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Pour nos chers bambins le sommeil a souvent été dur à trouver la veille, cette école tant décriée, est pourtant, en ce jour de rentrée, le lieu de toutes les espérances. Mais qu’on ne s’y trompe pas, nos chères têtes blondes ont mille et une raisons différentes d’être impatients… Pour le professeur principal le numéro d’équilibriste commence…

Comment ne pas parler, tout d’abord, des nouveaux arrivants, les sixièmes, les grands de l’école qui se trouvent déchus de leur statut. Il suffit d’observer leurs grands yeux qui boivent littéralement les paroles de l’enseignant, dans un silence quasi-religieux. Mais aussi, cette crainte, cette angoisse d’être chez les grands, entre excitation et appréhension. On perçoit bien évidemment, l’importance du premier contact avec le professeur principal qui va rassurer mais surtout expliquer ce nouveau monde, ce nouveau rythme, ces semaines A et B, ces affaires qui ne restent plus en classe et que l’on doit apporter à chaque cours, sans parler des attentes des différents enseignants, souvent bien différentes…

Il est vrai que notre école propose une rupture incroyable, un abysse à franchir. La création d’un cycle 3 entre l’école et le collège suffira-t-il à permettre un passage plus doux ? Evidemment, on pourra toujours dire que nous sommes tous passés par là et que nous avons survécu. N’en demeure que la question reste d’actualité et non négligeable. Mais surtout, comment maintenir ce regard et ne pas décevoir ? Comment proposer aux élèves des méthodes, non pas identiques et aseptisées mais proches les unes des autres. Pour le professeur principal, le temps est compté et les possibilités d’harmonisation, au sein de l’équipe, bien souvent réduites. Là encore, la question du temps de concertation au sein de chaque équipe est plus que jamais d’actualité et indispensable mais force est de constater qu’il est rarement possible…

Et puis, il y a les « grands troisièmes » qui ne sont plus naïfs sur le collège. Les belles promesses du début ont laissé la place à une compréhension des différentes failles de l’institution. Comment, alors, leur faire comprendre l’enjeu de l’orientation, notamment sur le devenir des « plus en difficultés » pour pouvoir enfin « choisir » leur voie. Comment répondre à l’éternelle question : pourquoi suis-je là ? Comment leur faire comprendre que l’enseignant, l’école, l’institution est là pour eux, à leur service ?

Le rôle du professeur principal incarne à lui tout seul le défi de l’Ecole, celui de l’harmonisation des enseignements, pour proposer une cohérence, une harmonisation entre eux. Et bien évidemment une continuité, une perspective au cours des années pour permettre à l’élève de comprendre où il est et où il va… Une nouvelle fois, le rôle du professeur principal n’est pas celui de « super héros » et à lui seul semble tout simplement impossible. Le défi n’est-il pas ici ?

Et puis, il y a la « charte de la laïcité » à lire en ce jour de rentrée. Cette injonction n’incarne-t-elle pas à elle seule un mal bien plus profond : Celui des bonnes intentions. Il suffirait de lire la charte de la laïcité pour qu’elle soit comprise, acceptée et intégrée par chaque élève. L’Ecole doit-elle rester un lieu de slogans, un sanctuaire ou bien être réellement inclusive, incarnant la diversité de notre société où les personnes peuvent se rencontrer avec leurs différences et devenir un réel lieu de vie.

Pour conclure, tout le monde s’accorde sur le rôle du professeur principal et son importance. Mais quel temps y est consacré dans la formation ? Les professeurs stagiaires sont le plus souvent sevrés de cette mission pour se consacrer au disciplinaire. Au final, s’agit-il pour le professeur principal de simplement faire la synthèse des acquis des élèves, des manques au sein du conseil de classe et de les orienter au regard de leurs résultats ? Les enjeux du rôle et des missions du professeur principal sont-ils réellement pris en compte, perçus. Et l’enseignant y est-il préparé ?

Antoine Maurice