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« Il faut instruire les scenari avec les partenaires sociaux et convenir d’une solution ». Il y a un mois, N Vallaud Belkacem donnait rendez-vous aux associations de parents « avant le 15 décembre » pour trancher sur une promesse de François Hollande : celle d’un statut pour les délégués des parents d’élèves. Mardi 15 décembre, la ministre reçoit les associations de parents pour une Journée consacrée au rôle et à la place des parents à l’école. Promesse tenue ?

Une armée de 300 000 parents

Fin décembre, c’est une armée de 300 000 parents qui donnent bénévolement de leur temps dans les établissements scolaires au moment des conseils de classe. Très précisément, 246 000 élus des écoles et 45 000 des établissements scolaires. S’ajoutent 907 personnes siégeant dans les instances académiques (CAEN, CDEN etc.) ou nationales (CSE).

Deux rapports récents se sont penchés sur leur investissement. Le rapport de C Gavini-Chevet et F Amara , remis le 10 novembre 2015, a tenté d’estimer le temps passé par ces parents au profit de l’école : de 6 à 38 heures par an pour les élus des écoles à 70 à 852 heures pour les 907 membres des commissions. La Peep et la Fcpe ne demandent d’indemnisation que pour ceux ci. Mais pour tous, la participation aux instances de l’éducation nationale pose aussi des problèmes de calendrier, les réunions ayant souvent lieu en journée.

Longtemps l’Education nationale s’est contentée de cette situation. Mais en 2012, le candidat F Hollande a promis un statut aux parents délégués. Et en 2013, la loi d’orientation de l’école a mis l’accent sur la co-éducation. D’où la promesse de N Vallaud-Belkacem d’apporter une réponse avant le 15 décembre.

Appliquer les textes ou créer un statut ?

Mais prendre en compte ces parents pose deux problèmes. Celui du coût : l’indemnisation est évaluée entre 3 et 71 millions. Cela sans garantie d’avoir réglé un autre problème plus ardu : celui de la place des parents dans l’école.

Le 10 novembre, en réponse à une question du Café pédagogique, la ministre est revenue sur l’organisation des réunions dans les établissements, comme les conseils de classe, souvent fixées à des moments difficiles pour les parents. « Les textes existent mais il ne sont pas respectés », nous dit la ministre. « Lors de la réunion des recteurs en août je leur ai demandé de les faire respecter ». N Vallaud-Belkacem n’exclue pas de renforcer ces textes.

Globalement, l’Ecole reste réticente à l’entrée des parents dans ses affaires. Et cela pose aussi problème pour rendre l’école plus inclusive. Le rapport de C Gavini-Chevet et F Amara reprend une remarque d’ATD Quart Monde sur les parents pauvres :  » Ils se sentent jugés, voire pas assez calés pour suivre la scolarité de leurs enfants. Souvent le corps enseignants leur renvoie une image négative et il n’essaie pas de les connaître encore moins de les comprendre. C’est pourquoi, la formation des enseignants sur la connaissance de ce que peuvent vivre les familles en grande pauvreté est importante pour lever les incompréhensions. Ils ne sont pas démissionnaires au contraire, ils affichent souvent une grande espérance envers l’école comme facteur de réussite. Mais, ils sentent qu’ils n’ont pas leur place. Pour eux, ils ont le sentiment que l’école les convoque mais ne les invite pas et ça ce n’est pas le cas pour des parents issus de classe moyenne et plus, qui eux ont le sentiment d’être invités. »

On attend les propositions de la ministre…

François Jarraud

Quel statut pour les parents à l’école ?