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Créateur d’Admission Post Bac, Bernard Koehret, ancien professeur à l’Institut polytechnique de Toulouse, continue à en suivre le développement. Rencontré le 9 janvier au Salon APB, il fait le point sur les développements du gigantesque système qui oriente près de 800 000 jeunes français chaque année. Il conseille les enseignants sur son utilisation comme outil d’orientation.

Comment est né APB ?

En 2002, le ministère m’a demandé d’améliorer l’admission des élèves en classes préparatoires. J’avais réalisé une procédure d’admission en école d’ingénieurs avec une procédure unique et une affectation en fonction du résultat au concours. Le ministère m’a demandé la même chose pour les CPGE afin d’en augmenter la transparence. En 2005 l’académie de Nantes m’a demandé d’expérimenter une procédure pour toutes les admissions post bac. Puis en 2006 Poitiers a repris ce système. Et en 2009, APB a concerné toutes les acédémies.

Sur quoi vous êtes vous appuyé pour concevoir APB ? Sur quel modèle ?

Le modèle vient des grandes écoles, de leur système de concours. Pour les institutions sélectives cela a été facile. Par contre pour les universités, où il n’y a pas de sélection, il y a eu un vrai débat. On a fini, légalement, par adopter une procédure par tirage au sort qui tienne compte des préférences des élèves.

La procédure convient à tous les élèves ?

On l’espère. Depuis 2014 on a un comité des usagers composé de parents, de jeunes étudiants, de proviseurs et d’enseignants du supérieur. Tout le monde reconnait que la procédure est bien faite. Mais elle ne résout pas le problème d el’orientation. Ceux qui n’ont aucun problème avec APB ce sont ceux qui savent ce qu’ils veulent faire. Si un jeune veut faire du droit, on lui conseille d efaire 6 voeux. S’il les fait il est sur d’avoir une proposition le 8 juin. Celui qui veut faire une Cpge on lui conseille de multiplier les voeux. La procédure permet de travailler correctement. La difficulté n’est pas là mais dans l’orientation en amont.

Un utilisateur sur 10 abandonne pourtant la procédure APB ne cours de route. Comment l’expliquez vous ?

Je ne sais pas pourquoi ils abandonnent. Et j’aimerais bien le savoir. Ce qui me surprend c’est que les professeurs principaux n’interviennent pas. Ils ont les outils pour voir ce que font leurs élèves, les ouvertures de dossier, les voeux (mais pas leur ordre). Je n’arrive pas à comprendre que les élèves ouvrent un dossier fin janvier et n’y reviennent jamais.

Le ministère voulait mettre en avant dans APB l’université et l’apprentissage. Cela a été fait ?

Pour l’université on a mis l’offre de formation en première ligne. Quel impact cela a-t-il ? Les statistiques montrent une bonne position des licences. Mais elle était déjà bonne. La simplification des intitulés (iln’y a plus que 44 mentions) a surement joué aussi un rôle. Pour l’apprentissage, plusieurs recteurs nous ont demandé d’ouvrir plusieurs formations en apprentissage dans APB. La direction est bien marquée.

APB a rendu l’orientation plus juste ?

Elle participe à la démocratisation parce qu’elle montre la totalité de l’offre à tous les élèves. Il y a plus de visibilité. Mais les freins intellectuels et familiaux demeurent. Le tirage au sort pour les inscriptions en université n’est pas le meilleur système pour faire réussir les étudiants. Mais la loi l’impose.

La surveillance du système montre des choses intéressantes ?

Des utilisateurs oublient de se déconnecter. La maison cela a peu d’incidence. Mais quand c’est au lycée cela peut amener des drames. On a eu le cas de jeunes dont on avait modifié les demandes à leur insu. Heureusement, en cas de réclamation, nos outils nous permettent de reconstituer les demandes initiales.

Quels conseils donneriez vous aux enseignants ?

Professeurs principaux, suivez vos élèves ! C’est dramatique de constater qu’au 20 mars des élèves n’ont pas fait leur dossier. Commencez dès la première le travail d’orientation. Utilisez le site de simulation d’inscription à APB. C’est en répondant aux questions que les élèves vont s’interroger sur leur orientation.

Propos recueillis par François Jarraud