540 postes proposés à Créteil et 1430 à Versailles. En 2014 seulement 7 884 postes avaient trouvé preneurs. Le déficit se trouvait à Créteil où seulement 980 enseignants avaient été admis pour 1050 postes proposés. Le ministère fait donc le choix d’augmenter fortement le nombre de postes en espérant que cette hausse attire davantage de candidats. Mais en 2014 Créteil et Versailles avaient déjà admis un pourcentage très important des candidats présents (69% à Créteil). Le problème n’est pas dans la sélectivité du concours mais bien dans un nombre faible de candidats. En 2014 il n’y avait que 1 425 présents aux épreuves à Créteil soit moins qu’à Bordeaux.

Dans le second degré, 13 009 postes sont offerts en 2015 dont 12 800 aux concours externes. En 2014, 10 800 postes ont été ouverts dont 10 672 aux concours externes. 6 062 postes étaient offerts au capes : il y en aura 7 200 en 2015. L’agrégation passe de 1 620 à 1 940 postes. Les CAPLP de 1 460 à 1 850. Le capet de 460 à 610. Le Capeps de 710 à 800. Le minsitère augmente encore le nombre de postes en maths (on passe de 1243 à 1440), en lettres (de 1270 à 1310), en anglais (de 1000 à 1225). Or en 2014, 1 323 postes n’ont pas été pourvus malgré un appel massif aux listes complémentaires. Sans elles ce sont 2 132 postes qui seraient restés sans titulaires. Le problème est particulièrement ardu en maths où 405 postes n’ont pas été couverts au capes externe 2014, soit un tiers. En lettres c’était le cas pour 285 postes et en anglais pour 83. Il est aussi important chez les PLP ou plus de 200 postes n’ont pas trouvé preneur, particulièrement en biotechnologies ou en génie industriel.

Comment expliquer cette inflation d’offre ? Le raisonnement du ministère c’est que l’annonce d’un fort nombre de postes proposés aura un effet incitatif sur les éventuels candidats et que leur nombre augmentera. Pour ses experts, le nombre de candidats suit avec retard l’offre de postes. Il faudrait plusieurs années pour tenir compte de la rupture intervenue depuis 2012. Ces fluctuations jouent bien un rôle, comme le reconnait par exemple la Commission française pour l’enseignement des mathématiques. Mais d’autres éléments jouent également selon la CFEM : « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE ». En 2015, le blocage du point Fonction publique va continuer à envoyer un signal négatif aux éventuels candidats, particulièrement en maths. Certains blocages sont institués par le nouveau mode de recrutement. Il est particulièrement inadapté pour les PLP par exemple.

Cela veut-il dire des groupes classe moins chargés ? Pour mieux saisir l’importance réelle de l’effort ministériel il faut l’envisager sous l’angle des nouveaux postes réellement créés et pas seulement des postes mis aux concours. En 2015 pour 24 735 postes proposés aux concours, on ne comptera que 8871 postes d’enseignants créés dont 6 276 postes de stagiaires. Au final il n’y aura que 2 511 enseignants en plus dans le 1er degré public et 2 555 dans el second degré pour accueillir 23 400 enfants supplémentaires au primaire et 29 600 au secondaire tout en développant le « plus de maitres que de clase », la scolarisation des moins de trois ans et le développement du prioritaire. 2015 sera une bonne année pour d’éventuels candidats. Mais les nouveaux postes créés ne vont pas alléger sensiblement les conditions de travail sur le terrain.

François Jarraud

Le budget 2015