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« Le taux de grévistes est supérieur à celui de juin. La mobilisation va se prolonger le 10 octobre ». Interrogé durant la manifestation parisienne des opposants à a réforme du collège, François Portzer, président du Snalc, veut croire au succès de ce mouvement. Le 17 septembre 16% des professeurs de collège étaient en grève selon le ministère, un tiers des enseignants selon le Snes ou le Snalc. L’intersyndicale Snes, Snalc, FO, Cgt, Sud appelle à une manifestation nationale le 10 octobre.

C’est un petit cortège qui a affronté la pluie parisienne le 17 septembre. De 1000 à 1500 personnes ont manifesté à l’appel de l’intersyndicale Snes, Snalc, FO, Cgt, Sud. C’était le troisième jour de grève contre la réforme du collège proposé par l’intersyndicale après les journées de mai et juin. En tête de cortège, une banderole demande l’abrogation de la réforme. Derrière, des professeurs de collège mais aussi de lycée et de lycée professionnel, quelques latinistes, des germanistes relativement nombreux. On compte 16% de grévistes dans les collèges selon le ministère, soit 4% de plus qu’en juin. Un tiers de gréviste selon le Snes.

« Ceux qui n’ont pas fait grève aujourd’hui nous ont dit que leur mécontentement est intact », affirme Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu. »On a des échos que dans plusieurs académies personne ne se porte volontaire pour les formations prévues à la Toussaint. C’est un signal que le ministère devrait prendre en compte ». Pour le Snes , la ministre « s’entête » et refuse le dialogue. Pour le président du Snalc, François Portzer, « le ministère est sourd aux revendications et désinforme ». Les deux syndicats dénoncent le mode de calcul ministériel des grévistes.

Défense de l’élitisme ou de l’excellence ?

Dans la petite foule, Nathalie Courtois, professeure dans un collège de l’Essonne, non syndiquée, est venue avec ses deux filles. « J’ai peur que l’on ne puisse plus bénéficier de ce qu’on avait dans tous les collèges de France : toutes ces options qui faisaient qu’on pouvait avoir un enseignement de qualité pour tout le monde », explique-t-elle. « On pouvait offrir beaucoup aux meilleurs et du soutien aux moins bons. Avec la réforme on retire aux meilleurs sans donner plus aux moins bons. On fait simplement des économies ». Pour elle, le latin et le grec vont disparaitre car ce ne sont plus des disciplines. Elle déplore aussi la baisse de l’horaire de français en 6ème de 5 à 4 heures. « On colle à l’air du temps, on fait un peu de tout et beaucoup de rien ».

Du coté du Snalc, Alice Eissen, secrétaire nationale, professeure en lycée, dénonce « la réduction de tout ce qui dépasse ». « On nuit à l’excellence », dit-elle. « La réforme va finir la destruction d’un collège de qualité permettant l’acquisition des fondamentaux », affirme-t-elle.

Interdisciplinarité ou inégalités ?

Militante Snes, Nathalie Dehez enseigne la physique dans une cité scolaire parisienne. « L’autonomie va amener des disparités et de la concurrence entre établissements », dit -elle. « Dans certains établissements les EPI feront du vrai approfondissement, dans d’autres non. Au final le niveau des élèves sera différent… Ce n’est pas en grignotant chez tout le monde qu’on va améliorer la situation pour tout le monde », explique-t-elle. Pour elle, le développement des EPI se fait aux dépens de l’horaire des disciplines.

Maxime Besselièvre n’est pas professeur en collège mais PLP lettres histoire en lycée professionnel. Militant CGT, son opposition à la réforme s’ancre dans celle de l’enseignement professionnel. Pour lui, l’autonomie revendiquée par la réforme aboutit à la territorialisation de l’enseignement. « Une situation qu’on connait bien en L.P. », estime-t-il, et qui fabrique des inégalités. « Contre les inégalités il faut donner plus de moyens et réduire le nombre d’élèves par classe » dit il.

Les profs d’allemand mobilisés

Vice présidente de l’ADEAF, l’association des professeurs d’allemand, Katrin Goldman pense que la réforme va faire perdre 50 000 élèves en allemand. « 40 à 60% des heures d’allemand vont disparaitre », dit-elle. Si le dépôt d’une pétition à l’Elysée cet été n’a eu aucune suite, l’ADEAF semble apprécier la venue de Sandrine Kott, déléguée ministérielle au renforcement de l’apprentissage de l’allemand, au congrès de l’ADEAF en octobre. « On attend que le gouvernement se rende compte que les professeurs d’allemand sont mobilisés ».

Forts d’un 3ème jour de grève qui voit une légère remontée du taux de grévistes, les syndicats croient en un rebond le 10 octobre. Dans un communiqué, le Snes  » exhorte la Ministre à entendre le message qui lui est délivré. Il serait illusoire et dangereux de croire qu’un plan de formation imposé et conçu comme un formatage pour répondre aux injonctions de l’administration suffira à convaincre… En cas de refus de la Ministre de rouvrir les discussions sur l’avenir du collège, le Snes proposera à l’intersyndicale la date du 10 octobre pour la manifestation nationale à Paris ». Organisée un samedi la manifestation pourrait réunir les enseignants las de perdre une journée de travail.

François Jarraud

Communiqué