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Le SNEP-FSU (Syndicat National de l’Education Physique) a organisé le 20 et 21 novembre 2014 un colloque intitulé « Quel programme pour une EPS de qualité ? ». Au menu, dix propositions, des conférences mais surtout du travail et des échanges pour déterminer ce qui doit être mis à l’étude des élèves en EPS. Point de départ pour les organisateurs de plusieurs expérimentations, qui déboucheront sur des propositions définitives.

Des programmes actuels qui soulèvent des problématiques

Loin est l‘idée du colloque que d’attaquer les programmes en tant que tel, mais force est de constater que ce sont bien les difficultés de terrain qui sont souvent évoquées, et la place qui est laissée à certains savoirs, pourtant essentiels. En effet, désormais l’enseignement artistique n’est plus une obligation au collège si l’on regarde l’évaluation en DNB et la classification proposée! L’EPS peut-elle laisser sur la touche, l’enseignement artistique ? La question est posée ! Autre point, le découpage en niveau. Et, à ce petit jeu, même les enseignants ne s’y retrouvent pas. Certains précisant : « si on présente les 5 niveaux de compétences à des enseignants en les mettant dans un ordre différent, très peu seront capables de les remettre dans le « bon » ordre (ou dans l’ordre des programmes)! Alors qu’en est-il pour l’élève ? Dans les autres points soulevés, la nécessité de sortir de la relation niveau/temps de pratique est également présente.

Des propositions mais surtout une méthodologie collective !

Ce qui ressort des propositions c’est surtout la volonté d’avoir des programmes pour les enseignants pour « sortir d’un programme objet de communication », même si ce dernier peut évidemment exister en parallèle. De plus, concernant la méthodologie, le SNEP insiste : « la déclinaison ne marche jamais » C’est bien ces mots de Christian Couturier et que nous retrouvons chez d’autres acteurs de l’EPS (cf entretien CEDREPS) qui attire notre attention. Dans le contexte scolaire ou l’enjeu présenté par le CSP est de mettre un terme à la construction en « vase clos » des programmes des disciplines, le SNEP insiste sur l’importance d’arrêter d’être une EPS « d’éducation à ». « Définissons ce qu’il y à apprendre et c’est bien en dotant l’élève de capacité d’agir, à la fois, processus et produit qu’ils pourront (ces savoirs) être émancipateur, et au service de la construction du futur citoyen. C’est bien ici que se trouve le cœur du projet éducatif que nous défendons ! » Si le cahier des charges est présenté, la responsabilité est laissée à la profession et aux collègues d’en discuter, d’échanger, de constituer des groupes de réflexions pour faire émerger des propositions qui pourront être remontées aux instances compétentes.

La volonté d’une démarche spiralaire !

C’est en effet, un concept qui n’a eut de cesse que de revenir au cœur des discussions. Comment sortir d’une logique analytique pour vraiment être sur une vision globale. En ce sens, même si les modes de réflexion restent souvent tenaces, ils ont systématiquement été re-questionnés. Influence du CSP ou évolution des réflexions en EPS, on ne peut que percevoir ce virage important dans la démarche d’enseignement ! Le savoir à étudier étant progressivement confronté à des formes d’expression changeantes ou de plus en plus complexes. Et les acteurs de constater qu’à chaque modification d’une composante (d’une ressource ou autres terminologies) les conséquences sur les autres sont systématiques. (Daniel Bouthier à évoqué cette solidarité des composantes).

Et si on parlait des expériences des élèves ?

Le point fort du colloque a sans aucun doute été l’intervention de Denis Pasco. En effet, quelles expériences de l’élève au système scolaire, ou quelle relation particulière l’élève construit-il avec une discipline scolaire ? A ce petit jeu, si pour une grande majorité des élèves l’expérience de l’EPS s’est construire autour de la réussite, ce point de vue est-il partagé par l’ensemble des élèves au regard de leur(s) expérience(s) en EPS. Mais la même question se pose pour l’ensemble des disciplines. Montrant que ce qui semble essentiels ne se limite pas à la détermination des programmes mais bien à ce qui se passe au cœur du métier. Le regard sur l’apprenant, sur l’élève, sur cet enfant qui devient un adolescent puis un adulte. Ainsi, la logique d’une cohérence dans la construction des programmes peut-elle faire l’économie de placer la formation des enseignants, initiale et continue au cœur du curriculum proposé par l’école de la république ?

Un corps en mouvement

Le SNEP-FSU est bien évidemment à l’initiative de ce colloque, mais c’est tout un corps qui est en mouvement ! Certes, certains pourront évoquer une approche techno-didactique, culturaliste, mais nous ne pouvons qu’être enthousiaste tant la volonté de faire avancer, l’école, l’EPS est manifeste. Le désir de s’identifier au processus de rédaction des programmes s’il présente des difficultés semble animer les premiers applicateurs de ces derniers, que sont ses enseignants. D’ailleurs, à partir de ce postulat, la précision du processus d’acquisition, de son organisation, de l’adaptation du cadre national à la singularité du contexte n’est-elle pas un point d’ancrage de l’identification à ces futures programmes et l’enjeu s’y rapportant ? Ce raisonnement nous l’espérons ne pouvant être propre à l’EPS, mais bien repris au sein de chaque établissement pour sortir de la simple application des programmes, caractéristique de notre système éducatif.

Antoine Maurice

Dossier du café pédagogique : « vers de nouveaux programmes »