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Comment rendre hommage à celui qui a accompagné avec bonheur vos premiers pas sur le chemin de l’école ? La réalisatrice Emilie Thérond revient sur les traces de son enfance dans un petit village du Gard à Saint-Just-et-Vacquières. Elle choisit de suivre son ancien maître tout au long de sa dernière année d’enseignement, avant son départ à la retraite, avec ses élèves d’une classe unique (du CP au CM2).

En plaçant Jean-Michel Burel au centre du dispositif, la documentariste se situe aux antipodes de la démarche de Nicolas Philibert, le réalisateur du célèbre « Etre et avoir » (2002) également consacré à la chronique d’une année scolaire d’une classe unique dans un village d’Auvergne.

Là où Nicolas Philibert faisait émerger une galerie de portraits d’élèves dans la diversité de leur relation à l’école, à l’enseignement de leur instituteur et pointait leur devenir social, ‘Mon maître d’école » privilégie la forte personnalité de l’enseignant, très présent à l’écran, commentant de surcroît en voix off sa méthode et sa conception de l’enseignement.

Fort d’une longue expérience de plus de quarante ans dans le même village où il a formé des enfants sur deux générations au moins, il accompagne les différentes phases de sa dernière année scolaire et les évolutions de ses élèves de sons du Midi, de son parler chantant.

Derrière l’humour et la bienveillance, il assène quelques vérités, particulièrement bonnes à entendre en ces temps troublés : il affirme expliquer aux enfants que l’école ce n’est pas sa maison mais la leur, toujours ouverte, comme la mairie qui est la maison du peuple.

Il se proclame anticonformiste, il revendique d’avoir toujours tenu à ne « pas rentrer dans le moule ». A le voir cheminer dans et hors de l’école aux côtés des élèves qu’il est chargé d’éveiller et de former, au fil de cette année qu’il veut « étincelante », nous voyons mise en oeuvre ce qu’il appelle « l’école de la vie » et s’incarner une figure haute en couleurs de l’école laïque et républicaine. Une version « à l’ancienne » d’une promesse, menacée, toujours recommencée ?

Samra Bonvoisin