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Eruptions volcaniques dans l’archipel du Cap-Vert : d’importantes coulées de lave, dégâts matériels conséquents et colonne de gaz. C’est sur ce volcan actif, le Fogo, que le vulcanologue Jacques-Marie Bardintzeff et le guide Sylvain Chermette de « 80 jours voyages » ont mené une expédition du 11 au 18 janvier 2015. Retour d’expérience avec leur étude de terrain.

Quelles sont les principales caractéristiques de l’archipel volcanique du Cap-Vert ?

L’archipel du Cap-Vert est constitué de dix îles principales, dans l’océan Atlantique, à 450 km des côtes du Sénégal, dans le prolongement de la presqu’île du même nom. D’origine volcanique, ces îles résultent de l’activité d’un point chaud comme les îles Canaries. Le point chaud a commencé à fonctionner début Miocène (environ 22 millions d’années). Les îles les plus anciennes (Sal, Boa Vista, Maio), basses car déjà érodées, sont situées à l’Est de l’archipel : l’île de Sal est datée de 15 millions d’années. Les îles situées au Sud (Santiago, Fogo, Brava) sont plus hautes et plus récentes, datées de 5-6 millions d’années environ. Seule l’île de Fogo a connu des éruptions historiques.

Depuis combien de temps le Fogo est un volcan actif ?

L’île de Fogo mesure 25 km de diamètre. En son centre, le volcan Fogo culmine à 2829 mètres. Il est constitué d’un cône situé dans une caldeira large de 9 km, profonde de 1 km, en forme de fer-à-cheval ouvert vers l’Est sur la mer. Les navigateurs portugais le décrivent en activité quasi continuelle au XVI-XVIIIe siècle. Ensuite, ce volcan est entré périodiquement en éruption. En 1857 des coulées de lave atteignent la mer. La grande éruption de 1951 dure 2 mois et demi, celle de 1995, la dernière, moins importante, dure presque deux mois.

Quels sont les dégâts engendrés par cette activité ? Des conséquences sur la vie des habitants ?

Le Fogo se réveille assez brusquement le 23 novembre 2014 après un sommeil de 19 ans. De nombreux séismes ont été ressentis la nuit précédente. Immédiatement, un cône latéral émet d’importantes fontaines et coulées de lave qui s’épanchent sur plusieurs kilomètres dans la caldeira (Chã das Caldeiras) à la vitesse de 50 m/h. Le village de Portella est recouvert le 4 décembre puis celui de Bangaeira le 8 décembre, obligeant 1400 habitants à évacuer, en emportant un minimum d’effets personnels. La route d’accès est coupée, reconstruite et recoupée à plusieurs reprises ; la Maison du Parc Naturel, la coopérative vinicole sont détruites. Les dégâts matériels sont très importants mais aucune victime n’est à déplorer. Le volume de lave est estimé à environ 0,1 km3. La colonne de gaz monte jusqu’à 9 km et les scientifiques de l’Observatoire Volcanologique du Cap-Vert et de l’Institut Volcanologique des Canaries estiment que jusqu’à 12000 tonnes de SO2 sont produits dans une journée. Une dizaine de personnes ont été sévèrement incommodées par les gaz. L’aéroport de São Felipe a été fermé durant quelques semaines. L’avancée des coulées de lave diminue fortement vers la mi-décembre mais l’éruption continue. Vers la mi-janvier, des colonnes de cendres montent à 2 km de hauteur et des bombes incandescentes sont toujours émises. L’éruption dure toujours après deux mois d’activité mais semble en diminution.

Propos recueillis par Julien Cabioch

Les photos de l’expédition pour le Café Pédagogique

Le blog de Jacques-Marie Bardintzeff

Comment enseigner le volcanisme ?