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Alors que le rapport Goigoux vient de publier une analyse intéressante des pratiques pédagogiques des enseignants dans l’apprentissage de la lecture, en terme d’efficacité, la querelle des méthodes est relancée par une note de l’Institut des politiques publiques sur le dispositif « Lecture » mis en place par l’association Agir pour l’école. Selon la note, qui reprend une étude de 2013 d’Adrien Bouguen (Institut des politiques publiques , CREST PSE), le dispositif est efficace et rentable. Dans cette étude commandée par Agir pour l’école, l’étude se présente comme la revanche du syllabique sur la méthode intégrale…

Largement soutenu par la Dgesco sous Luc Chatel, le dispositif Lecture a été mis en place dans une centaine de classes de maternelle. Pour A Bouguen,  » L’évaluation de ce dispositif de formation des enseignants en grande section de maternelle montre des résultats encourageants : les élèves bénéficiaires du projet progressent beaucoup et les inégalités de réussite se voient réduites, pour un rapport coût-bénéfice bien inférieur à celui d’autres politiques éducatives (par exemple réduction de la taille des classes) ». Le dispositif repose sur trois idées : importance de la phonologie, « stimulation » des enfants dès la maternelle et « adaptation à la progression des enfants ». Pour l’association, « renforcer le contenu pédagogique de l’enseignement pré-primaire (à l’école maternelle et même en crèche) permettrait ainsi de réduire les écarts cognitifs observés dès l’âge de 6 ans ».

Dans Le Café pédagogique, Rémi Brissiaud a jugé sévèrement la méthode utilisée où il voit une forme de « maltraitance » des enfants. Un rapport de l’inspection générale en 2013, signé par V Bouysse, a montré l’inadaptation de la méthode à l’école. Le module consacre un temps tel à sa méthode que le temps des autres disciplines, comme les maths est impacté. Le rapport soulignait aussi l’indigence du dispositif.  » Le mode de travail qui s’impose dans le projet fait très peu de place à l’expression des élèves qui sont encadrés dans des processus de questionnement et produisent au mieux des bribes de phrases quand ce ne sont pas des mots seuls. Ils sont sollicités soit individuellement pour répondre de manière plus intensive que ce que l’on observe habituellement, soit collectivement pour répéter en choeur. Les interactions entre élèves sont très peu mobilisées ; elles sont préconisées dans le module Compréhension dont la mise en oeuvre n’a pu être observée ». Le rapport concluait à des  » réussites apparentes ».

Le point faible de l’étude d’A Bouguen c’est qu’elle porte sur la seule grande section de maternelle. Pour lui, « les résultats de cette évaluation indiquent qu’en fin de grande section, le programme LECTURE améliore le score global des élèves en compétence de lecture de 15,3 % d’un écart-type. Bien que de taille relativement modeste, cet effet est statistiquement significatif et le calcul coût-efficacité est très favorable à ce type de formation ». Reste évidemment à évaluer les effets d’un dispositif aussi contraignant pour les enfants comme pour les enseignants sur le cours préparatoire et au-delà. Jusqu’où gaver les oisillons les aide-t-il à s’envoler ?

F Jarraud

L’étude

R Brissiaud

R Brissiaud (suite)

Rapport de l’Inspection