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Comment une équipe de 3 enseignants mène-t-elle un projet apiculture au collège ? Ce ne sont pas moins de 30 élèves de 6ème et de 5ème désormais sensibilisés concrètement à la vie de l’abeille et à la pollinisation. Ce projet interdisciplinaire permet aussi une forte ouverture à l’extérieur de l’établissement. Entre expositions, échanges avec chercheurs, apiculteurs, les prolongements du club sont multiples. Rencontre avec Mélissa Rouget, professeur-documentaliste, Elodie Robert en SVT et Christophe Chazal enseignant de technologie au collège Audembron de Thiers (63).

Que font les élèves pendant l’année ? Combien d’élèves participent au club ? Quels niveaux ?

Ce projet est né de la volonté de faire découvrir le monde des abeilles aux élèves et de les amener à des actions de préservation, notamment par la pratique de l’apiculture. Chaque année nous ouvrons le club à une quinzaine d’élèves en 6e et la même chose en 5e. Au départ, les élèves de 6e travaillaient 1h par semaine avec la professeure de SVT et la professeure documentaliste afin de mener des recherches sur les abeilles, la vie d’une colonie, les produits de la ruche, le métier d’apiculteur…afin de construire une exposition sur ces thèmes. Et 1h par semaine avec le professeur de technologie pour fabriquer une ruche. Les mêmes élèves devaient poursuivre le club en 5e et travailler sur les menaces qui pèsent sur les abeilles.

Chaque année les élèves rendent visite plusieurs fois à un apiculteur partenaire afin de découvrir et pratiquer certains gestes : élevage de reines, récolte du miel… Ils revêtent à chaque fois les combinaisons financées par le collège. Le club évolue depuis 3 ans, nous renouvelons nos contenus et nos productions.

Cette année, les élèves de 6e sont en train de réaliser des vidéos documentaires à partir des affiches de leurs camarades des années précédentes et des visites chez l’apiculteur. Ces vidéos seront construites à la façon des émissions ‘Cest pas sorcier’. Ils participeront aussi à une action organisée par la Maison du Parc du Livradois Forez : les Jeunes observateurs de la biodiversité afin de faire un inventaire des insectes pollinisateurs. En 5e, ils construiront une ruche entièrement avec des matériaux de récupération (en technologie) et étudieront l’impact sur le bien-être des abeilles avec l’hypothèse que cela ne change rien à la vie des abeilles (en SVT).

Comment s’organise le travail dans la semaine ?

Nous sommes donc trois professeurs : SVT, Technologie et documentaliste. Si nous retrouvions les élèves 2h par semaine sur leur pause méridienne au départ, cela nous a semblé trop lourd (notamment en raison des nombreuses autres activités organisées). Nous ne faisons plus qu’une séance par semaine.

Vous avez également des partenaires extérieurs au projet. Qui sont-ils ? Qu’apportent-ils au club apiculture ?

Nous avons un partenaire indispensable depuis le commencement du projet (2013) : un apiculteur local, M.Bertucat. Celui-ci héberge notamment la ruche contenant l’essaim du collège et encadre les élèves pour toutes les activités apicoles. C’était la condition de faisabilité de notre club. Nous ne pouvions en effet pas installer la ruche dans l’établissement pour des raisons de sécurité.

Mme Robert a pu également faire bénéficier aux élèves d’interventions d’enseignants-chercheurs de la faculté de Clermont-Ferrand (Docteurs DelBach et Lenne) et sur la synergie entre certains pesticides et le varroa et sur la biodiversité florale.

La maison du parc du Livradois Forez nous a soutenu dans ce projet, d’abord financièrement, puis par l’intervention de M.J.C.Corbel pour la fabrication de nichoirs à insectes sauvages installés dans le parc de la cité scolaire. L’an dernier, les élèves ont aussi pu bénéficier d’un spectacle présentant avec humour le sort des abeilles : Josette Etc. de Vincent Péricard. Cette année, enfin, nous pensions faire intervenir le groupement sanitaire apicole.

Vous travaillez sur la valorisation des productions d’élèves : exposition, vidéos, participation à des salons. Quelques mots sur ces aspects du club ?

Tous les travaux des élèves seront notamment présentés et valorisés lors du salon Exposciences qui se tiendra à Clermont-Ferrand du 25 au 28 Mai 2016. M.Chazal présentera également le projet des 5e (Ruche en matériaux de récupération) aux Olympiades des ateliers scientifiques et technologiques du bassin Thiers – Ambert. D’autre part, leurs travaux sont systématiquement exposés au CDI du collège et font l’objet d’articles réguliers dans la presse locale.

Quelles sont les ressources pédagogiques que vous conseillez aux élèves pour s’informer sur l’apiculture ?

Nous avons acquis dès la première année de nombreuses ressources sur le sujet pour guider leurs recherches et répondre à leur grande curiosité :

– Des abeilles ; Philippe Marchenay, Laurence Bérard ; Gulf Stream Editeur ; Collection Sauvegarde ; Septembre 2004

– L’abeille, Dreaming Green , Su-bok Choi, Mango ; 2012

– Les abeilles, de précieux insectes en danger ; Lionel Hignard, Muriel Bourges

– L’apiculture mois par mois : Toutes les informations et les gestes utiles pour conduire son rucher de janvier à décembre ; Jean Riondet ; • Les Editions Eugen Ulmer (20 mai 2010) ; Collection : MEDIUM

– Les Abeilles ; Vincent Albouy ; Casterman ; Collection : Quelle histoire !

– Revue La Hulotte consacrée aux abeilles : La Hulotte N° 28-29. Spécial mouches à miel.

DVD :

– Daniels, Mark. Le mystère de la disparition des abeilles. Arte, 2010. 2h12 (film : 1h31).

– Imhoof, Markus. Des abeilles et des hommes.

Avez-vous des retours de ce projet (parents, institution, élèves) ? Quelle place arrive à prendre la professeure documentaliste que vous êtes dans ce club ?

Mme Robert (SVT) présente le club chaque début année lors de la réunion de rentrée avec les parents. Nous le présentons également lors de la journée porte ouverte de l’établissement. Systématiquement, parents et enfants sont enchantés. Cela a incité d’autres collèges à se lancer dans ce type de projets et Mme Robert a été sollicitée pour faire des formations à la Maison de la science de Clermont-Ferrand à ce propos.

En tant que professeure documentaliste, j’encadre les élèves lors des recherches et de la réalisation de la production finale. C’est l’occasion pour eux d’acquérir des méthodes de recherche, de prise de notes, de reformulation et de communication. Je m’étais chargée également de prendre contact avec l’apiculteur partenaire dans le cadre de mes missions de relation avec l’extérieur.

Pour conclure, ce projet est d’autant plus enthousiasmant qu’il est interdisciplinaire : chaque enseignant y trouve sa place selon sa spécialité et même son programme, chaque élève peut s’y épanouir en fonction de ses aptitudes et goûts (parties théoriques, recherches/ parties pratiques, fabrication, manipulation de l’essaim…).

Propos recueillis par Julien Cabioch